A la place du chauffeur
“Ca ne durera pas longtemps, mais nous sommes enfin à la place du chauffeur.” Cette réflexion m’a été faite récemment par un transporteur qui constatait qu’il était en mesure de négocier des augmentations de tarif avec ses principaux clients. En fait, il n’a pas exactement dit cela ; il a utilisé l’expression anglaise ‘in the driving seat’, qui indique que l’on est aux commandes de la situation. Dans notre secteur du transport routier, et à défaut d’une meilleure traduction, l’expression peut bien sûr prendre un sens tout particulier.
Sur un plan macro-économique, et quelles que soient les raisons qui l’expliquent, la reprise économique plus vigoureuse que prévu a créé une tension sur le marché du transport à tel point que de nombreux transporteurs peuvent (un peu) sélectionner leurs clients / missions de transport et augmenter leurs tarifs. Sur ce deuxième point, ils n’ont de toutes façons pas le choix puisque tout augmente autour d’eux, à commencer par le prix de l’énergie. Nous vous expliquons plus loin dans ce numéro que le matériel roulant va lui aussi renchérir, même à contenu technologique égal. Pour les hausses de tarifs, c’est donc maintenant ou jamais, de préférence avec des données tangibles à présenter au chargeur pour plaider sa cause. Un tableau de bord bien clair en quelque sorte.
Sur un plan micro-économique, et même s’il y a davantage de patrons qui n’ont pas été chauffeurs routiers dans une vie antérieure, se mettre (même fictivement) à la place du chauffeur reste un moyen imparable pour faire en sorte que les chauffeurs se sentent liés à l’entreprise. Et on peut lancer tous les groupes Whatsapp ou tous les programmes HR que l’on veut, si le chauffeur ne se sent pas avant tout respecté, il s’en ira ailleurs. Lui aussi a le choix. Et c’est lui qui est derrière le volant tant que les camions ne se conduisent pas tous seuls.
Soit dit en passant, les ‘transporteurs’ qui éprouvent le plus de difficultés à assurer leurs engagements commerciaux sont aujourd’hui ceux qui ne possèdent ni camions, ni chauffeurs. Cela ne durera peut-être pas, mais c’est de bonne guerre.
You’re in the driving seat.
Claude Yvens
Rédacteur en Chef