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Alexandre Michel (Transalliance) : “En 2020, nous serons trop petits”

Président-directeur général du groupe Transalliance, Alexandre Michel jette un regard sans concession sur la place qu’occupe sa société familiale sur l’échiquier européen, nous explique son repositionnement vers la logistique et trace aussi les grandes lignes de l’avenir de sa filiale belge. Depuis la crise de 2008-2009, Transalliance a repositionné ses activités et son dernier plan stratégique s’achèvera en 2020. Où en est Transalliance ? Alexandre Michel : “Après la crise, nous avons quitté progressivement le general cargo et opté pour une différenciation par le service. Ce plan stratégique s’achèvera dans deux ans. A ce terme, nous visons un chiffre d’affaires consolidé de 600 millions d’euros, et nous en sommes à 534 millions en 2017.” D’où devrait provenir le chiffre d’affaires supplémentaire ? Alexandre Michel : Des activités logistiques. Ce pôle représente aujourd’hui environ 80 millions d’euros, et nous allons encore le faire grandir de manière organique, sans exclure l’une ou l’autre reprise très ciblée. Il faut que les opérations de croissance externe complètent notre réseau et nos compétences, comme nous l’avons fait en 2017 avec trois sociétés du groupe Brovedani qui ont augmenté notre parc logistique de 106.000 m2 dans l’est de la France. Cette reprise nous apportait quatre contrats intéressants et des compétences que nous ne possédions pas encore. Nos axes de développement se situent dans l’agro-alimentaire et dans le secteur automobile. Ce sont deux secteurs très concurrentiels, dans lesquels tous les grands logisticiens sont présents. Comment vous différenciez-vous ? Alexandre Michel : Nous combinons la souplesse d’un groupe familial et les capacités d’un grand groupe, notamment en matière d’IT. Lorsque nous nous implantons en magasin avancé chez un fournisseur, nous interfaçons nos systèmes avec ceux du client et nous nous intégrons dans ses flux tendus. Sans oublier que nous prenons à notre charge les aspects sociaux qui sont complexes puisque nous travaillons alors entre plusieurs commissions paritaires. Comment évolue votre pôle ‘overseas’ ? Alexandre Michel : C’est une activité qui n’est pas consolidée et que nous exerçons sous forme de partenariat. Mais c’est un domaine où seul le prix compte et nous allons mettre un terme à cette activité. De l’intégration à la contractualisation Dans le transport, Transalliance se caractérise par son fort degré d’intégration verticale… Alexandre Michel : C’est exact, même si nous avons un peu réduit la taille de notre flotte propre ces dernières années. Aujourd’hui, la part qui est contractualisée est d’environ 50 %. Comment gérez-vous ces contrats de sous-traitance ? Alexandre Michel : Nous considérons nos sous-traitants comme des partenaires. Chez Transalliance, ce terme a une véritable signification. Si nous obtenons un contrat de trois ans avec un client, il me paraît logique que le sous-traitant qui s’engage avec nous obtienne la même durée de contrat. D’autre part, nous sommes en mesure de payer assez vite, et nous pouvons assister nos partenaires dans le domaine du financement, de l’entretien, voire de la formation des chauffeurs. Nos ateliers intégrés entretiennent notre flotte, mais interviennent aussi sur les véhicules de nos partenaires quand ils ne sont plus sous garantie. Nous avons aussi beaucoup investi dans la formation des chauffeurs, avec une piste à différents niveaux d’adhérence à Nancy, mais aussi des équipes de formateurs qui passent d’une filiale à l’autre avec une remorque équipée en salle de cours et qui sont aussi capables de former des formateurs chez nos partenaires. Nous avons tout intérêt à ce que nos partenaires transport soient rentables… Réduction des émissions de CO2 Quelle politique suivez-vous en matière de propulsions ‘vertes’ ? Alexandre Michel : Transalliance est une entreprise familiale. J’ai envie d’être fier de cette entreprise, et le volet écologique fait partie des initiatives dont j’ai envie d’être fier. Maintenant, il faut nous engager dans des projets qu’une entreprise de notre taille est capable de mener. Nous n’avons pas les moyens de développer un camion électrique ou un véhicule à hydrogène, alors que le Grand-Duché de Luxembourg, par exemple, mise beaucoup sur cette technologie. Nous avons travaillé sur deux niveaux : dans nos semi-remorques frigorifiques, nous sommes passés à l’azote afin d’abandonner les groupes thermiques. Nous investissons aussi dans une flotte et des stations au gaz naturel. A Dunkerque, nous avons une station CNG, à Reims nous venons d’ouvrir une nouvelle station CNG à débit rapide, et à Nancy, nous avons une station CNG/LNG/azote. L’azote sert à la fois au parc sous température contrôlée et à refroidir le gaz naturel, ce qui nous évite de devoir ventiler dans l’atmosphère les surplus de pression quand la LNG se réchauffe. HN, un commissionnaire de transport Votre filiale belge a pas mal changé ces derniers temps. Quelle place occupe-t-elle aujourd’hui dans votre stratégie ? Alexandre Michel : HN (HN Transport & Distribution, NDLR) a connu une période très difficile. En quatre ans, nous avons complètement repositionné son fonds de commerce, et c’est aujourd’hui un pur commissionnaire de transport. Le gros problème de HN, c’était la prédominance des transports non accompagnés vers le Royaume-Uni. C’est un marché en plein bouleversement, notamment à cause de la crise des migrants, et qui souffre d’un grand déséquilibre entre l’import et l’export. Nous avons donc créé une filiale Transalliance TS au Royaume-Uni pour rééquilibrer les flux, et l’ensemble TS + HN fait toujours les 35 millions de chiffre d’affaires que faisait HN avant, mais avec un taux de rechargement de 90 %, ce qui fait toute la différence. Notre site d’Anvers a aussi diversifié ses activités en travaillant à nouveau avec le siège luxembourgeois pour nos lignes vers l’Allemagne. Quelles sont les prochaines étapes pour HN ? Alexandre Michel : La mutation de l’outil d’exploitation est terminée, nous allons améliorer les compétences commerciales à Anvers. On veut retrouver un ancrage local, de la proximité avec le client. Peut-on imaginer Transalliance reconstruire une flotte en Belgique ? Alexandre Michel : Dans l’état actuel des choses, non. Nous avons progressivement laissé partir les chauffeurs qui partaient à la retraite, mais nous ne trouvions de toute façon plus de chauffeurs à Anvers. C’est un service que les clients ne demandaient plus. S’ils le demandent à nouveau, pourquoi pas ? Et puisque la croissance du groupe passera par la logistique, peut-on envisager un développement de ce type en Belgique ? Alexandre Michel : C’est une possibilité, mais il y a davantage de chances pour que cela passe par une reprise ciblée que par une croissance organique. Il n’y a cependant aucun dossier ouvert pour l’instant. Que deviendra Transalliance au-delà de 2020 ? Alexandre Michel : Nous sommes en pleine réflexion. Avec 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, nous serons trop petits en 2020. Quand je regarde autour de nous, je ne vois pas de société vraiment comparable à la nôtre. Ce que je sais, par contre, c’est que nous avons développé les compétences qui seront nécessaires pour nous développer demain. J’ai par exemple créé une société de communication digitale qui, comme les autres services support, ne peut pas faire plus de 20 % de son chiffre d’affaires avec le groupe. Le transport est un monde de dinosaures. Nous devons aller voir ailleurs comment ça se passe, puis intégrer tout ce savoir-faire dans l’entreprise et préparer le personnel. Parce que la digitalisation va demander des compétences différentes…

« Le transport est un monde de dinosaures. Nous devons aller voir ailleurs comment ça se passe. » (A. Michel)

Transalliance en chiffres

  • Siège social : Dudelange (Grand-Duché de Luxembourg)
  • Direction : Alexandre Michel (P-DG)
  • Chiffre d’affaires : 534 millions EUR (2017)
  • Flotte : 2800 tracteurs
  • Parc logistique : 700.000 m2

Interview VIP

  • Quel est le dernier livre que vous ayez lu ? J’ai bien aimé Glacé, de Bernard Minier, ou le dernier Joel Dicker
  • Quel autre métier auriez-vous aimé exercer ? Distillateur. J’aime bien cette idée de transformer ce que la nature nous offre, et j’aimerais bien vendre quelque chose que j’ai fabriqué moi-même.
  • Pour vous, le bonheur, c’est… : Je ne sais pas vraiment, mais je sais que le malheur, ce serait l’absence de relations humaines, ou un déséquilibre entre travail et famille.

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