[INTERVIEW] Henry Van Rooijen : « Les gens devront toujours manger »

Van Rooijen Logistiek est un transporteur familial fondé en 1947 à Eindhoven. Aujourd’hui, l’entreprise est dirigée par la 3e génération représentée par Henry et Maik Van Rooijen, propriétaires de l’entreprise. En 1993, une succursale a vu le jour à Turnhout et quelques années plus tard, le siège social s’y installait. Henry Van Rooijen explique cette décision stratégique et comment il voit l’avenir.

Van Rooijen Logistiek est actif à Eindhoven et à Turnhout dans le transport et la logistique de biens de consommation (FMCG), alimentaires (Food, ‘ambiants’ et réfrigérés), de produits de soins et électroniques. Par ailleurs, le site de Turnhout est aussi actif dans la logistique pharmaceutique et celui d’Eindhoven dans le transport d’isotopes vers les hôpitaux. Eindhoven possède en outre un terminal ferroviaire qui accueille quatre trains par semaine en provenance de Rotterdam.
« Van Rooijen couvre les Pays-Bas depuis Eindhoven et la Belgique et le Luxembourg depuis Turnhout », explique H. Van Rooijen. « Pour des raisons historiques, la filiale néerlandaise est toujours la plus importante, mais le ratio en termes de chiffre d’affaires n’est pas à l’avenant. Aux Pays-Bas, c’est 35 millions € et à Turnhout 32 millions. En effet, la croissance y a été plus importante qu’à Eindhoven. En 2017, nous avons fait le choix de développer Turnhout avec plus de bureaux, un entrepôt pharma et un cross dock. »
H. Van Rooijen ne voit pas de réels changements dans la combinaison des activités à l’avenir. « Les gens devront toujours manger et se soigner. Il y a encore beaucoup de potentiel de croissance sur ces marchés », dit-il. Une expansion géographique n’est pas non plus à l’ordre du jour. « Nous pouvons couvrir tout le Benelux depuis nos deux sites. La Wallonie aussi. Parfois, nous impliquons des partenaires locaux, par exemple pour servir les petits détaillants ou les maisons de repos, mais un nouvel emplacement n’est pas nécessaire là-bas. D’ailleurs, au départ de la Campine, il est plus facile de se rendre en Wallonie qu’en Flandre orientale et occidentale à cause des problèmes de congestion à Anvers. Si nous devions ouvrir une troisième succursale, ce serait plutôt à Gand qu’en Wallonie. »

Entreprise belge

Plusieurs raisons ont poussé la société à devenir une société de droit belge il y a une vingtaine d’années. « Maik habite dans la région de Turnhout depuis 1990 et moi depuis 1998. Nos enfants ont grandi ici et ont des amis belges. Par rapport à la génération suivante, il était plus facile d’assurer la pérennité de l’entreprise en transférant le siège social en Belgique et en évitant ainsi les tracas fiscaux d’une transmission. Deux des enfants de Maik travaillent déjà dans l’entreprise et un des miens. En tout cas, la relève est là. »
Cette décision était en partie motivée à l’origine par un ‘picorage’ fiscal, admet-il. « Mais aujourd’hui, les différences sont beaucoup plus faibles, en termes de fiscalité, de structures et de salaires. Même avec l’indexation des salaires belges de plus de 10 % en janvier 2023. Aux Pays-Bas, la CCT prévoit une augmentation de salaire de 8 % voire plus. Il n’y a donc pas de grande différence. »
Selon lui, cette forte hausse des coûts salariaux devra être répercutée. « Ce sera plus facile que si l’augmentation n’était que de 1 ou 2 %. Dans ce cas, souvent, vous n’entamez pas la discussion avec le client. Mais maintenant… »
« En fait, les salaires ont un impact moindre sur les opérations commerciales que la disponibilité de la main-d’œuvre, même pour une entreprise comme la nôtre avec très peu de rotation. Aux Pays-Bas, trouver des magasiniers – de nuit surtout – constitue le plus gros problème et en Belgique ce sont les chauffeurs qui manquent. Je suis favorable à une revalorisation des salaires dans l’ensemble du secteur : avec des salaires décents, il sera plus intéressant de travailler dans la logistique », déclare Van Rooijen.

Problématique énergétique

L’énergie est un sujet d’inquiétude pour lui. « Je suis partisan du transport électrique, mais son introduction n’est pas évidente. L’autonomie des e-trucks est désormais correcte, mais le réseau peut-il suivre ? Les panneaux solaires produisent en journée, quand les camions roulent. Il faut donc des batteries alimentées par les panneaux solaires et le réseau. Il faut une quantité d’énergie effarante pour faire rouler toute une flotte de poids lourds. Selon moi un obstacle majeur. En revanche, je crois aux véhicules hybrides en guise de transition, pour un usage électrique uniquement en ville. Mais même ceux-là sont déjà deux fois plus chers. »

Peu de différence de mentalité

On dit souvent que les salariés néerlandais sont plus directs et les Belges plus modestes. Selon Henry Van Rooijen, c’était peut-être le cas dans le passé, mais plus maintenant. « Depuis 1993, les deux cultures se sont rapprochées, notamment en Campine. L’augmentation du travail frontalier a encore atténué cette distinction. En fait, la différence de mentalité entre Eindhoven et Amsterdam, par exemple, est beaucoup plus grande », explique-t-il.

Van Rooijen en bref

• Chiffre d’affaires : 67 millions € (65 % transport et distribution, 35 % entreposage et services à valeur ajoutée)
• Eindhoven : 375 salariés, 115 tracteurs et 190.000 m² de terrain.
• Turnhout : 280 employés, 90 tracteurs et 120.000 m² de terrain.
• 450 semi-remorques.

lisez aussi

Événements à venir

VOUS NE RECEVEZ PAS ENCORE NOTRE NEWSLETTER HEBDOMADAIRE? ALORS INSCRIVEZ-VOUS DÉS MAINTENANT!

  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.
transport media logo