Truck & Business Barometer : 61 % des transporteurs souffrent d’une pénurie de chauffeurs

En six mois, le changement est spectaculaire : avant même que les plans de relance de l’économie ‘post-Covid’ ne soient mis en place, les transporteurs belges ont retrouvé la confiance. Le revers de la médaille, c’est que la pénurie de chauffeurs revient comme un boomerang, aggravée, selon certains, par les premières mesures du Mobility Package.

Il y a six mois, l’indice de confiance par rapport au semestre suivant était tout juste remonté à 5,41/10. En avril/mai 2021, l’indice de satisfaction par rapport aux semestre écoulé est de 7,05/10. C’est dire si le début 2021 a donné du vent dans les voiles du transport routier belge. Il y a eu, bien sûr, les ruptures de chaînes d’approvisionnement dues au blocage du canal de Suez, les secousses économiques du Brexit, mais globalement, malgré les restrictions toujours imposées à certains pans de l’économie, le transport routier a eu beaucoup de travail.

Pas encore de hausse des tarifs

Il y a un an, 1,7 % de nos participants estimaient que la capacité de transport (dans leur secteur) était insuffisante pour couvrir la demande. Il y a six mois, cette proportion était remontée à un maigre 10,8 %. Aujourd’hui, 46,3 % des transporteurs estiment qu’il y a plus de demande que d’offre. Le bond est spectaculaire, mais il ne se traduit pas encore en une hausse des tarifs de transport.

Sur ce plan, les six derniers mois ont été mauvais : le prix de revient est reparti à la hausse, en premier lieu à cause de la hausse des prix du carburant (+ 9,5 % depuis le début de l’année), mais le comportement d’achat des clients n’a pas permis de répercuter cette hausse sur les prix de vente. L’immense majorité des participants au Baromètre n’ont pas pu faire évoluer leurs prix, et 17 % des participants ont dû accepter des baisses de tarifs imposées par leurs clients. Cela fait retomber le ‘taux de répercussion’ (ratio entre l’évolution du prix de vente et du prix de revient), que nous mesurons depuis 16 ans, au pourcentage extrêmement faible de 27 %. C’est un chiffre inférieur à celui que l’on constatait pendant la crise de 2008/2012. En 2014 et 2015, en période de reprise fragile de l’économie, le chiffre était encore inférieur, mais l’inflation était alors très faible.

L’impact de cette situation sur la rentabilité est encore difficile à évaluer : il y a six mois, les pronostics étaient plus négatifs qu’aujourd’hui, mais le pourcentage de transporteurs qui estiment que leur rentabilité va s’améliorer est plus faible qu’en octobre 2020.

Retour de boomerang

D’autres facteurs vont toutefois limiter la capacité de transport disponible dans les prochains mois, à commencer par la difficulté à trouver des chauffeurs. Cette pénurie est latente, mais il y a deux facteurs spécifiques à l’année 2021 qui l’aggravent : d’une part, les premières mesures du Mobility Package ont forcé des entreprises à fermer leur filiale en Europe de l’est, et certains sous-traitants d’Europe de l’est ne sont plus disponibles. D’autre part, l’échéance du Code 95 rend inactifs des chauffeurs pensionnés qui roulaient encore un ou deux jours par semaine. Cela aidait bien les entreprises à faire face aux pics d’activité et aux maladies, mais beaucoup de ces chauffeurs ne veulent plus faire l’effort pour cinq années supplémentaires.

Ce retour en force de la pénurie de chauffeurs survient à un très mauvais moment : les transporteurs belges s’attendent à voir leurs volumes de transport augmenter de plus de 5 %, et les taux de remplissage, qui constituaient leur talon d’Achille depuis le début de la pandémie, se redressent (pour 51,2 %) ou sont revenus à un niveau acceptable (pour 34 %). A l’heure actuelle, les transporteurs belges sont forcés de refuser 11 % de chiffre d’affaires par manque de chauffeurs disponibles, et cette proportion pourrait encore augmenter.

Quant aux leviers dont les transporteurs disposent pour attirer à eux les chauffeurs disponibles, ils se situent principalement au niveau d’avantages extra-légaux supplémentaires et d’aménagement des conditions de travail, davantage que dans un salaire de base plus élevé. On sait de toutes façons que l’accord inter-professionnel 2021/2022 ne laisse quasiment aucune marge à ce niveau.

Dans ce contexte, on peut, il est vrai, voir le verre à moitié plein, comme le souligne un participant : « Avec la pénurie de chauffeurs et le retour des embouteillages, nous nous retrouverons dans une situation où les clients seront heureux de se voir proposer un transport, et nous pourrons à nouveau réaliser une marge. » On peut aussi considérer que la situation est idéale pour faire des choix stratégiques et nettoyer son portefeuille des clients parasites. Dans un cas comme dans l’autre, les conditions seront réunies pour obtenir des hausses de tarifs.

Quid des délais de livraison ?

Il reste une source d’incertitude dont nous n’avons pas encore parlé : la disponibilité de matériel de transport. Du côté des entreprises, le message est clair : l’heure est au renouvellement des parcs, au rattrapage de ce qui n’a pas été investi en 2020, voire à l’extension de la flotte. Mais avec les délais de livraison qui s’allongent pour diverses raisons, voilà peut-être encore une zone d’incertitude qui s’annonce.

Chiffres-clés

  • 7,05/10 : le taux de satisfaction remonte par rapport au printemps (+ 0,79 par rapport à octobre 2020)
  • + 4,23 % : la hausse moyenne du chiffre d’affaires en six mois, après une année de baisse (+ 8,8 points)
  • + 5,13 % : la hausse estimée des volumes de transport pour les six prochains mois (+ 7,8 points)
  • 61 % des transporteurs souffrent à nouveau d’une pénurie de chauffeurs
  • 4,7 % des transports sans répercussion possible de la taxe kilométrique (- 3 %)
  • 46,3 % des transporteurs estiment que la demande est plus forte que l’offre en transport dans leur spécialité
  • 14,6 % des transporteurs n’envisagent aucun investissement dans leur flotte (+ 1,4 %)

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