Parkings autoroutiers pour poids lourds : trop peu nombreux, trop sales, trop peu sûrs

Ils sont trop peu nombreux, sales et peu sûrs. Voilà en bref la situation des parkings pour poids lourds le long des autoroutes européennes. La Commission européenne estime qu’il est temps d’agir et consacre 60 millions d’euros supplémentaires à la sécurisation du réseau des aires de stationnement en Europe.

Actuellement, L’Union européenne dénombre 300.000 places de parking disponibles pour les poids lourds, alors qu’il en faudrait 400.000. Soit un manque de 100.000 places. De plus, moins de 3 % de cette capacité est certifiée et sûre (7.000 places). L’IRU, qui représente les employeurs européens du secteur du transport, qualifie cette situation de ‘problème majeur’. Selon une étude de l’IRU, près de 90 % des chauffeurs et des sociétés de transport déclarent que l’offre de parking est insuffisante dans l’UE. L’IRU se déclare dès lors satisfaite que de l’argent soit consacré au développement de nouvelles ‘Safe and Secure Truck Parking Area’s’ (SSTPA) – environ tous les 100 km le long du réseau TEN-T – et à la sécurisation des aires de repos existantes.
La situation n’est pas meilleure en Belgique. La 8e édition du Livre Noir des parkings autoroutiers belges de l’Union Belge du Transport (UBT) est paru en juin 2019. « Le premier livre noir date d’il y a douze ans mais la conclusion est toujours la même : insécurisants, inconfortables et insuffisants », déclare Frank Moreels, président de l’UBT. « Quant à l’insécurité, nous n’avons enregistré aucun progrès notable ces dernières années. Il a fallu une crise des réfugiés pour que le monde politique réagisse à la problématique des parkings autoroutiers. De plus, les politiciens ont pris les mauvaises mesures : la fermeture de parkings soi-disant peu sûrs. Tandis que la vraie solution est de veiller à disposer de places de parking en nombre suffisant, sécurisés et confortables. Sur ce point, tant les organisations patronales que les syndicats sont d’accord, d’où l’appel commun des employeurs européens (IRU) et du syndicat de transport européen (ETF) pour davantage de SSTPA en Europe. »
Pour le livre noir, une équipe d’inspection d’UBT a sillonné toute la Belgique afin d’analyser le taux d’occupation des parkings autoroutiers. En Belgique, 65 visites de parking ont été effectuées, chaque fois pendant un jour de travail et durant les heures nocturnes, car c’est à ce moment-là que les chauffeurs poids lourds cherchent leur lieu de repos. Pendant ces visites, l’UBT a constaté que le taux d’occupation dépassait les 100 % dans 42 parkings. Les poids lourds étaient parqués sur les bretelles d’accès ou de sortie, en double file ou stationnaient sur des places réservées aux moins valides, bus, caravanes ou mobilhomes.

Sanitaires

Sur les 65 parkings contrôlés, seuls 10 sont sécurisés. Concrètement, il s’agit des parkings de Kalken et de Kruishoutem (dans les deux sens sur l’E17), de Wetteren et Drongen (dans les deux sens sur l’E40) et de Lille. Bien que de nombreux chauffeurs utilisent ces parkings sécurisés et le plus souvent payants, ces derniers comportent encore de nombreuses places vides le soir cependant que des poids lourds stationnent sur les bretelles d’accès et de sortie d’autres parkings. Ce jeudi 23 mai au soir, seul le parking de Wetteren (direction Bruxelles) semble être complet : le parking est fermé et payant. Dans le parking situé de l’autre côté de l’autoroute (direction Ostende), la barrière est levée et le parking est gratuit.
L’UBT a également vérifié les sanitaires. Lorsqu’ils sont entretenus par des sociétés spécialisées, ils sont généralement propres mais le plus souvent payants. Mais il existe aussi des parkings sans sanitaires comme celui de Peutie le long de l’E19 ou celui d’Everberg le long de l’E40 ou encore ceux de Landen, Lille, Crisnée, Oreye, Hélécine, Ostin, …

Transmigrants

La problématique des transmigrants qui tentent la traversée vers la Grande-Bretagne à bord d’un poids lourd, préoccupe également les chauffeurs. 72 % des chauffeurs ont même été confrontés à des transmigrants, ce qui ne signifie pas qu’ils ont eux-mêmes connu des problèmes ou ont été harcelés. Le fait que ceci soit clairement pointé par les chauffeurs pèse sans doute aussi beaucoup dans le sentiment d’insécurité qu’ils ressentent dans les parkings autoroutiers. Le problème n’est pas neuf. Lorsque nous nous sommes adressés à quelques chauffeurs sur le parking d’Heverlee, un chauffeur belge évoquait un incident d’il y a 20 ans lorsque les douaniers français avaient découvert 15 clandestins dans sa semi-remorque à Calais. Un chauffeur anglais et un autre néerlandais disent aussi avoir déjà eu affaire à des clandestins.
Des parkings sûrs sont également importants pour améliorer les conditions de travail, rendre la profession plus attractive et résoudre ainsi la pénurie de chauffeurs. Si le secteur du transport veut attirer davantage de femmes, il est indispensable d’investir dans des parkings sûrs et propres. Dans une étude du Directorat Général Mobilité et Transport de la Commission européenne, 64 % des femmes chauffeurs déclarent qu’elles ont été confrontées à des situations insécurisantes lors d’un stationnement de nuit. L’intimidation sexuelle a été rapportée à de nombreuses reprises. Elles estiment que la qualité des installations sanitaires devrait s’améliorer et que des équipements sanitaires séparés devraient être prévus pour les femmes.

Group Bruno possède trois parkings sécurisés

Group Bruno possède 3 parkings sécurisés : à Bilzen, qui peut accueillir 100 poids lourds, à Genk avec 26 places et un qui vient tout juste d’ouvrir à Tessenderlo avec 36 places. « Nous proposons autant de services que possible sur un seul lieu », déclare Sandro Rossetti, sales manager. « Outre un parking surveillé, on y trouve un salon-lavoir, des douches, un restaurant et des véhicules de location de manière à ce que les chauffeurs puissent laisser leur poids lourd et faire par exemple des courses. Les entreprises peuvent également louer un espace chez nous et l’aménager elles-mêmes. L’atout d’un parking sécurisé réside dans le fait que vous savez qui est présent. Si un incident se produit, l’enquête est plus simple. Evidemment, votre chargement est également en sécurité, ce qui est très important lorsqu’il s’agit de biens précieux. »
Group Bruno est actif dans le secteur des stations-service depuis 31 ans. « Notre premier safe parking a ouvert en 2011 à Bilzen », raconte Rossetti. « Nous avions consenti cet investissement à l’époque à la demande d’une grande entreprise de transport de la région qui travaillait pour Ford Genk. Les chauffeurs attendaient sur notre parking avant de pouvoir livrer à Ford Genk. Avec la fermeture de Ford Genk, nous devions explorer un nouveau marché. Nous avons d’abord parlé avec des chauffeurs mais cette approche n’était pas la bonne car ce ne sont pas les chauffeurs qui décident s’ils s’arrêtent dans un parking payant, mais bien les sociétés. C’est pourquoi nous travaillons avec un badge pour les chauffeurs qui permet d’envoyer directement la facture à l’entreprise. Celle-ci est alors certaine que l’infrastructure est utilisée et que le chauffeur ne se trouve pas ailleurs et garde l’argent. »

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