Transports Dumenil : tomber parfois, et toujours se relever

L’histoire des Transports Dumenil est faite de tous ces petits et grands moments qui font la vie des petites entreprises, avec des hauts et des bas. Sauf que l’histoire personnelle d’Alain Dumenil est tout sauf ordinaire, puisqu’il a dû se battre à une époque pour continuer à conduire malgré l’amputation de ses deux jambes.

A 62 ans, Alain Dumenil a trouvé quelqu’un pour reprendre sa petite entreprise de transport. De quoi lui permettre d’envisager la vie de manière un peu plus paisible après avoir surmonté bien des obstacles. Mais s’il regrette un peu ‘le transport routier d’avant’, Alain Dumenil ne nourrit certainement aucun regret.

Né dans le camion

« Je suis véritablement né dans le camion », raconte Alain Dumenil. « Mon père Joseph avait créé une société en 1957 pour distribuer des produits pharmaceutiques. Il allait chercher les produits chez les grossistes ou dans les laboratoires, souvent dans la région de Bruxelles, puis il faisait le tri des marchandises, les rechargeait et effectuait des livraisons dans les pharmacies entre Namur et Tournai. Ca a commencé en voiture, puis il a acheté son premier camion, et ensuite l’entreprise a commencé à se développer et il a acheté un deuxième camion. »
En 1967, un autre petit transporteur de la région a un accident mortel. Joseph Dumenil décide de racheter le semi-remorque neuf que son confrère utilisait. « Mon père a passé sa compétence professionnelle pour le transport national et a commencé à rouler pour l’Usine à Tubes de Jemappes. C’était un travail régulier qui payait bien. Son entreprise a ensuite commencé à travailler pour Glaverbel et s’est ainsi développée jusqu’à compter huit tracteurs et deux camions de messagerie en 1978 », poursuit Alain Dumenil qui entre comme chauffeur dans l’entreprise familiale en 1980.
Alain Dumenil roule surtout sur l’Italie avec des chargements de feuilles de verre produites par Glaverbel à Moustier-sur-Sambre (c’était avant l’arrivée des premières semi-remorques tiroir), mais c’est sur la route vers l’Italie qu’il va faire une rencontre malheureuse un jour de 1982 : à Sommesous, sur la N77, un autre chauffeur distrait provoque une collision frontale avec son camion.
« On a dû m’amputer des deux jambes et je suis resté un an à l’hôpital. Mais que faire après ? J’ai terminé mes humanités, mais mon père est décédé en 1984. J’ai décidé de reprendre la société et de passer ma compétence professionnelle. A l’époque, il y avait des délais de six mois ! Il ne restait plus que deux camions dans la société. J’ai voulu tout reconstruire et le succès a vite été au rendez-vous, mais j’ai probablement vu trop grand. A un moment, j’avais 28 camions mais j’étais un peu dépassé ! »
La croissance de l’entreprise a été trop rapide. Alain Dumenil repart de zéro, plus doucement cette fois. « J’avais appris de mes erreurs. Pour tout garder sous contrôle, je me suis arrêté à huit camions, d’autant que je voulais continuer à rouler moi-même », explique-t-il. C’est qu’Alain Dumenil s’est aussi battu pour reprendre le volant.

Tel le phénix…

En 1985, il réussit à se faire rendre son permis de conduire : « On ne m’a pas tout de suite rendu mon permis CE, mais bien un permis BF. Ensuite mon médecin m’a déclaré apte à conduire un camion adapté et puisque le ministère ne disait rien, j’ai été à la commune où on m’a rendu mon permis CE. » Entre temps, Alain Dumenil a réussi à se faire construire un camion adapté à son handicap. C’était un Volvo équipé d’une boîte automatique Geartronic et sur lequel est installé un système de commande pour l’accélérateur et les freins qui est finalement validé par le CARA (Centre d’Aptitude à la Conduite et d’Adaptation des Véhicules).
Pendant plus 25 ans, Alain Dumenil dirige son entreprise et continue à conduire. Tous les jours, il se hisse dans sa cabine à la force du poignet et roule principalement entre la Belgique et la région lyonnaise. Avec quelques moments cocasses comme ce jour où il est resté bloqué à une barrière de péage automatique : « Pas moyen d’ouvrir ma porte ! J’ai dû appeler quelqu’un pour m’aider, mais personne ne voulait venir. Vous auriez dû voir la tête de l’employé quand il s’est rendu compte que je n’avais pas de jambes… », s’amuse encore Alain Dumenil, qui se remémore aussi les bons moments passés avec d’autres chauffeurs belges dans les restaurants routiers sur la route vers le val d’Aoste.

L’histoire n’est pas finie…

Aujourd’hui, Alain Dumenil a fortement réduit ses activités. Il ne conduit plus lui-même depuis une dizaine d’années (« Ca devenait trop dur de monter dans la cabine. ») et n’a gardé que ses meilleurs clients et ses meilleurs chauffeurs. « Il y a six ans, j’avais encore six camions, mais tout est devenu très compliqué. Les contrôles sont vraiment devenus extrêmes, cela devient de plus en plus difficile de trouver de bons chauffeurs et le Covid n’a rien arrangé. Aujourd’hui, je n’ai plus que deux camions qui roulent pour Ziegler, dont un qui fait des enlèvements et des livraisons 24 heures sur 24 est un autre qui est basé chez eux à Rekkem. »
L’entreprise va toutefois continuer à exister. Alain Dumenil a trouvé en Stéphane Poivre un repreneur passionné par le transport qu’il est prêt à accompagner pendant un certain temps encore. Les Transports Dumenil ont décidément une histoire trop riche pour ne pas connaître une nouvelle renaissance…
A l’heure de se consacrer pleinement à sa famille et à son fils de neuf ans, Alain Dumenil ne nourrit aucun regret : « Je suis fier de ce que j’ai fait de ma vie et parce que j’ai appris de mes erreurs. Parfois, j’ai eu la chance d’être au bon endroit au bon moment, et j’ai su en profiter… » Quand on connaît son histoire, cette dernière phrase a tout d’une belle leçon de vie.

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