Plates-formes ouvertes et intégration de plusieurs services télématiques sur un seul appareil auront été les thèmes principaux de la conférence organisée par Telematics Update. Ou quand la télématique embarquée se donne (enfin) de nouveaux horizons. Il y a 2 ans, cette conférence qui regroupe les développeurs de solutions embarquées laissait entrevoir que le développement des ordinateurs de bord classiques avait atteint son pic. Cette fois, elle pointe vers une véritable redéfinition de l’ architecture des solutions embarquées. Changement de paradigme Une telle architecture doit tenir compte de la véritable révolution qu´ont imposée smartphones et autres tablettes : un seul appareil vers lequel convergent des applications. « Aujourd´hui, un gestionnaire de flotte doit parfois utiliser 20 écrans. Si nous intégrons davantage de fonctions, on pourrait réduire cela à un ou deux. », annonce Frédéric Bruneteau (Ptomelus Consulting). Penser davantage au gestionnaire de flotte qu´à l´intérêt de sa propre solution, voilà donc le changement de paradigme auquel sont invités les développeurs. Ce changement sera accéléré par la banalisation de deux éléments : la ‘ boîte noire´ qui collecte les informations et les données elles-mêmes. « Quand vous avez déjà une boîte noire, 95 % des coûts fixes ont déjà été engagés et vous avez déjà un portail d´administration. C´est si simple de plugger une application télématique dessus… », explique Cyril Zeller (Telit). Quant aux données, « J´ai davantage intérêt à fournir les données en provenance du Can-Bus de mes véhicules à des tiers, et même à mes concurrents, qu´à les protéger jalousement », nous a expliqué Karin Radström (Director of Vehicle and driver services chez Scania). Elle n´est pas encore suivie par tous ses concullègues, mais ce discours gagne du terrain. Demain (ou après-demain), on pourrait donc voir davantage de données rendues disponibles pour analyser le style de conduite du chauffeur, alors que le standard FMS actuellement en cours limite les possibilités d´analyse sur un ordinateur de bord Transics (par exemple) par rapport à un FleetBoard (toujours par exemple). Demain, c´est l´analyse de ces données qui générera la valeur ajoutée, confirme Frank Leveque (Frost & Sullivan). On pourrait donc assister un jour à l´émergence d´un système basé sur une boîte noire standardisée (installée, pourquoi pas, en usine), d´une interface avec le chauffeur et d´une multitude d´applications `plug & play´ choisies par le gestionnaire de parc. Big Data Ce sera d´autant plus nécessaire que les sources de données vont encore se multiplier. Scania est proche d´une solution qui permette aux camions de communiquer entre eux (V2V, pour Vehicle To Vehicle), les véhicules communiqueront avec l´infrastructure (ne pensons qu´aux systèmes de péage), les pneus eux-mêmes deviennent connectés… Comme l´a montré Frank Leveque, l´humanité a généré 5 exabytes de données (5 milliards de gigabytes) jusqu´à l´an 2002. En 2003, il ne fallait plus qu´un an pour générer autant de données et en 2014, quelques secondes seulement. Il n´est donc plus possible de stocker ces données comme on le fait aujourd´hui. Des plateformes génériques se mettront en place pour interroger toutes les données brutes à disposition et en ressortir des analyses utilisables. Le transport n´échappera donc pas au phénomène du Big Data. Le croisement de toutes les données disponibles simplifiera le travail du gestionnaire de flotte, mais il placera les activités de l´entreprise de transport sous une lumière plus crue. En théorie, rien n´empêchera un constructeur d´assortir ses conditions de garantie, de buy-back ou de contrats d´entretien à un respect strict des heures de conduite et de repos, données auxquelles il aurait accès. C´est un peu comme si une mutuelle refusait de couvrir un client parce qu´elle sait qu´il achète trois bouteilles de whisky par semaine via sa carte de fidélité de la grande distribution… Derrière le Big Data se cache donc un vrai débat de société. Dans le transport, le principe pourrait être utilisé pour réduire le nombre de fraudes (l´aimant serait p.ex. inutile, puisque d´autres sources corroborent les données du tachygraphe). Le rôle du smartphone en question Reste la question de l´interface avec le chauffeur. Sur ce point, tous les intervenants de la conférence sont d´accord pour dire qu´il faut en réduire le nombre. Le smartphone et les tablettes deviennent des standards, mais sont-ils adaptés à toutes les interactions dans un contexte professionnel ? La réponse est clairement non. Mark Warner, Managing Director d´Omnitracs : « Il y a une question de propriété des données : que se passe-t-il lorsque le chauffeur quitte la société ? L´autre problème est la sécurisation des données. Et enfin, on ne va jamais gérer des transports de marchandises dangereuses au travers d´un téléphone portable. Le smartphone restera un complément à l´ordinateur de bord, sur lequel il vaut mieux n´utiliser que des applications qui ne sont pas d´importance critique pour l´entreprise. » D´un autre côté, il ne faut que quelques semaines pour développer une App, là où il faut plusieurs années pour développer une application embarquée, explique Fredrik Callenryd (Scania), qui ajoute cependant « nous ne savons même pas s´il y aura encore des smartphones dans cinq ans. Les jours du smartphone sont peut-être comptés, puisque de plus en plus de camions sortiront d´usine avec une forme de connectivité embarquée. » Vaste débat… Document PDF Tagged With: Telematics – conférence –