Group De Wolf : Rome ne s’est pas refait en un jour

Ce qui était une société de transport très traditionnelle est en train de se transformer sous l’impulsion de cinq nouveaux actionnaires. En moins de deux ans, Group De Wolf s’est doté d’une nouvelle structure, d’une nouvelle identité et a racheté un ancien Transporteur de l’Année.

La nouvelle a été officialisée quelques jours avant le salon Transport & Logistics d’Anvers auquel, justement, Group De Wolf participait : le transporteur de Turnhout reprenait Bellekens, la société de Heist—op-den-Berg qui avait été Transporteur de l’Année en 1998. L’occasion de faire le point avec Didier Potters (CEO) et Luc De Koninck (CCO) sur deux années bien agitées.

MBO en janvier 2020

Transportmedia : Les grandes manœuvres avaient déjà commencé avant votre arrivée à la tête de Group De Wolf…

Didier Potters : En effet. En 2019, Group De Wolf avait arrêté ses activités de transport de patients vers les hôpitaux (une activité rachetée en 2016, NDLR). En janvier 2020, cinq associés se sont regroupés pour racheter les parts aux actionnaires de l’époque :  moi-même, mon père Pascal, Jef et Fons De Wolf et Luc De Koninck. Nous voulions insuffler une nouvelle énergie dans la société, en faire une nouvelle version de nous-mêmes.

TM : Quels ont été vos premiers axes d’action ?

Potters : A l’époque, la part du transport de charges complètes était trop importante. Nous avons d’abord cherché à rééquilibrer la part du transport de lots partiels et du transport express, ce dernier étant d’ailleurs à l’origine de Group De Wolf. Dans le même temps, nous avons commencé à exploiter une partie de l’ancien entrepôt d’Aldi à Rijkevorsel et nous avons mis en service un tout nouveau système de gestion des transports. Cette année, nous y avons ajouté un nouveau logo et nous avons donc repris Bellekens.

TM : Bellekens, c’était un gros morceau…

Potters : Oui, puisque cela doublait d’un seul coup notre capacité de transport. Cela nous a permis de créer de belles synergies entre le transport international et le transport dans le Benelux. Nous étions de toutes façons à la recherche d’économies d’échelle. Aujourd’hui, nous avons refait passer tous les véhicules ex-Bellekens sur plaques belges et nous avons remis tous les chauffeurs sous contrat belge. Cela représente une cinquantaine de véhicules et, en ce qui concerne le transport international, nous ne faisons plus appel à aucun sous-traitant. Pour la partie Benelux, qui est exploitée par Red Line Services, nous avons aujourd’hui 35 véhicules en propre et environ 25 véhicules de sous-traitants.

Trop de bureaucratie

TM : Ces changements surviennent précisément au moment où les prix de transport évoluent fort…

Potters : Il y a plusieurs raisons qui expliquent que les tarifs de transport doivent augmenter : les nouvelles règles qui découlent du Mobility Package, la pénurie de chauffeurs et l’augmentation du prix de revient. Donc, les prix de transport doivent augmenter et les marges bénéficiaires aussi, structurellement.

TM : Pourquoi les marges bénéficiaires doivent-elles augmenter de la sorte ?

Potters : Parce qu’on exige de plus en plus de notre part. Le principe des réservations de slots, par exemple, ou les efforts que les clients nous demandent de faire pour un transport plus vert. Aujourd’hui, nous avons vraiment l’impression que les clients nous demandent de les soutenir dans leurs efforts écologiques. Très bien, mais cela va modifier fondamentalement notre structure de coûts. Cela dit, je pense que les clients sont majoritairement conscients que ce transport plus vert va coûter plus cher, mais il reste beaucoup de questions liées à l’infrastructure.

TM : Qu’avez-vous déjà entrepris pour rouler plus vert ?

Potters : Nous avons mis en service quatre camions au LNG. Mais où en serons-nous dans cinq ans ? Rouler à 100 % à l’électricité sera impayable. L’autre problème, c’est la bureaucratie : depuis des mois, nous voudrions utiliser une technologie encore jamais vue en Belgique, mais nous n’arrivons pas à faire avancer le dossier…

TM : Pourriez-vous nous en dire davantage ?

Luc De Koninck : Il s’agit de trois semi-remorques sous température contrôlée avec un groupe frigo électrique alimenté par un essieu à récupération d’énergie (Valx E2 HD, NDLR) et par des panneaux solaires. Sur le papier, ces semi-remorques coûtent deux fois plus cher qu’une semi-remorque frigo classique. Depuis le mois de juin, nous déposons des demandes de subsides auprès des cabinets concernés, mais nous n’avons toujours reçu aucune réponse alors que la technologie que nous voulons utiliser est bien mentionnée dans la liste du VLAIO. Il y a aussi un problème d’homologation pour les essieux moteurs qui n’est pas encore réglée.

Potters : C’est d’autant plus rageant que nous avons le client qui est prêt à nous suivre. Avec ces semi-remorques, nous pourrions rouler sous la barre des 60 dB et être homologués PIEK, ce qui nous permettrait de livrer de nuit. Ce serait aussi bon pour notre image, mais en attendant que le cabinet daigne nous répondre, le client attend…

Bien faire et le faire savoir

TM : Souffrez-vous particulièrement de la pénurie de chauffeurs ?

De Koninck : Pour le moment, ça va. Nous n’avons pas dû mettre un seul camion à l’arrêt. Je pense que depuis quelques mois nous sommes à nouveau perçus comme un employeur dynamique.

TM : Et comment voyez-vous la situation économique évoluer ?

De Koninck : Jusqu’à la fin du premier trimestre 2022, je ne me tracasse pas. Pour la suite, c’est plus compliqué à dire. Pour l’instant il y a des stocks de matières premières partout, mais après ? Jusque là, tout le monde, même le grand public, est bien conscient que les prix vont augmenter. Toute la presse en parle, donc ça rend les choses un peu plus faciles pendant les négociations avec les clients. C‘est un peu le moment de vérité…

TM : A quoi ressemblerait Group De Wolf dans cinq ans ?

Potters : Je pense que nous allons continuer à grandir au même rythme, tant dans le transport que la logistique. Le transport frigorifique, par exemple, est une activité que nous avons lancée en 2020 et qui occupe déjà 12 véhicules. On va aussi continuer à se développer dans les fonds mouvants.

TM : Y a-t-il des synergies entre ces différentes activités ?

Potters : Pas nécessairement. Nous avons par exemple lancé le transport de déchets avec un seul véhicule et nous en sommes aujourd’hui à dix. Quand il y a une opportunité de croissance, nous y allons et nous apprenons aussi à le faire savoir.

TM : C’est un peu ça, le nouveau style de Group De Wolf ?

Potters : Exactement. N’oubliez pas que nous avons réalisé pas mal de projets en pleine pandémie. Nous avons aussi rationalisé les plannings entre la branche Benelux et la branche internationale, et il nous reste à passer à une organisation sans papier qui nous permette d’informer nos clients en temps réel. Je voudrais aussi installer des panneaux solaires. Comme vous le voyez, il y a encore beaucoup de projets à mener…

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