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[INTERVIEW] Withofs Bulk Logistics: double ou quitte

2022 a été une année bien remplie pour Withofs Bulk Logistics : un nouveau directeur général a pris ses fonctions et l’entreprise a inauguré un nouveau siège social flambant neuf. L’occasion rêvée pour faire le point avec le propriétaire Gino Withofs et le nouveau MD Marc Koenders…

Withofs Bulk Logistics dispose enfin de locaux en phase avec l’époque. Gino Withofs peut maintenant s’y reposer, pour la gestion quotidienne, sur Marc Koenders. Ce Néerlandais bon teint, dont le CV présente notamment des références sérieuses chez H&S Transport et Nouwens Transport, occupe maintenant la place dévolue avant le 1er mai à Theo Dexters.

Pas de filiale à l’est

Truck & Business : Quelle est la différence entre la mission confiée à Theo Dexters et celle de Marc Koenders ?
Gino Withofs : La mission de Theo Dexters, à durée déterminée, était de préparer Withofs Bulk Logistics à une nouvelle phase de croissance. La structure de base est maintenant en place et avec Marc, nous pouvons maintenant aller plus loin.

T&B : Cette croissance est-elle une absolue nécessité ?
G. Withofs : Oui. Il y a encore de la place pour les petites structures mais nous sommes soit trop grands soit trop petits. Je voudrais faire grandir l’entreprise jusqu’à 100 camions, pour continuer à garantir la qualité que nous fournissons aujourd’hui à nos clients, tout en restant en ordre par rapport à toutes les nouvelles règlementations. A l’époque de mon père, il fallait juste travailler dur. Aujourd‘hui, travailler dur n’est plus une garantie.

T&B : Quel est votre premier bilan du Mobility Package ?
G. Withofs : Nous n’avons jamais eu de propre filiale parce que nous étions trop petits pour nous lancer dans une telle aventure. Nous utilisons des sous-traitants étrangers, mais il y a beaucoup de mouvements. L’obligation de retour du véhicule les force à trouver des solutions. Les flottes de 100 camions peuvent s’adapter, mais pour une entreprise qui a moins de cinq camions ce n’est pas possible. Il y en a donc qui abandonnent… ou qui viennent ici pour rouler avec des plaques belges. Nous avons aussi des chauffeurs bulgares, roumains ou lituaniens qui viennent solliciter en Belgique. Et puisque nous ne trouvons plus facilement des chauffeurs belges, nous sommes bien obligés de regarder vers d’autres nationalités. Tant qu’ils travaillent correctement…

T&B : La question de la langue pèse moins lourd qu’avant ?
G. Withofs : Oui. Il y a dix ans, des sites chimiques ne voulaient que des chauffeurs francophones ou néerlandophones, mais on n’en trouve plus donc eux aussi doivent plier. Même aux Pays-Bas les choses sont en train de changer.

Prudence pour 2023

T&B : Travaillez-vous actuellement à des tarifs normaux ?
G. Withofs : Depuis deux ans, je peux demander un prix juste en fonction de la qualité de service que nous garantissons aux clients. Aujourd’hui, nous devons être prudents. Certains clients ne peuvent tout simplement pas payer davantage et c’est parfois une question de survie.

T&B : Y a-t-il déjà un ralentissement de l’industrie chimique ?
G. Withofs : Pour l’instant nous ne remarquons pas encore grand-chose mais les prévisions pour 2023 sont très prudentes, voire négatives. Par contre, il y a aussi de nouveaux projets qui naissent, notamment dans la nouvelle tendance aux circuits courts. En fait, je pense que tout ce que nous avons vécu ces dernières années est un catalyseur vers une économie plus durable.

T&B : En parlant de durabilité, quelles solutions ont votre préférence ?
G. Withofs : Nous avons été un des pionniers des camions dual fuel, mais je suis finalement bien content de ne pas avoir suivi la voie du LNG. La solution la plus évidente pour nous est le HVO, et nous avons un client qui paie pour. Aujourd’hui, les camions électriques ne sont pas encore assez mûrs pour nous, qui roulons à 44 tonnes et avons besoin de 1000 kilomètres d’autonomie. C’est aussi une question de stations de recharge en nombre suffisant. Attention : si nous roulions chaque jour vers Munich, nous pourrions rapidement trouver des solutions mais notre travail est trop diversifié. Laissons donc les camions électriques faire leurs preuves dans la distribution, où ils pourront plus rapidement obtenir des résultats.

T&B : Vos clients vous mettent-ils sous pression pour décarboner votre flotte ?
G. Withofs : Pas encore, et pour la simple et bonne raison qu’ils produisent des matières premières et que l’impact CO2 de leur logistique ne représente presque rien par rapport à celui de la production. C’est tout à fait différent que de travailler pour IKEA par exemple.

En attendant l’eCMR…

T&B : Vous avez inauguré un nouveau siège central, mais entre la décision de le construire et l’inauguration, il y a eu le Covid…
G. Withofs : La décision date de 2018. Quand le Covid est arrivé et que tout le monde a dû travailler de chez lui, on s’est rendu compte qu’il ne fallait finalement pas grand-chose pour travailler efficacement à distance. Cela a accéléré notre virage digital, et cette digitalisation nous offre aujourd’hui des opportunités. La prochaine étape sera d’établir des API avec les clients. Nous sommes prêts à utiliser l’eCMR, mais nous ne pouvons malheureusement l’utiliser qu’en Belgique. Si on veut l’utiliser vers l’étranger, on risque une amende !

T&B : Les clients sont demandeurs ?
G. Withofs : Ils sont prêts à nous suivre en tout cas. Ce qui est dommage, c’est que nous étions en avance en Belgique il y a quelques années et que maintenant on est en retard.

T&B : Finalement, à quoi rêveriez-vous que votre entreprise ressemble dans cinq ans ?
G. Withofs : L’idéal serait de parvenir à un chiffre d’affaires de 16 à 18 millions d’euros et à 100 véhicules. De manière contrôlée, nous reprendrons progressivement à notre compte une partie des flux que nous confions à des sous-traitants. Avec le temps, la différence de prix de revient deviendra trop ténue pour que nous prenions le risque de ne pas conserver le contrôle.

Les piliers de la croissance

Sur quels piliers allez-vous baser la croissance de l’entreprise ?
Marc Koenders : La vision ne changera pas : une entreprise tournée vers le client, avec une approche personnelle et une excellente qualité de service. Maintenant, nous devons faire en sorte que l’entreprise s’adapte rapidement à de nouveaux développements. Cela signifie un contrôle très fréquent des données financières, une application rapide du Big Data qui donne déjà des résultats surprenants sur l’analyse des trajets et une culture d’entreprise où chacun est responsabilisé mais doit aussi oser dire les choses à ses collègues. De notre côté, nous jouons la carte de la transparence totale : la porte est toujours ouverte…

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