Cet article a été publié dans LOGISTICS Management 72.
Les grands constructeurs d’équipements intralogistiques ne se contentent plus de fournir des appareils et des véhicules à leurs clients. Ils souhaitent de plus en plus contribuer à l’aménagement et à la gestion des entrepôts. L’impact croissant de l’informatique joue un rôle majeur dans cette évolution.
L’aménagement d’un entrepôt repose sur plusieurs disciplines. Au-delà du choix du matériel à utiliser (chariots élévateurs, transpalettes, AGV, convoyeurs, etc.), il s’appuie aussi sur l’agencement et l’exploitation aussi efficace que possible de l’espace, des ressources humaines et matérielles, tout en intégrant des outils de suivi. Malgré l’existence d’une industrie florissante de partenaires informatiques et d’intégrateurs, nous constatons ces dernières années que les fournisseurs traditionnels d’équipements intralogistiques investissent également ce domaine. Ils se positionnent de plus en plus comme des intégrateurs pour leurs clients, façonnant ainsi l’image d’un acteur intralogistique opérant comme ‘one-stop-shop’. Ceci étant, certains acteurs majeurs du secteur affichent leur propre spécificité dans cette approche.
Sur-mesure
Chez Motrac, importateur de la marque allemande Linde, l’accent est mis sur une gamme qui comprend aussi bien des chariots élévateurs classiques que des engins de magasinage et diverses solutions AMR autonomes. « L’offre évolue constamment, avec des mises à jour régulières dans toutes ces catégories de produits afin de proposer les dernières technologies disponibles », déclare-t-on chez Motrac. « Pour répondre à la demande croissante d’automatisation, nous avons renforcé en interne notre équipe Motrac Automatisation afin de garantir un service optimal dans ce domaine. Nous observons également une augmentation de la demande de flexibilité. Dans ce marché particulièrement incertain, les clients hésitent à s’engager sur des durées de contrat standard. Nous leur proposons, dans la mesure du possible, des contrats flexibles et sur mesure. »
Les clients de Motrac peuvent compter sur un service après-vente complet. « Ils peuvent aussi faire appel à nous pour la réorganisation de leur entrepôt, et nous proposons des solutions innovantes et durables de nettoyage de sol via notre autre marque, Tennant. »
Pionniers
Jungheinrich se targue d’être un pionnier dans ce domaine. Joppe Jacoby, Manager Technical Sales Mobile Robots de Jungheinrich Belgium : « Une approche intégrée fait partie de notre ADN. L’intégration des AGV et des convoyeurs constitue un volet de nos activités depuis des années. » Grâce à l’acquisition de développeurs informatiques, comme le groupe ISA et la start-up Magazino spécialisée dans la navigation en entrepôt, Jungheinrich renforce son positionnement en tant que fournisseur de solutions intégrées. La reprise d’Arculus en 2020 a également permis d’intégrer la production d’AMR.
« Software is key », souligne J. Jacoby. « L’intelligence qui pilote les machines est cruciale. C’est pourquoi nous avons acquis en 2022 Magazino, une start-up allemande spécialisée dans les technologies de navigation de pointe pour robots. » Les premiers produits issus de cette acquisition arrivent désormais sur le marché.
J. Jacoby insiste également sur un aspect clé de cette évolution favorisant l’intégration : « Miser sur l’automatisation, c’est aussi fidéliser les clients. En les accompagnant dans la mise en place de systèmes de gestion et d’automatisation d’entrepôts, nous nous ancrons au cœur de leurs opérations quotidiennes. Les engins Jungheinrich de nouvelle génération peuvent communiquer entre eux, permettant ainsi aux clients d’organiser l’ensemble de leur flux logistique avec nos produits. »
TALG
Au cours des dernières années, Toyota a acquis plusieurs entreprises dans le domaine de l’intralogistique (l’intégrateur Bastian Solutions, le spécialiste en automatisation logistique et optimisation des processus Vanderlande et le prestataire logistique Viastore) pour renforcer sa position sur le marché des solutions intégrées et automatisées. Ces entités sont regroupées sous la filiale Toyota Automated Logistics Group (TALG). Toyota considère ces solutions comme complémentaires aux chariots élévateurs et engins de magasinage proposés via Toyota Material Handling.
Outre les constructeurs, les distributeurs s’intéressent aussi au spectre complet. Chez B-Close, distributeur notamment des chariots Hyster, cette approche intégrale est devenue la norme. « Grâce à notre stratégie multimarques, nous sommes toujours en mesure de répondre aux besoins des clients », explique Kurt Boudt, Marketing Manager. « En plus des innovations de nos fabricants, nous proposons également, en tant qu’acteur indépendant, des solutions qui ne font pas partie de notre offre exclusive, notamment des AMR ou AGV spécifiques. »
« Nous aspirons à être un ‘one-stop-shop’, tant au niveau régional que national », ajoute-t-il. « Cela implique non seulement de fournir les produits, mais aussi de ne pas négliger l’après-vente. Et voici une USP importante de B-Close : notre service de maintenance multimarques, offrant ainsi un point de contact unique à nos clients, au-delà des marques. »
Des solutions au lieu de produits
Still observe également une demande accrue pour des solutions intégrées et développe sa division A&IS (Automated & Integrated Solutions). « Pour accompagner cette croissance, nous ne nous contentons pas de développer cette division mais faisons profiter l’ensemble de l’organisation de son expertise », précise Sandra Herlaar, Marketing Manager Benelux. « En matière d’automatisation, nous misons sur des mots-clés tels que : évolutivité, flexibilité, rapidité d’implémentation et accessibilité. Nous avons toujours privilégié une approche orientée solutions plutôt que produits. »
Still accompagne ses clients dans divers aspects : conseils, achats, gestion des batteries, financement, leasing, location à court terme, service après-vente… « Face à la demande croissante pour des solutions automatisées, nous les intégrons dans notre concept de one-stop-shop. Cependant, offrir cette solution globale n’entraîne qu’une petite adaptation dans la mesure où nous étions déjà dans cet état d’esprit », poursuit S. Herlaar. « Bien sûr, l’implémentation de ces projets exige une approche différente de celle du one-stop-shop que nous avions il y a dix ans. Mais en renforçant nos équipes avec des spécialistes de ce type de projet, cela ne pose pas de problème. »
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Work in progress
Si la tendance du one-stop-shop est claire, tous les acteurs n’en sont pas au même stade dans leur projets d’intégration. Certains grands noms travaillent encore à l’expansion de leurs services dans ce domaine, sans être prêts à fournir des détails concrets pour l’instant. Comme on dit en anglais : the one-stop-shop is work in progress.