Un grand bol d’hydrogène Pour une fois, je ne consacrerai pas cet éditorial à une tendance économique ou un problème politique, mais bien au matériel de transport. Depuis dix ans environ, la chasse aux émissions de CO2 occupe les entreprises de transport. Pas assez fort, disent certains, qui pensent qu’il suffit de décider de transférer des marchandises sur le rail pour sauver la planète. Jusqu’à récemment, la seule chose que les constructeurs de poids lourds proposaient à leurs clients pour réduire leurs émissions de C02 étaient des moteurs diesel à la consommation réduite. Un pour cent par ci, deux par là… le progrès n’est pas assez rapide pour atteindre les objectifs de Paris. En 2019, en Europe, il y a deux camps : les partisans du gaz naturel et les branchés de l’électricité. Les uns proposent aujourd’hui une solution techniquement validée pour les moyennes et longues distances, les autres promettent des lendemains qui chantent en ville.
« Qui sera le premier constructeur européen à s’engager dans la voie de l’hydrogène ? Les années qui viennent vont être passionnantes ! »
Aucun constructeur n’a eu les moyens et les ressources pour développer toutes les alternatives, mais tous savent qu’au bout du chemin, c’est l’hydrogène qui mettra tout le monde d’accord. On peut comprendre qu’au sein de Traton, Scania jour la carte du gaz et MAN la carte de l’électricité, ou que Volvo Trucks et Renault Trucks ne partagent pas leurs recettes alternatives. En attendant, un groupe mondial comme Daimler n’a strictement aucune propulsion alternative à offrir en Europe à court ou moyen terme pour un client qui effectue 800 kilomètres par jour. C’est pour cela que l’irruption dans le paysage de nouveaux concurrents comme Hyundai (en Suisse) ou Nikola (en Europe dès 2023 s’il tient ses promesses) est une bonne chose : il va obliger les sept constructeurs européens à jouer cartes sur table assez rapidement. Je serais étonné de devoir attendre le prochain salon IAA de 2020 sans annonce majeure d’un des ‘sept’ dans le domaine de l’hydrogène. Sera-ce DAF (Paccar collabore avec Toyota dans ce domaine aux Etats-Unis), Iveco (sa maison-mère développe une chaîne cinématique complète, présentée à l’IAA 2018) ou un autre constructeur ? Sur le plan de l’image, ce dossier pourrait bien fournir un ‘first-mover advantage’ (un avantage au premier qui bouge). Les années qui viennent vont être passionnantes ! Claude Yvens, Rédacteur en Chef.