Uwe Brinks (CEO DHL Freight) : “Le manque de chauffeurs, c’est aussi mon problème”

Dans le cadre du salon Transport & Logistics d’Anvers, nous avons rencontré Uwe Brinks, qui est devenu CEO de DHL Freight en janvier dernier. Il nous livre notamment sa version de la responsabilité des grandes entreprises de transport dans l’actuelle pénurie de chauffeurs.   Comment évoluent vos volumes de transport en Europe ? Uwe Brinks : Très positivement. L’économie continue à tourner à un rythme élevé, et je note qu’elle ne semble pas réagir négativement aux turbulences politiques comme le Brexit ou la situation en Catalogne. En Belgique nous progressons aussi, mais à un niveau moindre que dans nos marchés centraux que sont la Suède, la France et l’Allemagne. C’est historique. Quelles activités développez-vous en particulier en Belgique ? Uwe Brinks : Nous exploitons un terminal à Wilrijk, sur l’ancien site Philips, où nous faisons notamment du cross-docking pour Amazon et Nike. Depuis quelques mois, un manque de capacité de transport se fait sentir en Europe. En souffrez-vous ? Uwe Brinks : C’est en effet davantage un défi que par le passé, et si la baisse du taux de chômage est une bonne nouvelle, elle accentue la difficulté de trouver des chauffeurs routiers. En Pologne, vous n’en trouvez plus. Ils sont en Europe de l’Ouest. C’est pour cela que les entreprises polonaises vont en chercher en Ukraine, par exemple. Comment résoudre le problème de manière structurelle ? Uwe Brinks : A côté des embouteillages, qui sont un problème que les gouvernements doivent prendre à bras le corps, le manque de chauffeurs est le problème de toute notre industrie. Nous devons trouver de nouvelles manières de transporter plus efficacement, en améliorant par exemple le taux d’utilisation des camions avec des places de marché comme Saloodo, par exemple. Mais nous devons aussi former de nouveaux chauffeurs. Même si nous n’employons nos propres chauffeurs qu’aux Etats-Unis, c’est aussi mon problème. Je pense que nous devrions nous y attaquer avec les autres grands groupes de transport. Une partie de la solution ne viendrait-elle pas de meilleures conditions salariales pour les chauffeurs ? Uwe Brinks : Le problème n’est pas seulement financier. Je pense que la qualité des conditions de travail pèse plus lourd. La jeune génération est généralement plus préoccupées par des valeurs très traditionnelles comme la vie familiale ou l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. C’est à nous de trouver de nouveaux modes de travail qui permettent aux chauffeurs de rentrer chez eux plus souvent. Justement, la Commission vient de proposer une refonte dans ce domaine… Uwe Brinks : Notre secteur a besoin d’un nouveau paysage législatif. Cela peut porter sur les horaires de travail, sur les structures tarifaires, sur l’implication des syndicats ou sur les salaires minimum… Si on regarde par exemple la question du repos en cabine, on voit que les chauffeurs devront aller à l’hôtel pour leur repos normal. Est-ce que c’est vraiment mieux que dans leur cabine ? Et qui va payer ces frais supplémentaires ? Non, vraiment, je pense qu’il faut débattre de tout cela avec les chauffeurs, avec les transporteurs et avec nos clients.

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