Le dumping social, ce fléau
Les chiffres sont alarmants : depuis 2012, sous l’effet notamment d’une concurrence étrangère sauvage, ce ne sont pas moins de 17.000 emplois qui sont passés à la trappe dans le secteur de la construction. Et 20.000 emplois supplémentaires sont directement menacés d’ici 2019 si aucune mesure concrète n’est prise. Le bilan du côté des entreprises n’est pas plus brillant : 2.000 d’entre elles ont mis la clé sous le paillasson en 2014 (contre 1.100 en 2007), tandis que 81 % des entrepreneurs belges ont perdu un marché au profit d’une entreprise étrangère au cours de la même année ! En cause, le dumping social, qui voit des entreprises étrangères bénéficier de coûts de 25 à 30 % moindres que ceux assumés par les sociétés belges. Intolérable, tout simplement. Il est donc grand temps de réagir et, pour une fois dans un bel ensemble, les partenaires sociaux (organisations patronales et syndicales) et les autorités publiques ont convenu d’une batterie de 40 mesures afin de lutter contre la fraude et le dumping social. On épinglera notamment la limitation à deux du nombre de sous-traitants, l’obligation dans le cadre des marchés publics de justifier des prix anormalement bas, l’extension aux plus petits chantiers de l’enregistrement obligatoire des présences, la mise en place d’une campagne de sensibilisation,… Autant d’initiatives qui vont dans le bon sens. Mais qui ne sont évidemment pas suffisantes pour rétablir la compétitivité de nos entreprises, celle-ci passant obligatoirement par une baisse des charges sociales. Une baisse évaluée par la Confédération Construction à 6 EUR de l’heure, « suffisante pour générer un effet de levier ». On croise les doigts pour que cette voix soit entendue… Christophe Duckers, directeur de la rédaction.