C’est peu dire que d’affirmer que les transporteurs belges vivent une période très difficile. Assis entre deux chaises (certains ont trop de travail, d’autres pas assez), ils doivent en plus faire face à des Régions inflexibles quant à la taxe kilométrique.
En Flandre, c’est la hausse des tarifs qui ne passe pas : au 1er juillet, les tarifs vont augmenter de 16 % environ pour les véhicules de plus de 32 tonnes, ce qui se traduit par un surcoût de 2.2 à 2.3 centimes par kilomètres en moyenne. Cela reste en travers de la gorge des fédérations de transporteurs, qui estiment non seulement que le moment est mal choisi pour les taxer davantage (personne ne conteste le droit à la Flandre d’augmenter ses tarifs conformément à l’accord inter-régional), mais aussi que le gouvernement flamand applique l’adage ‘deux poids, deux mesures’. Ou plutôt ‘trois poids, trois mesures’ : en effet, les deux autres catégories de poids lourds ne sont pas traitées de la même façon : pour un véhicule entre 12 et 32 tonnes, les tarifs ne bougent pratiquement pas (+ 0.1 centime/km pour un Euro 6), alors qu’ils baissent même pour les véhicules de moins de 12 tonnes (officiellement pour combattre la camionettisation). Quoi qu’il en soit, les transporteurs craignent de ne pas pouvoir répercuter ce surcoût sur leurs clients, alors que les prix de transport sont déjà fortement mis sous pression par les chargeurs. Les fédérations parlent de ‘rage taxatoire’ de la part de la Flandre.
La situation n’est pas plus favorable en Wallonie, où une demande émanant de l’UPTR de reporter le paiement de la redevance kilométrique a été rejetée par le ministre Philippe Henry, chargé entre autres de la Mobilité. « Le système de prélèvement kilométrique est un mécanisme interrégional complexe, qui implique également de nombreux prestataires de service. Une modification du système nécessiterait d’obtenir l’accord de ces différents acteurs, ce qui n’est pas possible dans un délai court. Par ailleurs, les transporteurs ont déjà, pour la plupart, un délai d’un mois pour acquitter leurs
factures car le paiement se fait par carte de crédit ou de carburant (sauf les cas des prépaiements qui deviennent extrêmement rares). Les entreprises qui ne roulent pas n’ont pas à s’acquitter de la redevance kilométrique, qui ne vient donc pas s’ajouter à leurs frais comme les cotisations ONSS ou la TVA. De plus, la mesure que vous proposez n’impacterait que marginalement les transporteurs wallons, qui représentent 1/5 du prélèvement kilométrique perçu en Wallonie », estime le ministre. L’UPTR regrette évidemment cette ‘fin de non-recevoir’…