Peter Vanden Houte (ING) : « Le risque d’une crise financière est faible »

Deuxième thème abordé avec Peter Vanden Houte (chief economist d’ING Belgium) : l’impact de la crise du Covid-19 sur le secteur du transport en particulier. Mais la conversation dévie très vite sur le risque de voir une crise financière aggraver encore la crise économique. Sur ce point, Vanden Houte se montre rassurant.

Quel regard portez-vous en particulier sur le secteur du transport ?

Peter Vanden Houte : Le transport est clairement le réseau sanguin qui irrigue toute notre société, et on voit bien ces semaines-ci que c’est lui qui relie tous les maillons. Il est donc indispensable pour continuer à faire tourner notre économie. Si l’on regarde un peu en arrière, on s’aperçoit que sur les 20 dernières années, le transport a vu ses volumes progresser parallèlement à la croissance du PIB. Logiquement, cette année, il devrait donc voir ses volumes baisser de 4 à 5 %, mais il s’agit d’une moyenne : certains secteurs s’en sortiront mieux que d’autres, et certains secteurs souffriront davantage. Dans le port d’Anvers, par exemple, on voit que sur les dernières années la croissance des volumes a été à peu près deux fois plus forte que le produit intérieur brut. Là, le risque de pertes de volumes est donc de 10 % pour cette année.

On entend dire que le transport routier pourrait être un des premiers à voir ses volumes repartir à la hausse…

Peter Vanden Houte : C’est probable. D’une part, l’activité du transport routier est davantage liée à l’évolution de la consommation domestique, et dans le domaine industriel, dès que les usines recommenceront à tourner, il faudra rapidement reconstituer des stocks de pièces.

Vos estimations sont pour l’instant basées sur une reprise de l’activité ‘toutes choses restant égales’, mais y aura-t-il des changements économiques plus profonds suite à cette crise ?

Peter Vanden Houte : C’est probable, mais il est encore trop tôt pour dire quoi, quand et avec quel effet réel. Par exemple, il est possible que la manière dont est appliqué le ‘just-in-time’ soit modifiée. Les entreprises industrielles vont-elles sécuriser davantage leurs approvisionnements en prenant plus de stock ? Les entreprises comprendront-elles qu’elles dépendent parfois trop d’un seul fournisseur, et qu’une dépendance excessive par rapport à une seule région comme l’Extrême-Orient est un facteur de risque trop élevé ? Va-t-on rapprocher ses sources d’approvisionnement de ses usines en Europe ? Tout cela modifierait les chaînes de transport.

Y a-t-il un danger que la crise économique se double d’une crise financière ?

Peter Vanden Houte : La crise de 2008/2009 a été provoquée par le secteur bancaire, mais les banques sont beaucoup mieux capitalisées aujourd’hui, elles ont plus de liquidités, bref elles sont plus robustes. Cela n’empêche pas les marchés financiers de subir de grosses tensions. Cela peut être problématique pour les entreprises qui dépendent davantage des marchés financiers que des banques, comme aux Etats-Unis où 80 % de l’activité économique dépend des marchés financiers. En Europe, 70 % de l’activité économique est financée par les banques. Quoi qu’il en soit, il est évident que les banques vont devenir plus prudentes dans leurs analyses de risque aussi.

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