TRUCK & BUSINESS 276 (mars 2021)


Un secteur en perte virtuelle

Le mot ‘virtuel’ est sur toutes les lèvres (enfin, derrière le masque chirurgical) depuis le début de la pandémie. En 2021 comme en 2020, ‘virtuel’ s’oppose à ‘physique’ quand il s’agit d’un rendez-vous et à ‘présentiel’ quand il s’agit d’une interview, mais en gros, le virtuel… ça commence à bien faire.
La réalité virtuelle, c’est autre chose. ‘Réalité’ et ‘virtuelle’, à priori, ce sont deux concepts que tout oppose. Une fois que vous posez un casque VR devant vos yeux, le concept prend cependant tout son sens. Un tel appareil n’est pourtant pas nécessaire pour se rendre compte de la situation précaire dans laquelle le secteur belge du transport routier se trouve.

Depuis 15 ans, nous analysons chaque année les bilans de tous les transporteurs qui en déposent un auprès de la Banque Nationale. En 2018, cet exercice nous apprenait par exemple que les 3641 sociétés de transport concernées déclaraient, ensemble, un bénéfice après impôts de 415 millions d’euros. Il faut rapprocher ce montant de celui qui nous était communiqué par Michael Reul (UPTR) dans l’anté-pénultième numéro de Truck & Business : en 2018, l’état belge a reversé 286 millions d’euros au titre du diesel professionnel à des entreprises belges. Soit 69 % du bénéfice total après impôts (même s’il faut tenir compte du fait que le diesel professionnel s’applique aussi au transport pour compte propre) !

Le transport routier belge vit sous perfusion du diesel professionnel.

En 2019, il y a fort à parier que le montant des remboursements soit du même ordre, mais quel est le bénéfice total des transporteurs belges ? 250 millions d’euros seulement. En d’autres termes, sans le diesel professionnel, le secteur est en perte virtuelle. Incapable de renforcer ses fonds propres. Incapable de prendre un risque financier pour innover dans un domaine ou un autre. Et ne parlons même pas de se verser un dividende.

« Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark », écrivait William Shakespeare dans Hamlet. Visiblement, le petit monde du transport routier, sous perfusion du diesel professionnel, n’est pas en bien meilleure santé, là où ses principaux fournisseurs cotés en bourse atteignent les 10 % de marge bénéficiaire.

Claude Yvens,
Rédacteur en Chef.

 

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