[MATEXPO 2023] Le secteur de la construction comme baromètre de l’économie

Un avenir incertain dans une succession de crises

L’importance du secteur de la construction comme indicateur de l’économie est bien connue, outre le fait qu’il existe également un lien évident entre la construction et le secteur des transports. Plusieurs paramètres économiques entrent un jeu, mais nous nous sommes aussi renseignés auprès de l’organisation sectorielle SIGMA. Conclusion : il n’y a pas de consensus, mais certaines tendances sont claires, quoique nuancées.

Comment se porte le secteur de la construction ? Poser la question est généralement plus facile que d’y répondre. Après tout, le secteur est une maison avec des différentes pièces, et les tendances n’y sont pas toujours les mêmes. Le fait est que quelques années mouvementées se sont écoulées. Comme le montre une étude du Conseil Central de l’Economie, le Covid est arrivé comme un chien au milieu d’un jeu de quilles. Les confinements ont durement touché le secteur de la construction. Le segment ‘bâtiments’ a baissé de 24,3 % en mai 2020. Le confinement de décembre a été moins drastique, mais il y a tout de même eu une perte de 13 %. Dans les travaux d’infrastructure, les dommages ont été encore plus importants, avec respectivement -40% (premier confinement) et -17% (second confinement). Une reprise a suivi plus tard en 2021, mais 2022 a été troublée en raison des taux d’intérêt et des prix. Au cours du premier trimestre 2023, une stabilisation semblait s’opérer.

Les points qui font mal

La cartographie des grands enjeux de l’industrie de la construction ne réserve peut-être pas de grandes surprises, elle n’en rend pas moins ces points pertinents. Sans aucun doute, les pénuries de main-d’œuvre ont été une fois de plus le plus gros problème. Selon les données de Statbel, il y avait 14.000 postes vacants dans le secteur de la construction en 2022. C’est moins qu’au cours du troisième trimestre de l’année précédente (18.200), mais cela reste une pénurie aiguë. Comparé à d’autres secteurs, la construction est celui où le nombre d’emplois à pourvoir est le plus élevé de l’économie belge.
Un autre problème important est la hausse du prix des matériaux. En moyenne, sur la période 2020-2022, celle-ci était de 35,7 %. Naturellement, cela a une incidence directe sur les prix et les marges. Une conséquence indirecte de cette inflation grandissante est l’indexation des salaires, qui à son tour rend considérablement plus cher le facteur travail.
Puis il y a les faillites dont les chiffres semblent jouer aux montagnes russes ces dernières années. Ici aussi, le Covid a été un facteur important. Une baisse de 32,9 % a été enregistrée en 2020, conséquence directe de la décision du gouvernement de geler les faillites. Le revers a suivi un an plus tard, les chiffres revenant aux niveaux d’avant la pandémie, d’ailleurs légèrement supérieurs à la moyenne de la décennie précédente. Plus inquiétante a été la hausse en 2022, +38,4 % par rapport à 2021. Les petites entreprises avec peu ou pas de salariés en ont notamment fait les frais. Cette vague de faillites était en grande partie un problème flamand, lié à l’abolition de la loi d’établissement. Les entreprises de construction, entre autres, ne sont plus obligées de prouver leurs connaissances professionnelles, ce qui, soyons clairs, a ouvert le marché aux aventuriers au sens large du terme.

Les attentes

Embuild, anciennement connue sous le nom de Confédération de la Construction, s’attend à ce que le secteur de la construction se contracte de 0,3 % cette année, une correction de l’évaluation précédente, qui supposait une stabilisation. La plus forte régression concerne la construction de logements neufs, -8 % pour être précis. C’est une conséquence de la baisse constatée du nombre de permis déposés et encore plus délivrés. La cause et l’effet ne peuvent être séparés l’un de l’autre. Les bâtiments non résidentiels ont également sous-performé, avec une baisse de 3,3 %. Pour 2024, Embuild s’attend à une belle croissance de 3 %, qui diminuerait ensuite à nouveau en 2025 (+1,6 %). « Cela peut s’expliquer par le fait que les plans de relance entraîneront alors moins de travail », explique Niko Demeester, directeur général. « C’est pourquoi il est urgent d’augmenter considérablement les investissements publics. »
Le fait que les prévisions pour l’année prochaine soient positives peut, dans une certaine mesure, être attribué à la rénovation des maisons. Ici, la crise énergétique a donné un coup de fouet et a encouragé de nombreux Belges à rendre leur logement le plus durable possible. Une autre explication sont les travaux d’infrastructure, qui ont déjà subi une croissance de 4,7 % cette année. En soi, c’est un phénomène récurrent à l’approche des élections locales, prévues en octobre 2024. Mais c’est aussi un phénomène que cet effet s’érode fortement après les élections et l’entrée de nouvelles majorités.

L’avis de SIGMA

Un autre baromètre intéressant peut être obtenu en écoutant SIGMA, la fédération des ‘équipements pour les travaux publics et privés, pour la construction et la manutention de marchandises’ affiliée à TRAXIO. Lorsque le même exercice avait été fait un an plus tôt, son président Dries Van Haut avait parlé de ‘nuages sombres se rassemblant dans le ciel de 2022’. En cause, l’inflation, les taux d’intérêt, les difficultés d’approvisionnement en pièces de machines, etc. Pourtant, 2022 n’a pas été une trop mauvaise année pour les membres de SIGMA qui ensemble, ont représenté un chiffre d’affaires de 1,82 milliard d’euros, soit 8 % de plus qu’en 2021, mais aussi plus que les 1,78 milliard d’euros réalisés lors de l’année record 2019.
Est-il aussi optimiste pour cette année ? « Nous sommes occupés à livrer des machines avec beaucoup de retard. En raison de la meilleure disponibilité des pièces, cela va plus vite qu’avant. Cependant, il y a aussi un gros mais. Nous remarquons que les prises de commandes, c’est-à-dire le nombre de machines commandées, sont en forte baisse », prévient-il. Cela s’explique en partie par les livraisons plus rapides. Avec un délai de livraison décroissant, les prises de commandes chuteront également mathématiquement dans un marché stable. Mais le marché est certainement aussi en baisse », souligne Dries Van Haut. « La question est de savoir à partir de quand pouvons-nous espérer une nouvelle hausse ? »

lisez aussi

Événements à venir

VOUS NE RECEVEZ PAS ENCORE NOTRE NEWSLETTER HEBDOMADAIRE? ALORS INSCRIVEZ-VOUS DÉS MAINTENANT!

  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.
transport media logo