Encore trop d’accidents

La logistique affiche de mauvais résultats en matière de sécurité

Le secteur de la logistique affiche de mauvais résultats en matière de sécurité au travail. Contrairement à d’autres secteurs, le nombre d’accidents diminue très lentement. La plupart des accidents touchent les collaborateurs récemment engagés et les intérimaires. Les nouvelles technologies peuvent inverser la tendance.

« La logistique affiche de mauvais résultats en termes de sécurité sur le lieu de travail. Cela entraîne non seulement des souffrances humaines, mais impacte également l’image du secteur. Alors que dans la construction – qui connaît aussi de nombreux accidents du travail – leur nombre diminue chaque année depuis sept ans, les accidents restent, dans la logistique, à un niveau élevé », explique Gunther Storme, chef de projet pour VIL. Il a dirigé le projet Safe Warehouse, qui s’est achevé à la fin de l’an passé.

En raison du besoin de rapidité dans le secteur logistique et des nombreuses actions physiques combinées à la manipulation d’équipements, créer un environnement de travail sûr constitue un véritable défi. Les chiffres de la FEDRIS, l’agence fédérale des risques professionnels, montrent qu’aucune tendance à la baisse n’est observée au sein du secteur ‘Entreposage et services auxiliaires des transports’ (NACE 52). En 2020 (la dernière année pour laquelle des statistiques existent), le nombre d’accidents a diminué, mais cela est plus que probablement dû aux confinements et aux mesures de sécurité accrues liées à la pandémie de coronavirus.

Au total, entre 2016 et 2019, quelque 4.700 accidents ont eu lieu par an dans le secteur (y compris sans conséquence). Environ 2.650 d’entre eux ont entraîné une incapacité temporaire de travail, 500 une invalidité permanente et 3 à 4 par an ont été mortels.

Ce qui frappe dans les chiffres de la FEDRIS, c’est le taux de fréquence des accidents. Il diminue légèrement (car le nombre total de salariés augmente), mais cette baisse est beaucoup plus lente que dans d’autres secteurs ‘dangereux’ comme la construction.A noter aussi que plus de 70 % des accidents graves touchent des salariés qui ont moins de cinq ans d’ancienneté. La moitié de ces accidents surviennent même au cours de la première année de travail.

Les risques les plus courants dans les entrepôts sont l’écrasement, le trébuchement, la chute de charges et les accidents impliquant des équipements de transport internes. Dans les accidents avec issue fatale ou incapacité permanente, les six principales causes sont les explosions, les glissades ou trébuchements, les chutes (de haut), les mouvements incontrôlés ou inadéquats, le levage ou le portage et la perte de contrôle d’un véhicule.

Accidents impliquant des chariots élévateurs

En Belgique, dans le classement des sinistres du secteur logistique, les accidents graves impliquant des chariots élévateurs occupent la 6e position, représentant environ 6 % du total. Cela ne signifie pas que ces accidents peuvent être minimisés, comme nous le montrent les chiffres américains.

Aux États-Unis, 11 % des chariots élévateurs sont impliqués dans un accident chaque année. Cela signifie que, statistiquement, chaque entreprise possédant plus de 10 engins connaîtra au moins un accident de ce type par an. Les chariots élévateurs sont également utilisés dans d’autres secteurs que la logistique. Les accidents mortels (aux États-Unis) les plus fréquents ont lieu dans l’industrie (42,5 %), la construction (23,8 %) et le transport/stockage (23,5 %). Il existe un lien clair avec le nombre de chariots élévateurs utilisés : là où il y en a beaucoup en circulation, le risque d’accidents est significativement plus élevé.

L’inspection du travail a également observé ce phénomène aux Pays-Bas. Là, 9 % des accidents analysés impliquaient un véhicule ou une machine en mouvement. Ceux-ci sont les plus courants dans les secteurs de l’industrie, du transport/logistique et du commerce. Ils sont le plus souvent causés par le fait que l’opérateur n’a pas vu la victime ou ne l’a pas vue à temps, ou que la victime se trouvait dans la zone de danger et n’a pas vu ou entendu le véhicule.

L’âge et l’expérience jouent un rôle

Comme indiqué précédemment, la plupart des accidents concernent, dans le secteur logistique, des salariés récemment engagés. Il n’est donc pas surprenant que les intérimaires soient surreprésentés dans les statistiques. Par exemple, l’inspection du travail néerlandaise a observé en 2021 que 26 % des victimes du secteur logistique appartenaient à ce groupe, contre une moyenne de 17 % tous secteurs confondus. Selon l’Inspection du travail, c’est probablement dû au fait que les intérimaires du secteur logistique effectuent davantage de travaux dangereux et qu’ils manquent plus souvent de connaissances et de compétences.

L’apport de la technologie

Il y a donc encore du pain sur la planche pour réduire le nombre d’accidents dans la logistique. La formation et la prévention joueront un rôle majeur à cet égard, mais les nouvelles technologies telles que les dispositifs portables et la détection de personnes peuvent également apporter une aide considérable.

C’est pourquoi la VIL a lancé le projet Safe Warehouse, dont les résultats ont été présentés à la fin de l’an passé. « Une étude de marché a d’abord été réalisée sur les technologies susceptibles d’augmenter la sécurité dans l’entrepôt. Avec les entreprises participantes, nous avons examiné les solutions existantes et les raisons pour lesquelles certaines d’entre elles sont sous-utilisées, ainsi que leurs avantages et inconvénients », explique G. Storme. Ces solutions technologiques ont été réparties en 9 catégories : automatisation, sensibilisation, prévention des collisions, gestion des flux, aide à la manutention, signalisation dynamique, dispositifs portables, détection de personnes et réduction de la vitesse.

Une technologie vite amortie

Le coût de ces solutions varie fortement, mais ne devrait pas être un frein à l’investissement, déclare G. Storme. « Lors de la présentation des résultats du projet, un expert d’AG Insurance a souligné que le coût moyen d’un accident est beaucoup plus élevé qu’on ne l’imagine. En effet, les coûts directs sont couverts par l’assureur, mais pas les coûts indirects. Et ceux-ci – arrêt des opérations, contrôle par l’inspection du travail, administration, remplacement et formation d’un nouvel opérateur, etc. – sont 3 à 7 fois plus élevés que les coûts directs. »

VIL a regroupé les conclusions du projet Safe Warehouse dans une application qui compare les avantages et les inconvénients de ces technologies et aide les entreprises à choisir les bonnes solutions. Pour utiliser l’application, il vous suffit de vous inscrire sur safe warehouse.vil.be

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