Réseaux électriques : course contre la montre

Y aura-t-il assez d’électricité ? Et y en aura-t-il assez… pour mes camions électriques ? La réponse dépend de trois facteurs : la capacité de production / importation, la capacité de transport et la capacité de distribution. Sur ces deux derniers facteurs, la fédération Synergrid a un avis autorisé.

Nous n’aborderons pas ici la capacité de production d’électricité en Belgique, ni l’opportunité de maintenir ou de relancer des réacteurs nucléaires. Par contre, la capacité du réseau de transport et de distribution à apporter cette électricité là où les camions devront recharger leurs batteries concerne directement tous les gestionnaires de flotte.

Les défis du transport

Marc Malbrancke, responsable ‘réseau’ chez Synergrid (la fédération qui représente les gestionnaires de réseaux de transport et de distribution d’électricité en Belgique), s’exprimait à ce sujet lors des journées ‘eMission’ organisées en mars par Daimler Truck Belgium : « Il faudra investir 22 milliards EUR dans les réseaux d’électricité d’ici 2030, notamment pour installer 50.000 kilomètres de lignes électriques supplémentaires. Nos membres vont aussi engager 5000 personnes supplémentaires.

Mais en Belgique, nous n’avons pas beaucoup de place pour installer ces lignes électriques, personne ne veut de lignes aériennes au-dessus de chez lui. On s’en rend compte en Flandre avec le projet Ventilus d’Elia qui doit apporter l’énergie produite en Mer du Nord à la région de Courtrai. »

Dans le même ordre d’idées, il faut aussi citer le projet Boucle du Hainaut qui n’a toujours pas obtenu de permis de construire. Si ces deux projets ne sont pas achevés à temps, certaines régions du pays se trouveront peut-être en pénurie d’électricité le jour où une partie importante des parcs roulants sera électrique.

Les défis de la distribution

En bout de chaîne, il faut également faire en sorte que l’électricité soit disponible sur les lieux de consommation. « Il ne s’agit pas seulement de renforcer les réseaux existants, poursuit Marc Malbrancke. Nous devons aussi revoir notre manière de gérer ces réseaux, en étant plus flexibles et en amenant les consommateurs à changer leur manière d’utiliser l’énergie. »

Pour les trois régions du pays, les prescriptions techniques pour l’installation de bornes de recharge sont disponibles (mais elles diffèrent d’une région à l’autre, bienvenue en Belgique !). En Flandre, Fluvius a franchi une étape supplémentaire : sur son site internet, il est possible de voir quelle capacité résiduelle il reste à la cabine moyenne tension la plus proche du siège de son entreprise.

« Si vous envisagez d’installer par exemple un chargeur de 500 kW, ça ne peut pas passer par le réseau basse tension. Il faut nécessairement se connecter au réseau à moyenne tension via une nouvelle cabine ‘client’. Au-delà de 25 mégawatts, il fait être relié directement au réseau de transport d’Elia », explique Marc Malbrancke.

Chaque projet demande une étude préalable sur la capacité de réserve disponible et sa mise en oeuvre peut prendre plusieurs mois s’il faut ‘tirer’ des lignes électriques supplémentaires. En Flandre, un raccordement standard ne prend en théorie que 90 jours.

Fluvius a déjà investi 4 milliards EUR pour renforcer le réseau de distribution d’électricité en Flandre. En Wallonie, Ores (le principal acteur de la région) investit aussi des sommes considérables mais dirige ses travaux davantage vers le consommateur privé que vers les parcs d’entreprise

 

 

« Si tous les véhicules électriques doivent se recharger en même temps, cela ne va pas marcher. »
(Marc Malbrancke, Synergrid)

 

 

Ces investissements sont d’autant plus nécessaires que les entreprises sont ou vont être appelées à produire elles-mêmes le plus d’électricité possible (via des panneaux solaires, voire des éoliennes), mais aussi à contribuer à l’équilibrage des réseaux avec des installations capables d’injecter de l’énergie et pas seulement d’en consommer. Pour ces installations techniques, c’est Synergrid qui se charge des procédures d’homologation.

Mais, finalement, le réseau sera-t-il prêt ? la réponse de Marc Malbrancke est nuancée : « Il ne le sera pas si tout le monde recharge son véhicule en même temps. »
Une manière de rappeler que le consommateur (et donc les entreprises) devront miser sur des solutions de recharge intelligentes et flexibles.


Chiffres-clés

> 9.000 km de lignes de transport à haute tension
> 213.000 km de lignes de distribution
> 22 milliards EUR à investir avant 2030 pour que le réseau puisse accompagner la décarbonation de l’économie


 


Et les bornes de recharge rapides ?

La Flandre a présenté son plan concernant les infrastructures de recharge en 2021. Des appels à projets ont été lancés pour des concessions de chargeurs rapides, mais d’abord pour les voitures.
Selon Stéphane Jacobs (manager de transition pour le programme Clean Power for Transport), ces projets seront rapidement étendus aux poids lourds. Fastned projette par exemple des stations accessibles aux poids lourds à Gand et à Peutie, avec des hauteurs de toit adaptées. Milence devrait aussi inaugurer une station de chargeurs à haute puissance au port d’Anvers en juillet. L’objectif est d’aligner les réalisations de la Flandre par rapport au règlement européen AFIR.

La Wallonie devra rapidement mettre en oeuvre un plan similaire. Une proposition du député Julien Matagne (Les Engagés) consisterait à découpler les concessions autoroutière de la fourniture d’électricité pour ne pas attendre la fin des concessions actuelles pour laisser installer des bornes rapides sur les autoroutes wallonnes.


 

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