Altrea Logistics : L’optimalisation après la croissance

Depuis que Roel Smets est devenu CEO d’Alders Transport en 2008, le groupe limbourgeois a connu une croissance particulièrement déterminée. Il vient de faire son entrée dans le Top 10 de plus grands transporteurs belges suite au rachat de Trafuco. Il était donc temps de rendre une petite visite à son siège social à Pelt.

En 2007, Alders Transport exploitait 80 tracteurs et employait une centaine de personnes. Aujourd’hui, Alders Transport s’est rebaptisé Altrea Logistics et exploite une flotte de plus de 600 véhicules moteurs.

Une diversification inévitable

Transportmedia : Quelle a été votre première priorité lorsque vous êtes arrivé à la tête d’Alders ?

Roel Smets : le plan passait par une combinaison de diversification et d’internationalisation. A l’époque, Alders dépendait largement du transport de produits issus de la sidérurgie. Nyrstar représentait 70 % de notre chiffre d’affaires et Arcelor Mittal les 30 % restants. Le risque était beaucoup trop grand, d’autant plus que ces deux clients nous demandaient d’augmenter nos volumes de transport.

Quatre mois après le lancement de notre plan stratégique, la crise financière débutait. Nous avons dû établir un nouveau plan stratégique. Ce sont des moments dont on apprend beaucoup… Avec la baisse de la production d’aciers, la situation est restée difficile jusqu’en 2010. Cette année-là, nous avons crée notre filiale en Hongrie pour organiser le transport sur longue distance vers les nouvelles usines des constructeurs automobiles. C’était une activité plus équilibrée qu’il n’y paraissait, car nous avons réussi à transporter de l’aluminium produit en Hongrie en fret de retour. En cinq ans, cette branche a occupé 25 véhicules.

Dans le même temps, nous avons développé le transport de vrac. Au départ, nous avions quelques flux de sous-produits et de déchets destinés au recyclage, mais nous n’avions pas la taille nécessaire pour répondre à certains appels d’offres. Il fallait donc grandir dans cette branche et c’est pour cela que nous avons repris Dams Transport. Aujourd’hui, cette activité 90 véhicules.

TM : A l’époque, vous déclariez que vous vouliez doubler votre chiffre d’affaires…

R. Smets : Quand je suis arrivé chez Alders, nous faisions 18 millions d’euros de chiffre d’affaires. La reprise de Dams est survenue en 2012 et depuis, notre chiffre d’affaires a effectivement doublé. En 2016, nous avons racheté la société allemande Kruger Logistics. En 2018, la reprise de Marcel Depaire était une opération intéressante parce que cela nous ouvrait les portes du marché ‘automotive’, avec des transports de pièces détachées qui se combinaient bien avec nos autres flux. Géographiquement aussi, c’était une bonne affaire. Jusque là, nous ne transportions que vers l’est : Pays-Bas, Allemagne… jusqu’en Hongrie. Avec Depaire, nous nous sommes diversifiés en Belgique même, en France et en Suisse. Mais nous restions encore très dépendants du secteur de l’acier.

T&B : C’est ce qui a justifié la reprise de Haesaerts ?

R. Smets : Dans le vrac sec, nous étions leaders sur le transport de minéraux mais la seule niche où nous pouvions grandir était le transport de matières plastiques. Là, nous étions trop petits pour concurrencer les Katoen Natie et autres Gheys. Le marché était vraiment trop disputé.

Avec Haesaerts, nous nous sommes diversifiés vers le transport de produits liquides en conteneurs-citernes, avec un fort accent multimodal et des flux orientés vers l’est de l’Europe, jusqu’en Russie. Par contre, Haesaerts n’était pas actif sur les courtes distances, entre Anvers et Rotterdam. Ca, Alders pouvait le faire.

Trafuco, une charnière

TM : Et en 2021 il y a eu la reprise de Trafuco. Une opération plutôt inattendue…

R. Smets : Trafuco n’était pas vraiment sur notre radar. On cherchait ailleurs. Mais c’était vraiment une chance de rêve : l’entreprise est leader dans son segment et fait des choses que Haesaerts ne fait pas. Aujourd’hui, le groupe peut presque tout faire dans le transport de produits liquides. Nous avons la bonne taille et le bon matériel.

TM : Nous n’avons pas encore parlé de Vandenbroek, que vous avez aussi repris…

R. Smets : La reprise de Vandenbroeck nous permettait de mettre un pied ans la distribution de produits chimiques. C’était une activité très complémentaire aux autres, et il est plus facile de trouver des frets de retour quand on transporte de l’alcool ou des détergents par rapport à d’autres spécialités où la flotte doit être dédiée.

TM : Pourriez-vous développer le transport d’acier  multimodal ?

R. Smets : Oui. Nous avons la connaissance des terminaux et des opérateurs pour le faire. Et l’avantage que nous avons c’est qu’il n’y a pas de gros déséquilibres dans nos flux, comme chez certains qui travaillent avec l’Espagne et la Turquie.

TM : Comment voyez-vous le marché évoluer ?

R. Smets : En 2021, nous avons vu la demande augmenter en flèche au moment où il n’y avait pas de chauffeurs et pas de tracteurs non plus. Nous avons décidé de trouver de la capacité même si c’était au détriment de la rentabilité, pour un temps. Au niveau des tarifs, nous étions de toutes façons liés par des contrats d’un an. Maintenant, j’espère que ceux qui auront besoin de capacité de transport en 2022 seront prêts à payer pour ça.

TM : 2022 sera-t-elle donc une année de consolidation ?

R. Smets : Altrea Logistics va se structurer autour de deux pôles : le transport en bâchées et le transport de vracs liquides et solides. Cette année, nous mettons l’accent sur la consolidation et l’amélioration du rendement, en particulier dans la division Bulk & Liquids qui va être placée sous la supervision d’une ‘tour de contrôle’. C’est quelque chose que nous allons réaliser avec nos systèmes IT et avec l’aide de l’intelligence artificielle.

Nous allons aussi investir dans le support, centraliser les achats, les services administratifs et la formation. Altrea Logistics va encore recruter, et pour ce faire nous devons gagner davantage en visibilité et en reconnaissance. Ca fait pas mal de chantiers à mener en 2022…

A plus long terme, je voudrais créer un pôle fort à Anvers, avec un centre de compétence dédié à nos activités Bulk & Liquids. Pelt restera le centre de compétence pour le transport bâché.

TM : Pas encore de plans pour construire un nouveau siège social ?

R. Smets : Nous allons construire quelque chose de nouveau, les plans sont prêts mais je ne sais pas encore quand nous lancerons l’investissement.

TM : Dernière question : à quelle limite la trajectoire de croissance d’Altrea Logistics se heurtera-t-elle ?

R. Smets : La limite est financière. Je veux rester l’actionnaire majoritaire du groupe.

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