Les accidents à répétition coûtent cher à l’entreprise, mais aussi au client et à l’assureur. Grâce à l’aide de TVM, un transporteur a réussi à faire passer son indice de fréquence des sinistres de 188 % à 56 % en trois ans. Si un tel exploit reste exceptionnel, une formation et un suivi de qualité permettent toutefois d’espérer une réduction de 30 à 50 % des accidents.
“Les transporteurs ne réfléchissent pas assez au coût réel d’un accident”, explique Marc Van Grootel, conseiller prévention et gestion des risques chez TVM, et ancien gérant de la société de transport Groover International. “Vous avez les dommages au véhicule, la franchise, le remplacement éventuel du chauffeur blessé, l’adaptation du planning, la gestion du dossier de sinistre et l’indemnisation du client. Il faut des mois pour récupérer ces frais.” Une fréquence des sinistres de 188 % signifie que sur 100 camions, il y a eu en un an 188 sinistres où le conducteur était en faute. Dans le cas présent, la formation et le suivi ont permis de ramener ce chiffre à 56 %.
Les entreprises affichant un taux élevé d’accidents s’adressent aussi au centre de formation DrivOlution. Grâce à ses conseils, l’un de ses clients est parvenu à passer de 350 à 100 %. “Dans certaines entreprises, les gens se disent que les accidents font partie du métier”, explique Rein Casters, administratrice déléguée du centre. “Je ne vous cache pas que nous avons alors du pain sur la planche.”
Primes
Outre le nombre d’accidents, l’ampleur des demandes d’indemnité est tout aussi importante pour les assureurs. C’est pourquoi une compagnie ne considère pas uniquement la fréquence des sinistres, mais aussi le rapport indemnisations/prime s, de manière à savoir si le montant de ses interventions dépasse celui de ses recettes. Si ce chiffre augmente plusieurs années de suite, la rupture de contrat n’est pas loin.
“Ces dernières années, les assureurs font beaucoup plus attention au rendement de leur portefeuille”, confie Rein Casters. “Ils doivent assainir leurs finances et se débarrassent donc des clients qui ne sont pas assez rentables. Ils utilisent pour cela ce fameux rapport. S’il reste de 150 %, cela signifie que l’assureur paie 150 euros d’indemnités pour chaque prime de 100 euros qu’il perçoit. À terme, cette situation n’est pas viable.”
Par la force des choses, certains transporteurs viennent frapper à la porte de centres comme DrivOlution. “Les statistiques de certains transporteurs sont vraiment affolantes”, explique Rein Casters. “La compagnie d’assurances les oblige donc à lui soumettre un plan d’action avant de signer un contrat. Et une formation de quelques jours ne suffit pas. Pour avoir des résultats concluants, voire spectaculaires, un suivi et une évaluation sont aussi nécessaires. Cela demande du temps, et il n’est pas toujours évident d’en trouver dans le transport.”
Planificateurs
Bien souvent, la pression que les clients mettent sur les transporteurs est telle que les dispatcheurs mobilisent tous les chauffeurs, et que personne n’a donc de temps à consacrer à la formation et au suivi. Marc Van Grootel et Rein Casters connaissent bien cette situation. “Les planificateurs et le garage doivent eux aussi comprendre l’utilité d’une telle démarche”, insiste Marc Van Grootel. “J’ai un jour rencontré un gérant qui devait convaincre les planificateurs de prévoir le temps nécessaire à la formation et au suivi dans le planning des chauffeurs. ”
“Investir dans son personnel, c’est investir dans son entreprise sur le long terme”, explique Rein Casters. “Le ROI est élevé, car au final, cela augmente vos bénéfices. Vous évitez des sinistres, mais réduisez aussi vos frais de carburant, car la conduite défensive diminue la consommation. Dans le secteur du transport, une économie de carburant de 4 % se traduit régulièrement par une marge bénéficiaire deux fois plus élevée.”
Pablo Coosemans (Atrium Formations ) confirme l’intérêt de proposer un suivi après les formations. “Les personnes qui participent à une formation dédiée à la conduite défensive ou la sécurité au travail disent toujours qu’elles l’ont trouvée intéressante et enrichissante”, explique-t-il. “Mais nous ne savons pas si elles appliqueront bien ce qu’elles ont appris une fois qu’elles reprendront le volant et le travail le lendemain. Heureusement, les données des ordinateurs de bord nous permettent d’analyser leur conduite et de faire un petit bilan personnel tous les mois.”
Parrains et marraines
Parce qu’une diminution des accidents est aussi bénéfique pour l’assureur, TVM offre à ses clients un pack prévention gratuit. “Nous débutons toujours par les statistiques”, explique Van Grootel. “Nous comparons les chiffres aux moyennes de nos clients et identifions les causes des accidents afin d’y remédier. Les chiffres révèlent que plus de la moitié des sinistres impliquant des camions surviennent durant les manœuvres. C’est pourquoi TVM Belgium organise, en collaboration avec un institut de formation agréé, un cours intitulé Manœuvres et angle mort. Cette formation se compose de trois heures de théorie, suivie de quatre heures de pratique avec trois chauffeurs par instructeur, et donne droit à sept points de crédit dans le cadre du code 95.” DrivOlution propose également ce type de formation.
Mais la prévention reste bien plus importante. “Dans une entreprise, il est essentiel que des parrains et marraines accompagnent les nouveaux chauffeurs. Lorsque je gérais encore mon entreprise, j’avais trois mentors pour 25 travailleurs. Un patron ne peut pas être tout le temps en contact avec ses chauffeurs. De plus, quelqu’un osera parfois plus poser une question à son mentor qu’à son chef. Le contact est beaucoup plus facile. Ils doivent cependant commencer par suivre une formation de chauffeur accompagnateur auprès du fonds social. C’est l’une des premières choses sur lesquelles nous insistons quand nous nous rendons chez un client.”