Truck & Business Barometer : une très bonne année 2019, mais…

La confiance des transporteurs belges, tout comme celle des entrepreneurs en général, s’effrite. La faute à une demande plus faible (et à nouveau plus volatile), mais aussi à davantage d’incertitudes que de faits tangibles, Brexit en tête. Dans ces circonstances, le transporteur belge garde pourtant la tête assez froide.

L’année 2019 qui s’achève n’aura pas été aussi profitable pour les entreprises de transport belges que l’année 2018, mais le sentiment de satisfaction par rapport par rapport aux 12 mois écoulés reste très positif. Notre indice de satisfaction atteint une valeur de 6,77, soit un demi-point de moins qu’en avril. L’indice de confiance, par contre, chute pour la deuxième fois consécutive. Il retombe au niveau qui était le sien en avril 2016 (à cause de la taxe kilométrique) et en 2012-2013, soit autour des 5,7 points.

Stagnation inégale des volumes

Pourtant, les principaux paramètres qui déterminent la rentabilité d’une entreprise de transport sont restés largement dans le vert en 2019. Ainsi, les prix de vente ont-ils réussi à compenser la hausse des prix de revient de manière tout à fait satisfaisante : le taux de compensation de 72,8 % (voir graphique) n’avait été atteint qu’en 2007.
D’autre part, les tarifs de transport sont toujours considérés comme très corrects par 61,2 % des participants (- 2,6 % seulement par rapport à octobre 2018), et le taux de répercussion de la taxe kilométrique serait même plutôt meilleur. Dans ces conditions, 42 % des participants s’attendent à voir leur rentabilité progresser au terme de l’année 2019, soit 3 % de plus qu’il y a un an.
Qu’est-ce qui justifie donc la baisse de moral dont il est question plus haut ? Pour presque la moitié des participants au Baromètre, la stagnation de l’économie se traduit déjà par une baisse des commandes, voire par une nouvelle vague de pression sur les tarifs de transport. La baisse des volumes n’est cependant pas également répartie entre tous les secteurs : la chimie souffre, le secteur automobile aussi (mais pour des raisons qui lui sont propres), et le port d’Anvers est perçu comme trop calme. Et l’activité à Anvers est souvent un signe avant-coureur fiable.
Avec la stagnation des volumes, c’est toute la problématique des casseurs de prix qui refait son apparition. Concurrence déloyale, pays de l’est, pression des clients sur les prix… ce sont les vieux maux du transport, à peine tempérés par les semestres de haute conjoncture, qui reviennent hanter les transporteurs. Et ils sont peu nombreux à reconnaître qu’ils en sont eux-mêmes un peu responsables. Comme l’explique un participant, « ce sont les transporteurs eux-mêmes qui ont contribué à la surcapacité en utilisant depuis de nombreuses années des sous-traitants étrangers. Ces transporteurs ont appris à bien connaître notre marché et ils peuvent maintenant approcher directement nos clients avec des tarifs beaucoup moins élevés. »
Globalement, cependant, personne ne craint un retour à une crise comme en 2008/9. Les autres sources de prudence (ou de pessimisme, c’est selon) ne sont en effet pas (encore) quantifiables : Brexit (une fois de plus), incertitudes qui pèsent sur le climat économique mondial en raison de la guérilla économique des USA ou imminence d’une crise bancaire étaient attendues, mais l’absence de gouvernement fédéral pèse aussi sur le moral des transporteurs, tout comme le manque de confiance dans l’Europe qui fait pour la première fois son apparition dans les commentaires.

Haine anti-patrons ?

Dans ce contexte, comment évolue la relation entre employeurs et chauffeurs ? D’une part, 23 % des transporteurs ne se sentent plus menacés à court ou moyen terme par une pénurie de chauffeurs. En avril dernier, ils n’étaient que 10,5 %, et la baisse de la demande y contribue davantage que les efforts consentis pour recruter de nouveaux chauffeurs. Le ‘manque à transporter’ (les volumes que l’on pourrait transporter si l’on trouvait autant de chauffeurs que l’on voulait) recule quant à lui un peu (de 10,4 % à 7,57 %). Par contre, on note un net retour à la crispation dans les commentaires : l’attitude de certains chauffeurs est fortement critiquée, et un participant se plaint même d’une ‘haine anti-patrons’. Des termes que l’on n’avait jamais entendu dans le cadre de ce Baromètre… mais qui restent heureusement cantonnés à une infime minorité de réactions. Et cela n’empêche pas davantage de transporteurs de réfléchir à de nouvelles pistes pour attirer / fidéliser des chauffeurs, chèques-repas et bonus divers arrivant en tête de liste des avantages extra-légaux les plus souvent cités.
Terminons par les perspectives d’investissement. Elles restent positives, mais on note tout de même qu’une entreprise sur quatre ne prévoit plus que des investissements de remplacement (une sur douze en octobre 2018) et que le solde entre les flottes qui veulent encore s’étendre et les entreprises qui désirent réduire la taille de leur flotte passe en un an de 31,1 à 20,5. On a néanmoins l’impression que les transporteurs belges, face aux incertitudes qui planent au-dessus d’eux, gardent pour l’instant la tête froide.

Chiffres-clés

6,77/10 : le taux de satisfaction reste à un niveau très acceptable (- 0.51 par rapport à avril 2019)

3,07 % : l’augmentation moyenne des volumes de transport en 2019, de moitié inférieure à celle de 2018

-0,09 % : les volumes de transport de 2020 sont attendus en baisse pour la première fois depuis 2011

90,4 % des transporteurs prennent de nouvelles initiatives HR ou de recrutement, malgré le ralentissement de l’économie (+ 0,7 %)

5,9 % des transports sans répercussion possible de la taxe kilométrique (-1,9 %)

7,5 % de ‘manque à transporter’ à cause de la pénurie de chauffeurs (-1,0 %)

26,4 % des transporteurs n’envisagent aucun investissement dans leur flotte (+ 19,7 %)

 

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