TRUCK & BUSINESS 280 (mars-avril 2022)

A mains nues contre un bazooka

Plusieurs jours avant le déclenchement de l’abjecte invasion russe en Ukraine (in tempore non suspecto donc), j’utilisais l’expression ‘sortir le bazooka’ pour qualifier le plan de soutien français au déploiement de camions électriques.
J’étais bien loin de me douter que l’expression prendrait un tour bien plus littéral du côté de Kiev. Depuis lors, les images de citoyens s’opposant à mains nues à des chars russes ont fait le tour du monde et, toutes proportions gardées, j’ai toujours l’impression que le transporteur belge va rapidement se trouver aussi démuni face à la concurrence étrangère. Je m’explique…

Nos trois grands voisins ont validé des plans de soutien massifs à l’achat de véhicules utilitaires électriques. L’Allemagne a même été plus loin en anticipant une tendance qui nous pend de toutes façons au nez : en surtaxant le carburant de 8 centimes au litre, elle s’inscrit déjà dans la logique des quotas d’émissions qui seront, tôt ou tard, imposés au transport routier. En Belgique… quasiment rien. Le résultat est éclairant : on y a immatriculé en tout et pour tout quatre camions électriques en 2021. Même chose du côté des utilitaires légers, où la part des véhicules électriques est à peine d’1 % alors qu’elle est de 4,65 % aux Pays-Bas.

« En 2025, les transporteurs belges risquent de perdre tous leurs appels d’offres. »

A très court terme, ce n’est pas inquiétant. A long terme, les conséquences pourraient être catastrophiques pour deux raisons. La première tient à l’expérience. Le cas des écocombis est à cet égard exemplaire : nos voisins du Nord ont désormais tellement d’expérience avec les ensembles de 25,25 m que les Belges se sentent obligés de faire preuve de protectionnisme pour ne pas perdre des marchés. Le même danger les menace avec la propulsion électrique (et demain avec l’hydrogène).

Mais il y a plus grave. Si, en 2025 par exemple (c’est-à-dire demain matin) un grand chargeur doit comparer les off res de plusieurs transporteurs européens et qu’à prix plus ou moins comparable le belge est le seul à ne pas rouler sans émissions de CO2, que croyez-vous qu’il arrivera ? Le transport belge risque tout simplement d’être eff acé de la carte d’Europe. L’inaction fédérale et régionale équivaut donc à envoyer le transporteur belge à se battre à mains nues contre une armée fortement équipée. Et il n’y aura pas beaucoup de cas où le camp d’en face fera demi-tour…

Claude Yvens,
Rédacteur en chef.

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