Le volume total du transport intermodal a augmenté de plus de 50 % entre 2009 et 2021. Cependant, le spécialiste de la sécurité des transports Imbema constate que cette croissance explosive s’accompagne d’une augmentation de l’insécurité.
Imbema a lancé une enquête sur la criminalité dans le transport intermodal. Alors que les terminaux sont fortement surveillés, c’est surtout le voyage en train lui-même qui constitue désormais le point faible, à partir du moment où un transporteur voit ses remorques partir dans le train, parce que les trains restent souvent immobiles pendant des heures en cours de route dans des endroits sombres, non signalés ou mal gardés. Les transporteurs eux-mêmes constituent un deuxième maillon faible. Dans de nombreux cas, les transporteurs intermodaux anticipent les problèmes avec des conducteurs certifiés qui suivent un protocole strict pour se rendre à leur destination avec des remorques sécurisées, en passant par des parkings sécurisés. « Par contre, lorsque le tarif de transport est trop comprimé ou les contrats à court terme, cela fait obstacle aux mesures de sécurité. La situation financière de certains transporteurs les rend vulnérables aux pressions criminelles. Pour les expéditeurs, il s’agit souvent de calculer ce qui coûte le moins cher : sécuriser ou prendre ses pertes et remonter la chaîne. Pourtant, les transporteurs qui transportent des produits de grande valeur remarquent que la prévention fonctionne, dans la mesure où les criminels sont plus enclins à délaisser un conteneur ou une remorque qui est correctement sécurisé », explique Manolo de la Fuente, directeur des ventes SBS chez Imbema.
« Derrière la plupart des vols se cache le crime organisé international », affirme M. de la Fuente. « Il y a deux facteurs qui leur facilitent la tâche. Tout d’abord, la plupart des entreprises de transport sont préoccupées par la maîtrise des dommages et non par la prévention des crimes. Et en raison de la nature internationale des opérations, les criminels du transport restent sous le radar des autorités quand il y a une enquête. » Selon lui, il manque une approche européenne intégrée : « Au niveau national, il existe de nombreuses initiatives pour lutter contre la criminalité dans le transport intermodal, mais c’est un patchwork. Tant que le secteur des transports lui-même ne sera pas plus transparent sur ce qui se passe pendant le voyage, il n’y aura pas non plus d’approche intégrée. »
En attendant, de nombreux transporteurs se sentent impuissants. « Souvent, ils ne signalent même plus les vols. Parmi les (grands) chargeurs, nous constatons par contre une approche beaucoup plus duale. Ils font de la prévention d’un côté mais pèsent soigneusement les coûts de cette démarche par rapport aux pertes possibles. Cela s’explique aussi par le fait qu’une part importante de ces pertes ne retombe pas sur eux, mais bien sur le transporteur et indirectement sur la société », explique M. de la Fuente.
Imbema a publié un livre blanc (en néerlandais) contenant des conseils et quatre exemples pratiques, montrant ce que vous pouvez faire pour prévenir la criminalité dans le transport intermodal.