La Sucrerie de Tirlemont veut des camions ‘secs, propres et inodores’

L’édition de décembre dernier de Transport Management comprenait un reportage « Panorama » sur la campagne betteravière à la Sucrerie de Tirlemont. Peut-être vous demandez-vous comment les produits finis à base de sucre arrivent chez le client ? Nous leur avons posé la question.

Petra Ausloos est responsable de la chaîne d’approvisionnement pour la raffinerie de Tirlemont. Benoit Vandenbogaerde en est le Directeur Logistique. Délaissant temporairement un inventaire rigoureux, les deux responsables nous ont accordé cette interview et nous les en remercions !

Truck & Business : Comment vous répartissez-vous les tâches ?
Petra Ausloos : Chez nous, la chaîne d’approvisionnement est plutôt axée sur la planification de la production. Nous nous distinguons de la plupart des entreprises en ce sens que ce concept est plus étroit ici. Benoit et son équipe sont responsables de la logistique.
Benoit Vandenbogaerde : Je suis responsable de l’achat de la partie logistique. Nous parlons ici de la partie client, pas de la partie betterave. Donc l’achat du transport par route ou par bateau par exemple, c’est nous. Mais nos départements collaborent beaucoup. Petra garde un œil sur tous les transports qui arrivent ici et toutes les marchandises qui sont chargées. L’opérationnel est sous sa responsabilité.

T&B : Quelle est la taille de l’espace de stockage dont vous disposez ?
P. Ausloos : A Tirlemont, nous avons un entrepôt – certes pas d’une grande hauteur – où nous pouvons stocker environ 20.000 palettes. Ensuite, nous avons trois sites plus petits, chacun avec environ 5.000 emplacements de palettes.
B. Vandenbogaerde : Nous exploitons aussi des entrepôts externes. Notamment deux grands entrepôts : un à Anvers chez Zuidnatie et un à Liège géré par Jost. Nous utilisons surtout Jost pour servir les clients du Benelux, ou même de France, tandis que Zuidnatie est plus un hub d’import-export.
P. Ausloos : Pour certains groupes de produits, nous avons choisi de n’approvisionner nos clients qu’à partir d’entrepôts externes. Cela signifie que nous effectuons un transfert quotidien pour ces groupes de produits.

T&B : Vous n’avez pas de flotte propre. Travaillez-vous avec des partenaires réguliers pour le transport routier ?
B. Vandenbogaerde : Cela dépend du prix. (rires) Mais là aussi, nous avons pour partie recours à Jost. Jost est une organisation complète à cet égard. Ils conviennent en interne de ce qui est possible, ce qui rend bien sûr le processus opérationnel un peu plus fluide.

Autres modes de transport

T&B : Utilisez-vous la navigation intérieure pour le transport vers Anvers ?
B. Vandenbogaerde : L’exportation se déroule en partie via Liège Container Terminal. Nous amenons dans ce cas des conteneurs à Liège et là, ils repartent vers Anvers sur des péniches. Ceci afin de pouvoir réduire nos émissions de CO2.
P. Ausloos : Il faut mentionner que nous travaillons aussi avec le train pour de gros volumes de vrac. Il part de notre usine de Wanze et se dirige ensuite vers le terminal sucrier d’Euroports dans le port d’Anvers.
B. Vandenbogaerde : C’est exact. Nous avons deux entrepôts externes pour les marchandises emballées et puis nous utilisons aussi un terminal sucrier qui appartient à Euroports. Le train y passe tous les jours, ou tous les deux jours, selon la quantité à acheminer pendant la campagne. De là, le sucre part en vrac pour l’exportation ou vers les clients du Benelux.
P. Ausloos : Depuis quelques années, un département au sein de la Sucrerie de Tirlemont travaille sur la durabilité. Nous essayons vraiment de nous concentrer sur le moyen de transport adéquat et de ne pas juste utiliser la route sans réfléchir.
B. Vandenbogaerde : Nous retirons ainsi plus d’un millier de poids lourds de la route chaque année. Il faut savoir que le prix de revient des péniches est aussi élevé que celui des poids lourds. Mais il est très important pour nous de réduire nos émissions de CO2. Nous y consacrons beaucoup d’énergie. Le transport est organisé au niveau international par le groupe Südzucker. Nous avons une équipe à Mannheim, dont je fais partie, et cette équipe achète pour toute l’Europe. Je suis responsable de l’achat du volet maritime. Cela nous donne du poids et l’avantage de pouvoir consolider tous ces volumes. D’habitude, un appel d’offres est organisé une fois par an.

T&B : Cela s’applique-t-il également au transport vers vos implantations à l’étranger ?
B. Vandenbogaerde : En Angleterre, en Italie, en Espagne et en Grèce, nous avons des filiales du groupe Südzucker (dont fait partie la Sucrerie de Tirlemont, ndlr). Lorsque nous expédions vers ces pays, les transports sont dirigés vers des hubs. Nous exploitons beaucoup l’intermodalité pour cela, ou nous passons par la voie maritime. En Italie, nous utilisons un train. Il part de Herstal et arrive dans le nord de l’Italie.

Chargement des marchandises

T&B : Comment se passe l’enlèvement des marchandises par les transporteurs routiers ?
B. Vandenbogaerde : En ce qui concerne le vrac, nous sommes très flexibles car nous avons des usines ouvertes 24h/24 et 7j/7. Cela signifie que nos transporteurs peuvent choisir quand ils viennent charger le sucre. Sachant que certains clients veulent leur commande de sucre dans les 48 h, voire dans les 24 h, cette flexibilité constitue un grand avantage. Les transporteurs doivent toutefois prendre rendez-vous. Nous utilisons Transporeon pour cela.
P. Ausloos : Les marchandises emballées palettisées sont chargées dans le camion avec un transpalette ou avec un chariot élévateur. Ici, à Tirlemont, huit quais permettent le chargement des marchandises emballées et trois quais sont dédiés au vrac. Les palettes de marchandises emballées sont placées sur un seul niveau dans le camion, car nous atteignons déjà le poids maximum avec la surface au sol utilisable. Mais dans des conteneurs de 20 pieds, nous pouvons charger sur deux niveaux.
B. Vandenbogaerde : Chaque camion qui entre ici, à la fois pour le vrac et pour les marchandises emballées, doit répondre à certaines conditions. Il doit être sec, propre et inodore. Chaque camion est vérifié à ce niveau sur base d’une check-list.
Lorsque nous vendons du sucre en vrac à la Grèce, il est placé dans un grand liner. Ce liner est accroché dans des conteneurs et le sucre est injecté à l’intérieur. On obtient ainsi un méga big bag de 25 tonnes de sucre. Nous faisons cela depuis environ 10 ans et nous avons été l’un des premiers à le faire.

T&B : Existe-t-il une infrastructure permettant aux transporteurs d’effectuer une recharge électrique ?
B. Vandenbogaerde : Nous y réfléchissons, mais pour l’instant nous suivons les transporteurs. Certains attendent l’hydrogène, par exemple. En France, nous travaillons avec le transporteur Delisle, qui roule à l’Oleo100. En Belgique, les choses vont un peu moins vite. Mais dès qu’ils passeront à l’électricité, nous veillerons à ce que la recharge électrique soit possible à Tirlemont.

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