EV Belgium est la fédération professionnelle pour le secteur de la mobilité électrique. Avec son directeur Philippe Vangeel, nous avons abordé les questions relatives à l’infrastructure de recharge pour véhicules utilitaires.
Philippe Vangeel s’est montré optimiste quant au développement de l’(électrification mais il a aussi pointé du doigt la responsabilité des différents niveaux de pouvoir en Belgique.
VAN Management : Avez-vous une idée du type d’endroit où se rechargent les véhicules utilitaires en Belgique en 2025 ?
Philippe Vangeel : Les utilitaires légers électriques sont surtout rechargés au siège de l’entreprise, ou alors en route quand ils doivent parcourir de longues distances. Nous avons par contre assez peu d’informations sur les recharges effectuées au domicile des travailleurs.
VM : Est-ce que la situation des utilitaires légers est sur ce point comparable à celle des voitures de société ?
P. Vangeel : Absolument ! Les deux catégories de véhicules utilisent d’ailleurs la même infrastructure de recharge.
Des retours d’expérience positifs
VM : A-t-on déjà assez de retours d’expérience sur l’impact des différents modes de recharge sur le SoH (State of Health) de la batterie ?
P. Vangeel : Oui, et cela ne cesse de s’améliorer. Les dernières études montrent que la recharge lente n’a aucun impact sur l’état de la batterie et que la recharge rapide n’a pas un impact négatif aussi important qu’on ne le pensait. La durée de vie des nouvelles batteries est donc plus longue qu’espéré et on commence d’ailleurs à voir des voitures électriques couvertes par une garantie de 10 ans ou un million de kilomètres. C’est un signal de confiance dans la technologie.
VM : Il existe des dizaines de marques de bornes de recharge. Certaines sont-elles plus sûres que d’autres ?
P. Vangeel : Je ne dirais pas cela. Toutes les bornes doivent répondre à des normes de sécurité. L’installation doit aussi répondre aux prescriptions du RGIE, le règlement général pour les installations électriques.
La transparence arrive
VM : Quand aura-t-on davantage de transparence au niveau des tarifs des stations (semi-)publiques?
P. Vangeel : Cette transparence devrait en fait déjà exister. C’est prévu par le règlement européen AFIR qui est entré en vigueur en avril 2024. Chaque opérateur doit communiquer sur ses tarifs de manière transparente, quel que soit le mode de recharge, avant que le consommateur ne recharge son véhicule. Pour un chargeur rapide, cette information doit être affichée sur l’écran de la borne.
Au début, les autorités belges ont appliqué une forme de tolérance mais les contrôles débutent, avec le risque pour l’opérateur qui ne se conforme pas au règlement AFIR de recevoir une amende.
VM : En Allemagne, il faut aussi informer le client sur la puissance effective de chaque borne. Quand sera-ce le cas en Belgique ?
P. Vangeel : C’est aussi inclus dans le règlement AFIR mais c’est à chaque état membre de le faire appliquer. En Belgique, c’est un peu plus compliqué parce que c’est une compétence régionale.
VM : Est-ce que les trois régions y mettent la même bonne volonté ?
P. Vangeel : Pour l’instant, je ne peux pas répondre à cette question… On devait être prêts pour le 31 décembre 2024 mais cela n’a pas été le cas.
VM : Le règlement AFIR impose aussi un certain nombre de stations de recharge rapide pour les poids lourds le long des grands axes européens. Quand la Belgique sera-t-elle en ordre ?
P. Vangeel : On a encore du temps et on voit quand même de nouvelles stations apparaître mais on s’aperçoit aussi que les parkings autoroutiers n’ont pas toujours la capacité électrique suffisante pour accueillir des chargeurs rapides. Mais je pense que la Flandre, en tout cas, sera en ordre à temps.
Quel ROI pour une station de recharge ?
VM : Quand le réseau de recharge ne sera-t-il plus un obstacle à l’électrification des flottes d’utilitaires ?
P. Vangeel : Puisque les utilitaires légers peuvent utiliser tous les types de bornes, je dirais que c’est déjà le cas aujourd’hui en Flandre. Il faut même faire attention à ne pas surdimensionner les réseaux.
VM : Y a-t-il un risque que certains exploitants de stations de recharge doivent un jour cesser leurs activités ?
P. Vangeel : Pour l’instant, nous proposons plus de points de recharge que nécessaire. Il faut donc que le nombre de véhicules électriques augmente sinon cela pourrait mettre certains exploitants en difficulté.
VM : Quel est le ROI classique d’une station de recharge ?
P. Vangeel : On parle généralement de dix ans, ce qui est aussi la durée de vie prévue pour les bornes.
VM : Où reste-t-il encore des points à améliorer en Belgique ?
P. Vangeel : La technologie est là, et en ce qui concerne les utilitaires légers, la seule chose qui doit encore être mise en ordre est le cadre fiscal qui doit rester favorable aux véhicules électriques. L’électrification doit rester un choix logique.
VM : Qu’entendez-vous par ‘cadre fiscal favorable’ ?
P. Vangeel : Quand on applique le principe du pollueur-payeur, par exemple quand s’appliquera le système ETS2 qui rendra les carburants fossiles plus chers.