Hier, dans le cadre d’un webinaire organisé par la fédération européenne du transport de produits chimiques ECTA, Thomas Fabian (ACEA) a expliqué de manière très concrète comment se traduiront dans la pratique les objectifs imposés aux constructeurs de poids lourds. Et les chiffres sont assez ahurissants…
Petit rappel pour commencer : par rapport à une année de référence (2019/2020), les constructeurs doivent abaisser les émissions moyennes de leurs camions de 15 % en 2025. Pour l’ensemble des constructeurs européens, c’est le chiffre de 52.5 grammes de CO2 par tonne-kilomètre qui fait office de valeur-étalon. Il y a évidemment des différences sensibles entre les constructeurs : la valeur est supérieure de 3.4 % chez Iveco et inférieure de presque 5 % chez Scania selon les calculs de l’ICCT. Le premier objectif semble relativement aisé à atteindre grâce à des améliorations aérodynamiques et à des progrès réalisés au niveau des moteurs.
Pour les prochaines échéances, les choses se corsent : de – 30 %, l’objectif a été porté à – 45 % pour l’année 2030. Comme l’explique Thomas Fabian, cela signifie qu’il faut gagner 6 % par an en moyenne au lieu de 3. Les objectifs fixés pour 2035 (- 65 %) et 2040 (- 90 %) nécessiteront un autre effort de 4, puis de 5 % par an. L »ACEA a traduit ces chiffres abstraits en termes très concrets : à partir de 2030, le tiers des immatruculations de poids lourds deveont être à zéro émissions, soit environ 100.000 camions. En 2030, il faudra aussi avoir environ 400.000 poids lourds à zéro émissions sur les routes (sur un parc total de 2.5 millions de véhicules). L’ACEA répète depuis des mois que les constructeurs sont prêts à faire face à ce défi mais qu’ils n’y parviendront pas si l’infrastructure de recharge (y compris les stations à hydrogène) ne se développe pas rapidement.
Que se passera-t-il si un constructeur n’atteint pas ses objectifs de réduction ? Il devra payer une amende de 4250 euros par véhicule vendu et par gramme de CO2 par tonne-kilomètre excédentaire. Si l’on prend pour base de calcul un marché moyen de 300.000 poids lourds vendus par an en Europe, cela représente un montant de 1,275 milliard d’euros. Autant dire que la pression exercée par les constructeurs sur leurs clients afin qu’ils achètent des camions à zéro émissions va fortement augmenter dans les prochaines années !
