Troisième volet de notre interview exclusive avec le Chef economist d’ING en Belgique. Après avoir tenté de quantifier l’impact économique de la crise du Covid-19 et avoir zoomé sur le secteur du transport, place à la manière dont la reprise économique pourrait se manifester.
Comment analysez-vous les décisions prises par le gouvernement fédéral ?
Peter Vanden Houte : Le gouvernement a conclu un accord avec les banques pour donner de l’oxygène à l’économie. Cet accord comprend deux volets : d’une part, les banques doivent accorder des délais de paiement aux entreprises saines sous certaines conditions et d’autre part l’état se porte garant d’une partie du risque que prendront les banques qui accorderont des crédits aux entreprises. Certains pays comme la France ou l’Allemagne ont été plus loin encore dans le domaine des garanties d’état, mais la Belgique a pris les mesures qu’il fallait pour donner de l’oxygène à son économie. La pénurie de crédit devrait être évitée.
A court et moyen terme, quelles sont les priorités pour les entreprises ?
Peter Vanden Houte : Dans un premier temps, les entreprises ont besoin de liquidités. C’est pourquoi on leur accorde certains reports de paiement de taxes et de cotisations. Je conseillerais aux entreprises de limiter les dépenses non essentielles, mais aussi de se montrer très transparentes avec leurs banques. Si une banque n’a pas une bonne vue sur les sources de revenus d’une entreprise, elle ne peut pas prendre de bonne décision quand l’entreprise a besoin de crédit.
Une autre leçon à tirer de la crise de 2009, c’est que beaucoup d’entreprises avaient licencié du personnel dont elles ont eu besoin par la suite. Cette crise, comme les autres, aura une fin, et les entreprises qui réussiront à maintenir un lien fort avec leur personnel en sortiront gagnantes.
Est-ce aussi le moment rêvé pour les investisseurs anticycliques ? On dit souvent que ceux qui en ont les moyens réussissent parfois les meilleurs ‘coups’ pendant les crises…
Peter Vanden Houte : C’est exact. Il y a déjà des investisseurs financiers, mais aussi des entreprises disposant de fonds propres importants, qui regardent de plus en plus près comment évolue la valorisation de certaines entreprises. Au début de l’année 2020, la valorisation des entreprises n’avait jamais été aussi élevée, mais elle est fatalement en train de baisser ou de devenir plus réaliste.
Cela pourrait-il annoncer une nouvelle vague de rachats et de consolidations ?
Peter Vanden Houte : C’est très probable…