On peut débattre de tout, mais pas n’importe comment
Plus personne (ou presque) ne nie qu’il faut décarboner le transport routier, et que le plus tôt sera le mieux pour la planète. Les agendas se sont subitement accélérés, et plusieurs constructeurs annoncent désormais la date à laquelle ils cesseront pratiquement de construire des camions diesel. C’est une situation qui était totalement impensable il y a à peine cinq ans, et c’est dire à quel point le secteur du transport est en train de changer.
Les solutions techniques qui contribueront à décarboner le transport sont multiples, mais pour l’instant, chaque ‘pilier’ tente d’attirer vers sa solution les décisions politiques favorables et les promesses de soutien public. Ce travail de lobbying a de quoi perturber le (futur) acheteur de camions quand il dénigre les autres solutions. ‘Mon’ HVO sera-t-il ou non produit à partir d’huile de palme ? ‘Mon’ LNG sera-t-il un jour bio ? ‘Mon’ camion électrique ne va-t-il pas aggraver la problématique des terres rares ? ‘Mon’ camion à hydrogène ne représente-t-il pas un gaspillage d’énergie brute ? Les exemples sont légion…
« Le lobbying dénigrant, viscéralement, je n’aime pas ça. »
Pour un média comme le nôtre, ces débats sont passionnants à décrypter, mais il est d’autant plus frustrant qu’ils se déclenchent à une période où les occasions de rencontre véritable sont très rares. Sachez, quoi qu’il en soit, que nous faisons le maximum pour apporter de la clarté dans le débat. Mon intuition, à ce stade, est que le transport routier de 2030 fera appel à l’ensemble des solutions techniques qui nous sont présentées aujourd’hui, car aucune de ces solutions ne couvrira l’ensemble des besoins.
L’autre certitude est que le transport routier, quoi qu’il arrive, ne pourra y perdre en efficacité, en fiabilité ou en flexibilité. Toute technique alternative qui impacte ces trois facteurs de performance de manière significative est une mauvaise solution. A partir de là, on peut débattre de tout… et nous n’y manquerons pas dans les prochaines années !
Claude Yvens,
Rédacteur en chef.