Sophie Houtmeyers Skechers Logistics Wallonia

Sophie Houtmeyers : « Le retour à la normale prendra deux ans »

Cumulant ses fonctions de Managing Director de Skechers EDC (1100 emplois) et de présidente de Logistics in Wallonia, Sophie Houtmeyers a des journées bien remplies. L’ancienne professeur de sport a heureusement du souffle à revendre et souvent une idée d’avance.

Du premier centre de distribution européen inauguré en 2002 en bordure de l’autoroute E313, le site de Skechers EDC a atteint aujourd’hui 200.000 m2 et procure de l’emploi à 1100 personnes. Une visite au pas de charge des installations demande de bonnes chaussures… mais ce n’est pas cela qui manque chez le géant américain.

Pas de crise de croissance

Link2Logistics Management : Où en est la croissance des activités de Skechers dans la région de Liège ?

Sophie Houtmeyers : Depuis 2014, Skechers a fortement élargi sa gamme tout en se repositionnant un peu plus haut en termes d’image. La qualité a fait un bond en avant et cela a payé puisque les ventes ont progressé de 20 à 30 %. Il était impossible d’absorber cette augmentation sans automatiser nos opérations. Nous avons ensuite réalisé un nouveau gros investissement en 2018/2019 puis est arrivé le coronavirus qui ne nous a pas empêché de connaître une nouvelle croissance de 20 %.

L2LM : Quel a été l’impact de la crise sanitaire ?

Houtmeyers : Elle a renforcé des tendances qui étaient déjà à l’œuvre. Par exemple en matière d’automatisation. Avec l’augmentation des volumes en e-commerce, ce qui était encore gérable hier ne l’est plus aujourd’hui.

L2LM : Que représentent les volumes d’e-commerce aujourd’hui ?

Houtmeyers : On en est à 5 % mais la tendance est nettement à la hausse. Skechers continue d’ouvrir de nouveaux pays pour arriver assez rapidement à 10 à 20 % de nos activités en flux e-commerce.

L2LM : Comment avez-vous adapté votre stratégie en fonction du Brexit ?

Houtmeyers : Chez Skechers, l’anticipation est la règle. Cela fait donc un certain temps que nous avons ouvert un centre de distribution au Royaume-Uni, approvisionné en direct et autonome sur le plan opérationnel. En anticipant, nous avons eu le temps de trouver le bon deal avec le groupe Weerts.

L2LM : Les rapports entre Skechers EDC et Weerts sont de plus en plus étroits depuis deux ans…

Houtmeyers : Avec la branche immobilière, oui. Cela faisait quelques années que j’avais des projets avec Yves Weerts. Quand il a acheté le site de Colgate, les choses se sont accélérées. Nous disposions déjà de 130.000 m2 loués à Prologis sur notre site historique, mais nous avons pu louer 70.000 m2 supplémentaires à quelques centaines de mètres. Cela me convient bien parce que je privilégie des sites proches les uns des autres. Il fallait juste convaincre la maison-mère d’investir pour sécuriser une surface suffisante pour nos besoins futurs.

Sophie Houtmeyers

Un gros besoin de flexibilité

L2LM : Il n’y a donc pas de personnel de Weerts Supply Chain occupé sur ce nouveau site…

Houtmeyers : Non, mais cela pourrait arriver en cas de pic d’activité.

Quel impact la crise de la navigation maritime a-t-elle sur vos activités ?

Houtmeyers : Tout est retardé. Ce n’est pas un problème de production mais bien de places sur les bateaux et de conteneurs disponibles. Dans notre cas, un conteneur met 12 semaines en transit et reste en moyenne quatre semaines sur place mais les perturbations de la supply chain mondiale sont d’une telle ampleur que je pense qu’il faudra deux ans avant que tout ne revienne à la normale.

L2LM : Que faites-vous en attendant ?

Houtmeyers : Nous devons nous montrer encore plus flexibles sur le terrain : au lieu de 6 à 7 semaines en temps normal, les marchandises ne restent dans l’entrepôt que quatre ou cinq jours. C’est un sacré défi en termes de flexibilité.

Vers un deuxième mandat ?

L2LM : Venons-en à votre responsabilité de présidente de Logistics in Wallonia. Comment en êtes-vous arrivé à l’accepter ?

Houtmeyers : Je travaille en Wallonie depuis 2002 et j’ai toujours fait la promotion de la région dans le monde logistique. Cela a été assez informel au début et c’est devenu plus officiel au travers de mon rôle chez Logistics in Wallonia. Avec le temps, c’est aussi devenu une passion et cela ne me dérangerait pas de prolonger pour trois ans.

L2LM : Quel bilan tirez-vous de votre premier terme ?

Houtmeyers : Avec aujourd’hui plus de 450 membres, Logistics in Wallonia continue à progresser. Tous ces contacts sont aussi enrichissants pour mon rôle chez Skechers. Il y a aussi une composante politique que je trouvais un peu lourde au départ mais j’ai beaucoup travaillé pour rapprocher les six Pôles de Compétitivité wallons. Ils ont maintenant une stratégie commune et un message plus fort vis-à-vis du gouvernement régional. Cela rend les Pôles moins sensibles aux pressions directes. Ce travail n’est cependant pas terminé. Je voudrais aussi continuer à ouvrir les esprits sur la logistique en Wallonie. Il y a encore tant d’opportunités pour des investisseurs étrangers ici, et pas seulement pour des sociétés chinoises.

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