Je l’écrivais en conclusion de la journée ‘Business’ de notre nouvel événement Passion4Trucks en juin dernier : toute entreprise de transport d’une certaine taille doit avoir établi, pour la fin de cette année 2022, sa stratégie de décarbonation. Plus un transporteur tarde à établir ce plan, plus il risque d’être mis en difficultés dans les années à venir, et les annonces faites par les géants de la logistique ne font que conforter ce pronostic : même les entreprises internationales qui ne gèrent pas leur propre flotte passent commande, de manière parfois massive, pour des camions électriques, quitte à les sous-louer à leurs ‘partenaires de transport’. Il restera d’ailleurs à voir si ces ‘partenaires’ pourront s’y retrouver à la fin du mois et à la fin de l’exercice financier, mais passons sur ce point.
Il y a une autre raison pour laquelle il est urgent de mettre en place rapidement les premiers jalons d’une politique ‘zéro-émissions’ : si les camions à batteries (et le raisonnement vaut aussi pour les camionnettes) font partie de cette stratégie, alors le problème n’est plus tant de savoir si l’autonomie des batteries sera suffisante (ce n’est qu’une question de temps pour que ce soit souvent le cas) que de savoir si et où on pourra recharger ces batteries. Les installateurs de bornes de recharge ne savent plus où donner de la tête, et cela provoque des retards de livraison parfois inquiétants (et Transportmedia est bien placé pour le savoir, nous attendons nos premières bornes depuis 18 mois…), mais ce n’est là qu’un problème secondaire.
La pierre angulaire de tout le système est la disponibilité de l’électricité nécessaire. Un grand patron qui posait la première pierre d’un nouveau hub de distribution me disait qu’il pensait bien qu’il y aurait de quoi alimenter sa flotte de 60 camionnettes, mais qu’il n’était pas du tout certain que le prochain transporteur à passer au tout-électrique dans la même zone industrielle aurait, lui, assez de ‘jus’. Un consultant en électrification ose dire aux transporteurs qu’ils deveont peut-être déménager car leur localisation actuelle ne sera peut-être plus idéale avec une flotte électrique; Et il se dit que certains gestionnaires de réseaux (wallons) ont d’pres et déjà cartographié des zones où il y aura suffisamment d’élerctricité pour tous les véhicules. Ce qui sous-entend que l’on manquera de courant dans d’autres zones, sur base de critères que personne ne connaît.
Je ne suis donc toujours pas convaincu par ceux qui prétendent que l’hydrogène n’a aucun rôle à jouer pour décarboner le transport routier, et même la mobilité en général. Pourvu que l’année 2023 nous amène quelques réponses concrètes à ce sujet…