OOK DAT NOG…
Les néerlandophones utilisent cette expression pour qualifier, avec un certain fatalisme, une circonstance désagréable qui vient s’ajouter à une litanie d’autres ennuis plus ou moins sérieux.
L’expression s’applique particulièrement bien à ce que vit le monde du transport en 2022. Après le Covid, les ruptures de chaînes d’approvisionnement, l’explosion de l’e-commerce et en pleine pénurie de chauffeurs, voilà que déboule une nouvelle crise de l’énergie qui envoie les prix des différents carburants dans les hautes sphères. Une fois de plus, les acteurs les plus fragiles (parce que plus petits ou moins bien structurés) voient le spectre de la perte de liquidités, voire la faillite, agiter ses grands bras maigres au-dessus de leur tête d’entrepreneurs.
Le cocktail est, il est vrai, explosif, mais il a au moins une vertu : les entreprises qui maîtrisent leurs frais d’exploitation sont mieux armées que les autres pour y faire face. Et une entreprise qui dispose de sa propre flotte (et de ses propres chauffeurs) est toujours moins exposée qu’une autre entreprise qui recourt massivement à la sous-traitance. A moins de presser ses sous-traitants comme des citrons, mais cette stratégie-là est désespérément court-termiste. Elle mène aussi à des excès comme l’emploi de mineurs d’âge dans la livraison de colis e-commerce (et on parle bien de la Belgique, pas des favelas au Brésil…).
Et pour épicer ce cocktail, les pressions se font de plus en plus fortes pour accélérer la transition de la mobilité vers le zéroémissions. En 2022, toutes les grandes entreprises de transport doivent avoir déterminé leur stratégie de décarbonation, sinon elles seront hors jeu d’ici deux ou trois ans. Mais les PME ? Elles n’ont ni les moyens financiers, ni (souvent) le temps nécessaire pour mettre en place une telle stratégie de décarbonation. Ce sont pourtant des maillons indispensables au bon fonctionnement des chaînes de transport. Qui va les faire monter à bord ?
Claude Yvens,
Rédacteur en chef.