Décarbonation: le bio LNG, un allié précieux

Permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre au-delà de 100 %, le biométhane a de nombreux atouts pour le transport routier, où il est simple à utiliser.

Pour décarboner sa flotte quand l’électricité n’offre pas encore une alternative crédible, le transporteur se retrouve devant un panorama relativement large : diesel HVO (Hydrotreated Vegetable Oil, produit à partir d’huile végétale et de déchets), LNG (gaz naturel ou méthane liquéfié) ou maintenant bio LNG. « Le LNG fossile est une solution intermédiaire et aide à réduire les émissions de gaz à effet de serre, par rapport au diesel classique, de 15 à 20 %. Sans parler de la diminution des NOx et des particules », relève Philippe Desrumaux. « Mais il va falloir aller plus loin, et augmenter le volume de biométhane dans le mix général ».

Effet bouse de vache

Philippe Desrumaux est à la tête de la société Drive Systems, pionnière du gaz combustible pour le transport. Selon lui, avec le bio LNG, on peut non seulement réduire à 100 % les émissions de CO2, mais aller au-delà, jusqu’à – 190 %. En effet, l’un des intrants dans la fabrication de biogaz, le fumier issu des déjections animales émet lui-même du méthane dévastateur pour la couche d’ozone. Capter ce méthane démultiplie donc la réduction de gaz à effet de serre. Directeur financier du groupe Jost (voir ci-contre), Philippe Bonvoisin résume : « c’est l’effet bouse de vache ! ».

Les molécules étant identiques, l’implémentation du bio LNG ne nécessite aucune adaptation au niveau du camion roulant au gaz naturel. Cependant, « pour le moment, le mix comprend moins de 5 % de bio LNG », constate Philippe Desrumaux, « notamment parce qu’il est plus cher que l’alternative fossile ». Mais comme son prix est aligné sur celui du LNG fossile, et que ce dernier est à nouveau très intéressant, « le bio LNG reste compétitif par rapport au diesel HVO ».

Dans la production de biométhane, la Belgique est loin derrière les pays voisins. Selon Didier Hendrickx (gas.be), notre pays a un potentiel de 15 térawatt-heure, « soit 10 % de la consommation annuelle de gaz naturel en Belgique ». L’Europe, elle, s’est fixé une production de 35 milliards de m³ de biométhane en 2030, soit la moitié de la consommation annuelle belge. Même si tout n’ira pas au transport, il y a là « assez de bio GNL pour alimenter 100.000 camions », relève Philippe Desrumaux.

Pas de greenwashing

S’il est pour l’instant impossible de se procurer du biométhane local, « au terminal de Zeebruges, on peut acheter du bio LNG par le jeu de certificats correspondant à l’équivalent de ce qui est injecté dans le réseau », explique Didier Hendrickx. De son côté, Drive System est certifiée par l’organisme allemand ISCC. Par ce biais, « nous certifions la réalité. Le produit que l’on fournit au client est suivi de l’agriculteur à la station, on peut être sûr que ce n’est pas du greenwashing », garantit Philippe Desrumaux. Réaliste, ce dernier admet que le transport routier aura « beaucoup de mal à atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre, et il ne faut négliger aucune technologie ». « Si, déjà, on arrive à être neutre avec le bio LNG, cette solution est tout à fait valable et elle a un futur ».

Jost : « La dynamique est lancée »

Avec quelque 400 tracteurs roulant au LNG sur environ 1.650 camions, le groupe Jost a clairement fait le choix d’intégrer le processus de la décarbonation. « Aujourd’hui, on a d’importants clients qui demandent de travailler avec des carburants alternatifs, une solution que nous devons pouvoir proposer », explique Philippe Bonvoisin, directeur financier. Depuis 2019, Jost a aménagé trois stations de distribution de LNG : Herstal, Saint-Vith et Molinfaing, à 1,5 million d’euros par station.

Sur la totalité du LNG utilisé, la part du biométhane est « trop anecdotique », relève Philippe Bonvoisin. « On l’utilise seulement pour nos pleins en Allemagne, car les fournisseurs mélangent le gaz naturel et le biogaz. Là, il y a peu de différences entre les deux : 25 centimes au kilo par rapport à la Belgique où la différence est de 90 centimes/kg ». « Je suis de plus en plus sollicité par les grands donneurs d’ordres pour connaître notre vision sur la question de la décarbonation. Même si on est encore freinés par les incertitudes technologiques, la dynamique est lancée ! ». Et Philippe Bonvoisin de rappeler que « le bio LNG est le moyen de récupérer une certaine autonomie énergétique au niveau européen. »

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