Le Comité National Routier français (CNR) a publié vendredi dernier une étude basée sur les chiffres les plus récents d’Eurostat sur le transport routier en Europe. La perte d’influence du pavillon belge y apparaît clairement, ce qui inquiète fortement la Febetra dans un contexte de renégociation des règles du cabotage. Les chiffres sont sans appel : le CNR montre que le transport routier européen dans son ensemble voit ses volumes progresser (+ 4,6 % en 2016), mais cette progression est inégale entre le transport national (+ 3.6 %) et le transport international (+ 6.5 %). Mais c’est surtout la hausse du cabotage qui interpelle : + 20.7 % en un an (même si la cabotage ne représente toujours que 2 % du total des marchandises transportées). Les pays d’Europe Centrale profitent largement de cet état du marché, à l’exception notable de la République Tchèque. Au sein de la ‘vieille Europe’, le tendance est plutôt à la hausse, particulièrement au Royauyme-Uni et en Irlande, mais la Belgique fait pâle figure avec un recul de 2.7 %. Les Pays-Bas reculent aussi de 1.4 %. L’étude du CNR est intéressante dans la mesure où elle calcule l’intensité de l’activité du transport routier par rapport au PIB : la Belgique se situe ici dans la moyenne des pays d’Europe de l’ouest (Autriche, France, Italie, Royaume-Uni…) avec un ratio de 73, mais ce ratio est supérieur aux Pays-Bas (97), en Allemagne (100) et au Luxembourg (176). Il atteint surtout les sommets en République Tchèque (285), en Roumanie (286) et en Pologne (683), un pays qui devrait l’an prochain détrôner l’Allemagne comme plus grand transporteur européen. La Febetra (très) inquiète Alors que le Mobility Package est en cours de négociation entre la Commission, le Parlement et le Conseil, la Febetra estime que ces chiffres envoient un signal clair : » Nous persistons à croire qu’il faut tout mettre en œuvre pour préserver le transport domestique. Nous nous opposons tant à la proposition de la Commission européenne (cabotage illimité pendant 5 jours, détachement à partir du 1er jour), qu’au compromis lancé par la présidence bulgare (cabotage illimité pendant 5 jours, détachement à partir du 6ème jour) qui risquent de tourner au cauchemar pour tous les transporteurs d’Europe occidentale en général et pour les transporteurs belges en particulier. Toutes ces modifications vont dans le sens d’une plus grande ouverture du marché qui ne profitera qu’à la seule concurrence étrangère. Même dans l’hypothèse où les règles du détachement sont scrupuleusement respectées dès le premier jour, le coût d’un chauffeur étranger qui vient caboter chez nous, sera toujours inférieur au coût d’un chauffeur belge en transport national dans la mesure où les cotisations sociales restent dues dans le pays où le chauffeur est domicilié. Nous espérons donc que l’Alliance Routière tiendra bon et continuera à s’opposer à tout assouplissement des règles régissant le cabotage », estime Philippe Degraef.