Quelques mois après l’annonce de la reprise en mains du terminal multimodal de Charleroi, nous nous sommes rendus à Cuneo, où se trouve le siège social de Lannutti. Un groupe dont les ambitions passeront par de nouveaux projets logistiques en Belgique. Le CEO Valter Lannutti est un homme charmant, mais discret. « Quand nous avons communiqué sur le terminal de Charleroi, c’était un peu à l’encontre de nos principes habituels, reconnaît-il. Mais cela nous a permis de rencontrer beaucoup de sociétés intéressées… et intéressantes. » Le multimodal en croissance « Quand nous avons commencé à développer le multimodal en 2009, j’ai pensé que nous étions en train de scier la branche sur laquelle nous étions assis. Rien n’est plus faux : le multimodal nous aide aujourd’hui à grandir. On a juste réduit fortement le nombre de passages au tunnel de Fréjus ! » La gestion du terminal de Chatelet concrétise ce volontarisme multimodal, mais elle n’a été rendue possible que par une modification des gabarits ferroviaires en Italie. Valter Lannutti : « Fin 2015, les chemins de fer italiens ont autorisé le gabarit P400 là où nous ne pouvions utiliser que du P45. Cela fait dix ans que nous sommes actifs à Chatelet, mais jusque là, nous ne pouvions transporter que des caisses mobiles et des semi-remorques tiroir. Aujourd’hui, nous pouvons transporter des semis de 4 mètres de haut et 255 cm de large. Nous avons immédiatement pris les slots nécessaires, et trois mois après le lancement, nous sommes déjà passés de trois à cinq trains par semaine entre la Belgique et l’Italie, tout en faisant passer le taux de remplissage de 60 à 90 %. Maintenant, le gabarit P400 coûte aussi plus cher en wagons et en tractions. Idéalement, il faudrait maintenant augmenter la longueur des trains, actuellement limitée à 32 unités de transport. » Parallèlement à cette réussite multimodale, Lannutti continue à développer tous ses pôles d’activité. Le groupe italien est surtout connu comme un spécialiste du transport de verre plat (le plus grand acteur européen ?), mais le verre ne représente aujourd’hui plus ‘que’ 49 % de son volume d’affaires. Le reste provient du general cargo, de la logistique et, récemment, du transport de vrac depuis que la société a racheté Cavallo (200 unités de transport) en juillet 2015. « Notre objectif est de proposer le panel le plus large possible de services à nos clients, y compris dans le fret maritime, explique Valter Lannutti. Et pour servir certains clients, il est indispensable d’avoir une certaine taille. » Lannutti est donc aujourd’hui un groupe familial sur le plan de l’actionnariat, mais ouvert aux expertises extérieures sur le plan du management alors même que les enfants de Valter Lannutti sont aussi actifs dans l’entreprise. Il y est clairement question de croissance, qu’elle soit organique ou externe : « Le plus important est d’avoir d’abord construit une base solide sur le plan financier, de l’organisation, de la direction et de tout le personnel. » 

Lannutti en bref
Personnel : 1300 personnes Flotte : environ 1000 camions (Iveco, Volvo, MAN) et 2200 semi-remorques (750 tiroirs, le reste principalement bâché) Surface d’entreposage (Eurostock) : 320.000 m2 Sites d’exploitation : Italie (Cuneo – siège central, Venise, Turin, Milan et Modena), Belgique (Mornimont, Chatelet, Marchienne), Luxembourg (Petange), Roumanie (Cluj), République Tchèque (Teplice), Espagne (Irun, Madrid), France (Valenciennes).


