C’est peu dire que la venue du Tesla Semi à l’IAA était très attendue. Et dès le premier jour d’ouverture au public, on faisait la file pour monter dans la cabine et pour faire quelques centaines de mètres au volant dans le hall 11. Au-delà du buzz, on en a aussi appris un peu plus sur l’arrivée possible de ce camions électrique en Europe.
La communication du constructeur américain est toujours aussi fragmentaire et cloisonnée mais Dan Priestley, le principal responsable du programme Semi, a tout de même levé un coin du voile lors d’une conférence pléniaire mardi en fin d’après-midi. Premièrement, il semble certain de pouvoir obtenir une homologation européenne pour son tracteur 6×4, malgré sa longueur de 670 cm. « C’est davantage une question de rayon de braquage que de longueur mais nous comptons évidemment sur la révision des règles européennes sur les masses et dimensions maximales », nous a confié un ingénieur sur le stand sous couvert d’anonymat. Mais avant d’obtenir une quelconque homologation en Europe, il faudra réduire la hauteur d’au moins 12 centimètres et la largeur d’au moins 5 centimètres. Plus facile à dire qu’à faire…
Dan Priestley a également donné des informations intéressantes sur le poids à vide du Semi : moins de 9 tonnes pour la version ‘300 miles’ et 10,5 tonnes environ pour la vesion offrant l’autonomie maximale (500 miles, soit environ 800 kilomètres). C’est environ 800 kilos de moins que le chiffre habituellement cité aux Etats-Unis et cela témoigne d’efforts d’allègement en cours et encore à venir. Avec une tare de 10,5 tonnes, le Tesla Semi serait tout à fait compétitif par rapport à un tracteur européen.
L’autre facteur sur lequel le Semi est attendu au tournant est sa consommation. Dan Priestley estime que le Semi est extrêmement compétitif dans ce domaine avec 1 kWh par kilomètre parcouru. Le seul point de comparaison valide à ce stade, ce sont les chiffres fournis par Daimler Truck à la fin du European Testing Tour avec deux eActros 600 : 1,02 kWh/km… mais avec une masse maximale de 40 tonnes et non 38 comme aux Etats-Unis. Le Tesla Semi promet donc d’être compétitif mais pas révolutionnaire.
Reste le concept très particulier de la cabine, où le chauffeur est assis en position centrale avec, il es vrai, une visibilité exceptionnelle sur la route… mais où il sera obligé de quitter son siège à la moindre barrière de péage ou à l’entrée de n’importe quelle entreprise. « Aux Etats-Unis, cela ne pose pas de problème, tout est électronique », nous a expliqué notre ingénieur anonyme. Pas sûr que les chauffeurs européens apprécieront. Tout comme ils chercheront en vain des espaces de rangement conformes à ce qu’ils ont l’habitude d’avoir, tant la cabine du Semi ets pleine de… vide. Les deux principaux compartiments de rangements ne sont accessibles que de l’extérieur et constituent la seule fonction de l’énorme espace à l’arrière de la cabine qui allonge le Semi de plusieurs dizaines de centimètres.