transport media logo

Vecto pour le matériel tracté – Perfectible… mais cher

Les remorques et semi-remorques sont désormais concernées par la réduction des gaz à effet de serre. Utilisant comme base le système Vecto qui simule déjà les émissions des véhicules à moteur, la Commission européenne impose maintenant des efforts aux constructeurs de matériel tracté.

Mais pourquoi diable mesurer les émissions de CO2 d’un engin qui ne possède pas de moteur ? Parce que la semi-remorque a un impact non négligeable sur la consommation du véhicule qui la tracte et sur l’autonomie d’un camion électrique. La Commission européenne a donc fait voter en 2022 le règlement 1362 qui impose aux constructeurs de matériel tracté de soumettre leurs modèles à une simulation Vecto.

Mesurer, puis réduire

Sont concernées toutes les (semi-)remorques de plus de 8 tonnes à carrosserie fermée. Selon le consultant Clear, cela représente environ 59 % du parc total en Europe. Depuis le 1er juillet 2024, elles doivent être soumises à l’outil Vecto Trailer Tool. « Nous devons fournir pour chaque modèle toute une série de données et le logiciel simule l’impact CO2 avec un tracteur standardisé sur un trajet en cycle urbain, régional et long-courrier. », explique Paul Stempfle, directeur du développement chez Kögel. Les performances que cet outil calcule doivent figurer dans le dossier d’information du client. En théorie, un état membre peut utiliser ces informations pour moduler ses tarifs de péage.

Les données récoltées pendant les 12 premiers mois servent de référence pour chaque constructeur, qui devra avoir réduit ses chiffres de 10 % entre 2025 et 2030 (les négociations avaient débuté avec un objectif de +15 %). C’est l’objet du règlement 1610 voté en 2024.

Danger pour les petits constructeurs

« C’est une mesure tout à fait logique puisque 60 % de la résistance à l’air d’un ensemble routier est causé par la semi-remorque », explique Abdullah Jaber, CEO de Trailer Dynamics, une société qui développe des solutions de motorisation électrifiée pour semi-remorques. « La bonne nouvelle c’est que nous allons pouvoir développer des projets beaucoup plus intéressants si nous voulons jouer notre rôle dans la réduction des émissions de CO2 du transport routier.»

Cet optimisme n’est pas partagé dans toute l’industrie. Damien Destremau, CEO du Reefer Group qui produit notamment Chereau et SOR Iberica, est assez sévère : « L’objectif est noble mais les délais sont trop courts. D’autre part, adapter les remorques pour réduire les émissions de CO2 nécessite des investissements importants. Tous ne pourront pas suivre financièrement et je crains un grand nombre de faillites dans le secteur, surtout chez les petits constructeurs. »

En outre, le règlement ne tient pas compte des particularités des semi-remorques sous températures contrôlées : rien n’encourage par exemple les constructeurs à utiliser des groupes froid électriques, puisque l’outil Vecto Trailer ne s’occupe que de la résistance au roulement. Les choses pourraient cependant changer dans un deuxième temps mais en attendant la mesure est contre-productive, estime notamment Christophe Danton (Chereau) : « Nous lançons une novelle isolation qui permet d’épargner 20 % d’anergie au niveau du groupe frigo mais qui est un peu plus lourde. C’est vertueux mais Vecto n’en tient pas compte. Idem si un client nous demande de placer un pack de batteries pour alimenter un groupe frigo électrique.»

Un constructeur qui n’atteindrait pas ses objectifs Vecto pourrait recevoir des amendes en centaines de millions d’euros.

De plus en plus cher…

Pour atteindre leurs objectifs, il est probable que les constructeurs imposeront des pneus à faible résistance au roulement (même dans les cas où ce n’est pas le choix idéal) et qu’ils utiliseront davantage d’appendices aérodynamiques (mais ceux-ci sont souvent fragiles). On pourrait même voir réapparaître des pneus de type ‘super single’…

Les efforts d’allègement vont aussi s’intensifier mais selon des informations recueillies à l’IAA 2024, la combinaison entre des pneus à basse résistance, quelques artifices aérodynamiques et un allègement de la semi permettrai ‘atteindre 8 %, pas 10. On ne peut donc pas exclure que certains constructeurs n’intègrent dans leur prix de revient le coût des amendes qu’ils auraient à payer en cas d’objectif non atteint en 2023.

Quoi qu’il en soit, les semi-remorques seront plus chères.

Les constructeurs de matériel tracté devront abaisser leurs résultats Vecto de 2 % par an d’ici 2030.

Qu’est-ce qui influence la performance Vecto d’une semi-remorque ?

  • Le poids
  • Le coefficient de pénétration dans l’air
  • La taille et la performance des pneus
  • Le type d’essieu (relevable ou non) mais les semi-remorques à essieu moteur devraient être considérées comme des véhicules à émissions nulles
  • Monte simple ou double
  • Performance du groupe frigo dans le cas d’une semi frigorifique

lisez aussi

Événements à venir

VOUS NE RECEVEZ PAS ENCORE NOTRE NEWSLETTER HEBDOMADAIRE? ALORS INSCRIVEZ-VOUS DÉS MAINTENANT!

  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.