L’annonce par le ministre fédéral de la Mobilité Georges Gilkinet d’autoriser la conduite d’une camionnette électrique de 4.25 tonnes avec un permis B ne suscite pas l’enthousiasme. Selon la Febetra, trop de conditions annexes n’ont pas été prises en compte. 

Il y a d’une part le sentiment que cette notion de projet-pilote est surtout un moyen pour le gouvernement fédéral de remettre les décisions importantes à plus tard, avec une grosse incertitude sur le statut de ces camionnettes électriques et de leurs conducteurs à l’expiration du projet-pilote (pourront-ils continuer à rouler ?). Mais Isabelle De Maegt, porte-parole de la Febetra, pointe trois problèmes pratiques que le projet d’Arrêté Royal de Georges Gilkinet n’aborde pas.

D’une part, tout véhicule utilitaire de plus de 3.5 tonnes doit être équipé d’un tachygraphe et respecter les temps de conduite et de repos. Ce sera aussi le cas pour tout utilitaire léger engagé en transport international de marchandises dès le 1er juillet 2026, mais le projet-pilote belge doit démarer cette année encore. « Les Pays-Bas, qui ont déjà achevé leur projet-pilote et qui sont passés à une autorisation permanente, ont tenu compte de la question en dispensant de tachygraphe les véhicules qui roulent dans un rayon de 100 kilomètres autour de leur base. En Belgique, rien de tel n’est prévu, ni dans un sens ni dans l’autre », explique Isabelle De Maegt.

Deuxièmement, une camionnette électrique de 4.25 tonnes devrait logiquement être soumise au paiement de la taxe kilométrique, ce qui risque de rendre leur utilisation non rentable dans pas mal de cas. Ce point ressort cependant des trois régions et non du fédéral, mais un minimum de coordination entre les quatre ministres de la Mobilité concernés pourrait mettre une goutte d’huile dans la machine. Enfin, il y a la question de la limitation par certaines villes de l’accès aux poids lourds : là où les véhicules de plus de 3.5 tonnes sont interdits (sur base de la MMA, donc contrôlable par des caméras sur base des informations fournies par la DIV), une camionnette électrique de 4.25 tonnes sera-t-elle verbalisée ou pas ?

L’un dans l’autre, estime Isabelle De Maegt, toutes les conditions sont donc réunies pour que ce projet-pilote n’attire pas grand monde… et que la Belgique soit à nouveau à la traîne par rapport aux pays voisins.