Charge inductive sans contact : Bientôt la norme ?

Dans le monde de la logistique, il faut explorer tous azimuts si l’on veut continuer à augmenter l’efficacité. Dans cette course, l’automatisation et la rationalisation jouent un rôle clé, entre autres grâce à l’optimisation de l’utilisation des forces vives et des machines. Mais la recharge sans contact des AGV et autres équipements d’entrepôt pourrait aussi constituer une aide précieuse.

La charge inductive est de plus en plus courante pour les smartphones : vous placez votre appareil sur un socle de charge sur votre bureau ou dans votre voiture, et il se recharge automatiquement. Ce qui pour le particulier ne s’apparente qu’à un gadget de confort pourrait cependant signifier des gains d’efficacité dans un contexte logistique. C’est en tout cas le point de vue des fabricants de systèmes de recharge sans contact à haute puissance pour équipements d’entrepôt, comme le belge In2Power, qui propose un dispositif de recharge par induction de 250 W spécifiquement développé pour les drones, mais aussi des systèmes extrêmement puissants avec une capacité allant jusqu’à 48 kW. Forte de 30 ans d’expérience, l’entreprise est pionnière dans la charge inductive à haute puissance et a livré plus de 3500 applications de recharge sans fil. L’allemand Wiferion, qui a reçu un IFOY Award pour sa technologie et la distinction ‘Best Product’ au salon LogiMAT propose également des systèmes similaires. Un autre fournisseur allemand de systèmes de charge inductive à haute puissance (jusqu’à 30 kW) est Delta Energy Systems. Il en existe évidemment beaucoup d’autres, mais ils se limitent généralement à des puissances moindres.

Mais comment cela fonctionne-t-il ? Pour faire simple, la charge inductive consiste à charger la batterie d’un appareil sans utiliser de câble entre la source d’alimentation et l’accu. La charge s’effectue au moyen d’une bobine d’induction dans le bloc de charge, qui convertit le courant en un champ magnétique avec une certaine résonance. L’appareil à charger contient également une bobine d’induction qui à son tour convertit ce champ magnétique fluctuant en courant qui charge la batterie. Ce transfert n’a pas une efficacité totale, mais le rendement atteint tout de même 90 à 95 %.

Quel intérêt ?

La technologie est intéressante, mais à quoi sert-elle ? A première vue, elle améliore principalement le confort, mais dans un contexte logistique, elle peut augmenter l’efficacité ou réduire les coûts. Vu qu’aucun câble ne doit être branché, on optera plus souvent pour une charge momentanée, avec à la clé une moindre immobilisation des appareils et donc un gain d’efficacité. Notons que la brièveté et la forte puissance des charges rendent les systèmes à induction parfaitement compatibles avec les batteries au lithium.

De plus, il n’y a pas de connecteurs pouvant s’user entre le câble et l’appareil, ce qui réduit la maintenance. Ajoutons que les systèmes sont étanches à l’eau et à la poussière. Ils peuvent donc être utilisés dans des environnements industriels et des applications extérieures. Par ailleurs, en l’absence de branchement physique, les étincelles sont exclues, un avantage non négligeable dans les entrepôts contenant des produits inflammables. Enfin, la consommation électrique est davantage répartie tout au long de la journée, plutôt que d’être concentrée à la fin d’un shift. Cela peut être intéressant en combinaison avec des sources d’énergie renouvelables telles que les panneaux solaires.

Que des avantages ?

Le nombre d’applications est encore limité pour le moment, explique Jan Stevens, PDG du constructeur de machines AVT Europe qui propose le système EtaLink de Wiferion sur ses appareils fabriqués sur mesure. « Il y a deux ans, nous avons lancé un projet test dans notre propre atelier. Cela s’est tellement bien passé que nous avons également présenté cette solution aux clients. Nous l’incluons également d’office dans les devis, car beaucoup de gens ne la connaissent pas encore, même si nous constatons que la demande augmente. »

Bien sûr, la technologie a aussi un prix. « Tout dépend de la capacité de charge souhaitée. Pour une capacité de 3 kW, j’estime le surcoût à environ 2500 €. Cela me semble raisonnable, d’autant que vous pouvez le combiner avec des batteries au lithium de plus petite capacité, que vous chargerez plus souvent et qui donc dureront plus longtemps. Bref, vous gagnez du temps », ajoute Jan Stevens.

Les producteurs affirment que ce coût supplémentaire peut être récupéré car l’appareil et éventuellement la main-d’œuvre peuvent être utilisés plus efficacement, ce qui signifie que la flotte peut également être plus réduite. L’augmentation de l’efficacité peut aller jusqu’à 30 % par rapport aux applications filaires avec des batteries au plomb. Comparativement à l’échange de batteries, le gain d’efficacité est moindre, encore que ce procédé  implique beaucoup de manutention. Une étude de ROI est donc importante lorsqu’on envisage d’opter ou non pour un système de charge inductive.

La technologie de recharge du futur ?

In2Power estime que le marché des systèmes de charge inductive va croître. L’entreprise prévoit d’ailleurs de doubler son chiffre d’affaires de cette année par rapport à 2020. En outre, la société pense que davantage de partenariats seront créés dans les années à venir avec les fournisseurs de batteries, offrant au client un choix de ‘one stop shop’ pour les AGV, AMR et autres navettes d’entrepôts.

Selon une enquête LinkedIn d’AGV Network, la recharge par induction est l’une des technologies les plus prometteuses pour devenir la norme sur les véhicules à guidage automatique (AGV) d’ici 5 ans. Certes, l’enquête n’a porté que sur un peu plus de 190 répondants, mais 42 % d’entre eux ont choisi la recharge par induction. En attendant, les premiers signes en direction d’une standardisation se font jour (voir encadré). Une évolution à surveiller donc.

lisez aussi

Événements à venir

VOUS NE RECEVEZ PAS ENCORE NOTRE NEWSLETTER HEBDOMADAIRE? ALORS INSCRIVEZ-VOUS DÉS MAINTENANT!

  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.
transport media logo