Selon Transport & Environment, six constructeurs de poids lourds (Scania, MAN, Volvo Trucks, Daimler, Iveco et Ford Trucks) ont écrit à la Commission européenne pour lui demander d’abaisser les objectifs de réduction de CO2 qui leurs sont imposés pour 2030. Il ne s’agit donc pas d’une démarche officielle de leur association ACEA mais la démarche intervient alors que les ventes de camions électriques n’atteignent toujours pas (et de loin) le niveau nécessaire.
Pour atteindre l’objectif de -45 % par rapport aux émissions moyennes de 2019/2020, il faudrait vendre un camion sur 10 sans émission de CO2 en 2026 et cette proportion devrait augmenter de 5 % chaque année jusqu’en 2030. Ce sont les chiffres qui ont été montrés la semaine dernière par Thomas Fabian (Chief Commercial Vehicles Officer de l’association des constructeurs ACEA) lors de la conférence Commercial Vehicle Outlook de Dekra à Berlin. Or, les derniers chiffres fornis par les constructeurs montrent qu’on est loin du compte : l’ACEA estime la part de marché des camions électriques à 3.6 % mais même ce chiffre semble optimiste. Le leader du marché (Volvo Group) atteint 3.7 % mais les suivants sont loin : 1.8 % chez Daimler Truck, 0.7 % chez Scania et de chiffres encore plus résiduels dans les autres marques.
Les perspectives pour 2026 sont à peine meilleures si l’on s’en tient aux chiffres que les constructeurs communiquent sur leurs carnets de commande : 4.4 % chez Volvo Group, 1.5 % chez MAN et 0.6 % chez Scania (soit moins qu’en 2025). En d’autres mots, plus le temps passe, plus l’écart entre les chiffres du marché et l’objectif à atteindre risque de grandir. Les causes de cette faible progression sont connues : manque d’infrastructures de recharge, manque d’électricité dans certaines régions, difficulté à répercuter sur les clients un surcoût éventuel et TCO toujours pas favorable. Et ce n’est pas le report probable du règlement ETS2, qui aurait bénéficié aux camions électriques dès 2027, qui va arranger les choses.
Les six constructeurs demandent donc à la Commission d’amender le règlement sur les objectifs CO2. Selon T&E, il s’agirait de pouvoir générer des crédits d’émissions, ce qui compromettrait le niveau d’ambition de la réglementation et pourrait retarder la production et réduire les ventes de camions zéro émission de 27 % en 2030.



