Les supermarchés en ligne demandent davantage d’automatisation

Experts et fournisseurs sont d’accord : ils constatent tous une augmentation significative des investissements dans l’automatisation des entrepôts, qui peut d’ailleurs se poursuivre pendant plusieurs années encore. Voici les principales tendances.

Dans quels secteurs les projets d’automatisation sont-ils le plus souvent envisagés ?

« Nous constatons une forte augmentation de la demande d’automatisation dans les entrepôts, qui s’est encore accélérée avec l’arrivée du coronavirus. Même les secteurs qui restaient à la traîne y passent. Je pense à la distribution alimentaire et aux prestataires logistiques », déclare Jan-Willem Klinkenberg, Project Sales Director de TGW Logistics Group. « TGW travaille déjà pour de grandes entreprises comme Ahold Delhaize et Bol.com. Elles misent toutes sur de grands entrepôts automatiques, notamment pour livrer à domicile des commandes passées en ligne. Souvent, ces activités de supermarché en ligne ne sont pas rentables. On le voit au Royaume-Uni qui a été le premier à lancer ce service en Europe, mais aussi au Benelux et en Scandinavie. Picnic adopte dès lors une approche différente. L’entreprise n’a pas de magasins et ne livre qu’aux familles sur des itinéraires de distribution bien définis. Certes, l’offre est étendue mais plus limitée que celle des grands supermarchés. Grâce à ces limitations, Picnic parvient à se développer rapidement. Nous construisons actuellement un entrepôt hautement automatisé de 40.000 m2 pour Picnic à Utrecht. »

Sacha Van Droogenbroeck, managing director de Dematic NV : « Aux USA, les détaillants traditionnels ont trouvé une réponse grâce à la livraison rapide de produits provenant de magasins existants et de mini-centres de distribution dans les villes. Les implantations américaines de Dematic constatent un véritable boom de la demande de petites automatisations pour de tels environnements. Ces centres de microfulfilment connaissent une véritable percée aux USA et désormais aussi au R-U. En Belgique, nous en sommes au stade des premières négociations. Notre offre se compose d’un système modulaire de composants standards que nous pouvons implémenter très rapidement. Alors que la construction de systèmes d’automatisation traditionnels prend parfois jusqu’à un an, les systèmes de microfulfilment sont pleinement opérationnels en 3 ou 4 mois. Le coût sera aussi nettement plus bas. »

« C’est également un grand pas pour nous en tant que fournisseur », déclare Michaël Coryn, Director Global Account Management de Dematic. « Nous sommes connus comme un intégrateur qui développe avant tout une solution globale adaptée au client en utilisant notre propre matériel. À l’avenir, nous nous profilerons davantage comme un fournisseur de produits. De cette façon, nous pourrons également mieux servir les petites organisations avec des combinaisons spécifiques de hardware et de software. »

Les prestataires logistiques passent également de plus en plus à l’automatisation. Jan-Willem Klinkenberg : « De grandes organisations telles que Kühne + Nagel ou Katoennatie font aujourd’hui des progrès considérables. Auparavant, les 3PL étaient opposés à l’automatisation, notamment parce que la durée des contrats classiques est trop courte pour pouvoir récupérer l’investissement. Mais à mesure que la flexibilité et la modularité des installations augmentent, l’automatisation leur offre la perspective d’une plus grande efficacité et d’une réduction des coûts au niveau des processus. Ils peuvent faire face à l’incertitude liée à la prolongation des contrats en optant pour des systèmes conçus pour les dimensions de produits les plus courantes. Je leur conseille d’opter pour un système de navette avec des bacs standards de 60 x 40 d’une hauteur de 30 cm. De plus, il est tout à fait possible de n’équiper que quelques rayonnages de navettes et de l’étendre systématiquement par la suite avec plus de navettes et à des rayonnages supplémentaires. »

Erik Verlinden VIL

Eric Verlinden, VIL

L’automatisation des entrepôts peut-elle être mise en œuvre de manière flexible et évolutive ?

Eric Verlinden, research manager de VIL : « Certaines techniques d’automatisation peuvent être introduites avec flexibilité. Nous étudierons également cela dans le nouveau projet Smart Vision, qui se concentre sur l’application logistique des technologies de vision, telles que les lunettes intelligentes. Ce sont des dispositifs relativement bon marché qui se greffent sur des processus existants. Cela peut être fait rapidement. Mais je remarque que les entreprises sont plus réservées lorsqu’il s’agit d’entrepôts automatiques, d’AGV ou de robots mobiles. Notamment les petites entreprises. Toutes ces choses nécessitent énormément de données, ce qui implique que l’ERP, le WMS et d’autres systèmes doivent déjà être parfaitement en ordre. En raison de l’effort requis pour réaliser l’automatisation, il est économiquement plus intelligent d’en équiper l’ensemble de l’entrepôt. Une automatisation partielle n’apporte qu’un rendement partiel. Si vous ne pouvez pas économiser un travailleur à temps plein dans un processus spécifique, cela n’a aucun sens. En pratique, les entreprises font souvent cet investissement lorsqu’elles emménagent dans un nouvel entrepôt et supportent déjà des coûts importants. Elles repensent alors leurs processus et conçoivent l’entrepôt en vue de la nouvelle organisation. »

Rolf Ceulemans, manager de PwC : « Nous nous concentrons spécifiquement sur les technologies évolutives telles que les lunettes intelligentes. Même dans un marché du travail difficile avec de nombreux intérimaires, cela permet aux entreprises de maintenir la qualité des opérations en fournissant des informations supplémentaires en temps réel. Les lunettes peuvent également capter des données, par exemple quant à la hauteur à laquelle un ‘picker’ prend quelque chose. Les lunettes peuvent en outre exercer une forme de contrôle. Le coût d’investissement relativement faible et l’évolutivité les rendent attrayantes pour les donneurs d’ordres. Nous constatons aussi de plus en plus l’utilisation de capteurs dans le cadre de l’Internet des Objets. Des capteurs sur palettes, chariots élévateurs, etc. permettent de moins scanner. Lorsque le système sait à quel endroit quelque chose est retiré, il peut savoir par lui-même de quel produit il s’agit. Ceci permet de réduire les actions manuelles. Je plaide aussi pour l’utilisation des informations collectées afin d’analyser les processus eux-mêmes. Les lignes de course et les voies de transport peuvent se croiser et il est souvent plus sûr de les séparer pour éviter les collisions avec les chariots élévateurs. L’efficacité du processus peut également être améliorée sur la base de diagrammes spaghetti et de cartes thermiques. Ces données sont essentielles pour les considérations stratégiques sur les opérations logistiques. À plus long terme, je vois une tendance à une automatisation poussée pour répondre aux exigences plus élevées des clients en termes d’efficacité, de délais, de coûts, etc. Le commerce électronique est le moteur de cette évolution. »

Rolf Ceulemans

Rolf Ceulemans, PwC

Les robots de picking prêts pour le monde réel ?

Jan-Willem Klinkenberg : « TGW a déjà installé plusieurs Rovolutions chez des clients (en Allemagne et bientôt aux Pays-Bas). Ce sont des stations de picking automatiques qui prennent en charge le travail d’un préparateur. Les clients commencent avec un certain nombre de positions confiées aux robots et acquièrent ainsi de l’expérience. Dans certaines organisations il existe une très grande diversité de formes et dimensions, avec laquelle le robot a parfois des difficultés. Toutefois, les robots peuvent déjà gérer une grande variété de produits. Notre Rovolution est utilisable pour une gamme de produits définie et à un prix acceptable. Les vêtements en particulier se présentent souvent dans des emballages plats similaires, avec lesquels les robots ont peu de problèmes. »

Sacha Van Droogenbroeck : « À Anvers, Dematic possède le centre de compétence Mobile Automation qui développe la nouvelle technologie concernant les AGV et les robots mobiles autonomes (AMR) dont nous avons pu augmenter considérablement les performances. Dans un processus de tri, ils atteignent déjà des vitesses considérables. Il y a toujours une différence avec les systèmes les plus performants, mais le gros avantage est qu’ils peuvent fonctionner sans structure fixe. Quand le processus change, ils se remettent au travail immédiatement après un ajustement du logiciel. Je suis convaincu que cela favorisera la percée des robots. La fin du processus logistique – picking et expédition – restent encore très manuel. Mais je pense que les postes de travail que nous proposons déjà seront entièrement automatisés d’ici quelques années. Dematic le fait actuellement par l’intermédiaire de partenaires, mais nous étudions la manière dont nous pourrions nous-mêmes l’offrir à nos clients à l’avenir. »

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