L’UPTR a fait établir par le cabinet BDO une analyse des bilans financiers 2023 des acteurs belges du transport et de la logistique. Il en ressort notamment que plusieurs indicateurs structurels se sont dégradés en 2023, conséquence d’un début de ralentissement de l’économie.
Par rapport aux études menées par BDO lors des années précédentes, il y a une différence de taille : là où l’étude ne portait auparavant que sur les sociétés de transport routier, elle englobe maintenant aussi les entreprises dont le code NACE est 521 (entreposage et stockage) et 522 (services auxiliaires des transports). Michaël Reul, Secrétaire Général de l’UPTR, s’en explique : « Il y a un lien de corrélation évident entre les entreprises actives sur ces deux segments d’activités. Transport et Logistique sont les deux facettes d’une même médaille et ce secteur suit les soubresauts des autres pans de l’économie. Le ralentissement de l’économie influe immédiatement sur les volumes de transport et les activités logistiques. »
Sur cet échantilon élargi, voici les principales conclusions de l’étude de BDO :
- la liquidité au sens général continue son amélioration et le délai moyen de paiement de la part des clients se réduit encore pour atteindre 51 jours (soit 4 jours de moins qu’il y a 4 ans).
- Les acteurs du secteur T&L payent leurs dettes commerciales trois jours plus tôt qu’ils n’encaissent leurs créances, ce qui augmente le matelas de trésorerie nécessaire au bon fonctionnement de leur cycle d’exploitation.
- le ratio de solvabilité se maintient à 42%, soit un chiffre toujours inférieur à la moyenne de l’économie belge. « Si cette dette permet de profiter d’un effet de levier financier (particulièrement en période de taux d’intérêt faibles), elle pourrait aujourd’hui mettre à mal certains acteurs avec, en 2023, un coût moyen de financement sectoriel s’établissant à environ 4% (contre 2% en 2022) », commentent Alexandre Streel (Partner) et Maxime Ledent (Manager) de chez BDO.
- le nombre d’entreprises présentant des fonds propres négatifs a augmenté
- la marge EBITDA, qui s’établissait à des niveaux records en 2020 et 2021 (sous l’impulsion notamment du commerce en ligne, exacerbé en période Covid), semble souffrir depuis 2022 du contexte inflationniste.
- la rentabilité sur fonds investis s’est légèrement détériorée, sous l’effet de la hausse des frais opérationnels (et notamment de la hausse des salaires) mais aussi financiers.
Alexandre Streel et Maxime Ledent synthétisent ce bilan financier : « […] sortant d’une période Covid ayant ‘boosté’ ses activités, le secteur Transport et Logistique montre quelques signes de ralentissement en 2023. En cause, essentiellement, un chiffre d’affaires en stagnation, des marges érodées par l’augmentation des frais de personnel, un ralentissement des investissements liés notamment à la hausse des taux d’intérêt, et un marché de l’emploi en perte de vitesse. Les réserves émises l’année passée, au sujet d’une ‘résilience sectorielle mise à l’épreuve’ en 2023, se sont donc bel et bien matérialisées. »
La conclusion revient à Michael Reul : » Nos nouveaux et futurs responsables politiques belges ne pourront feindre d’ignorer la situation économique du moment. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et ils ne sont pas bons. L’heure n’est pas à la taxation mais à l’accompagnement des PME vers la transition énergétique, dans un contexte global morose. »