Les nouvelles règles de l’UE sur les exigences de formation des chauffeurs professionnels n’exempteront pas les conducteurs de camions et de bus se déplaçant à moins de 100 km de leur base. Tel est l’accord auquel sont parvenus en décembre le Parlement européen et les États membres de l’UE. L’exemption majeure proposée par la Commission Transport du Parlement européen aurait eu selon l’ETSC un impact négatif sur la sécurité routière. Des ajouts de texte d’eurodéputés auraient exempté de nombreux chauffeurs de suivre une formation professionnelle supplémentaire pour autant qu’ils ne se déplacent pas à plus de 100 km de leur base. L’accord politique final, conclu en décembre lors d’un ‘trilogue’ à huis clos entre négociateurs institutionnels, prévoit toujours une exemption pour les « chauffeurs opérant en zone rurale pour approvisionner leur propre entreprise », mais cette exemption ne vaut que si le trajet d’est pas lié à des services de transport et si les États membres jugent le transport ‘occasionnel et sans impact sur la sécurité routière’. Cette formulation finale est une nette amélioration de la proposition de la Commission Transport. Mais l’ETSC ne voit aucune situation où la sécurité routière ne serait pas compromise par la présence sur la route de chauffeurs n’ayant que le niveau minimal de formation. Le fait que l’exemption ne vaille pas en zone urbaine, où les interactions avec piétons et cyclistes sont plus fréquentes, est une bonne chose, mais des risques importants existent aussi hors agglomération. Les accidents de poids lourds ont souvent des conséquences dramatiques. Il serait absurde et injuste d’expliquer aux familles des victimes d’une telle collision que le chauffeur était exempté de formation parce qu’il ne roulait qu’occasionnellement ou livrait dans sa propre entreprise. Rien ne justifie d’exempter de la formation nécessaire ceux qui prennent la responsabilité de conduire des poids lourds. Pour l’application des nouvelles règles, l’ETSC demande aux États membres de réfléchir très sérieusement au fait que l’exemption ne doit « pas [avoir] d’impact sur la sécurité routière », avant de permettre à des chauffeurs de se soustraire à la formation initiale et continue. Terminons par une note positive : l’accord final contient des exigences de formation à la reconnaissance du danger, à la gestion du stress, à la réduction de la distraction et à l’adaptation aux conditions climatiques extrêmes. La législation n’a toutefois pas été étendue aux chauffeurs de camionnette, une recommandation de longue date des experts en sécurité. Antonio Avenoso, Executive Director European Transport Safety Council (ETSC)