Les bonnes poires
Nos médias nationaux sont unanimes : l’Europe est menacée de recevoir les sanctions économiques contre la Russie comme en boomerang en pleine figure, maintenant que la Russie a mis fin aux importations de certaines matières premières et de produits alimentaires et agricoles. La solution pour ce désaccord économique entre Barack, Vladimir et notre propre Herman ? Manger chacun deux poires de plus par semaine, et partager nos “peerfies” sur Twitter, évidemment. Si nous ne le faisons pas, le secteur fruitier belge risque de connaître un automne très difficile. Et que voyons-nous ? Depuis cet appel, la ventre de poires dans notre pays a presque doublé, et les vendeurs de fruits doivent faire de nombreuses heures supplémentaires. Trois fois hourra pour les producteurs de fruits, mais remettons quand même les choses à leur place. Quand tout le monde aura oublié les “peerfies” – ce qui est sans doute déjà le cas au moment où vous lisez ces lignes – les cartes auront été complètement redistribuées. Près de la moitié des poires belges sont exportées vers la Russie, ce qui représente un montant de près de 100 millions d’euros. Viennent ensuite la viande de porc, avec une exportation directe de 30.000 tonnes, soit 50 millions d’euros. Dans cette histoire de poires, le secteur logistique est systématiquement oublié, alors qu’il intervient évidemment pour transporter toutes ces poires en Russie. Aux Pays-Bas, ING a calculé que le boycot russe mettait en danger 2.000 emplois, alors que dans d’autres secteurs, ce sont pas moins de 8.000 emplois qui se retrouvent sur la selette. L’importance du préjudice économique pour notre pays doit encore être calculée, alors qu’en Russie, l’activité économique est complètement paralysée par l’embargo commercial. Une querelle politique dont personne ne sort gagnant. Surtout pas les bonnes poires qui vont payer les pots cassés… kristof.winckelmans@transportmedia.be