Pénurie de chauffeurs : Les recettes qui marchent

La pénurie de chauffeurs touche toute l’Europe, même si ce n’est pas dans les mêmes proportions partout. L’IRU organisait le 1er décembre un séminaire qui réunissait notamment quatre transporteurs bien connus. Ils ont tous leur recette, mais certaines tendances se dégagent quand même.

Cela fait des années que l’IRU pointe le risque d’une pénurie de chauffeurs routiers, et rien ne semble pour l’instant l’empêcher de s’aggraver. Le dernier remède imaginé est une charte écrite par les organisations représentatives des chargeurs, des transporteurs et les syndicats autour du ‘service minimum’ auquel les chauffeurs ont droit (accès aux sanitaires p.ex.) pendant leur travail. D’autres chantiers visent à augmenter la capacité des parkings pour poids lourds, mais on reste là dans le domaine général. Chaque entreprise, en fonction de sa situation particulière, conserve la responsabilité d’attirer (et de conserver) un maximum de chauffeurs. Voici quatre exemples concrets…

Neringa Jasiulionienė, Directeur de la division FVL (Finished vehicles Logistics) chez Manvesta Logistics – Lituanie

« Nous sentons la pénurie de chauffeurs comme tout le monde, mais je pense que nous avions bien anticipé le problème. Il y a des points sur lesquels nous ne pouvons pas agir, et c’est une raison de plus pour agir là où nous pouvons avoir un impact. Notre flotte continue de grandir, et nous avons donc besoin de plus de chauffeurs. Il y a plusieurs années, nous avons donc lancé un plan d’action axé sur la formation de jeunes chauffeurs et de personnes sans emploi. Nous nous assurons qu’ils ont bien les qualifications et les savoir-faire nécessaires pour le job. L’autre axe de notre action est lié à l’environnement dans lequel nos chauffeurs travaillent. Nous pouvons essayer de le rendre aussi confortable que possible, et c’est dans ce contexte que nous avons signé la charte de l’IRU. »

Andrea Condotto, Gruber Logistics – Italie

« Entre 2020, où nous avons perdu 4 % de chiffre d’affaires et 2021, où nous connaissons une très forte croissance, nous avons dû complètement revoir notre gestion des transports. Nous avions déjà notre propre Académie, mais nous avons encore plus accentué nos efforts pour accompagner le développement de chaque chauffeur individuellement. Chaque chauffeur est maintenant suivi via un dossier digital complet qui reprend tous les modules qu’il a suivis et les tests qu’il a réussis. Ces efforts, avec d’autres, ont été reconnu par Forbes qui nous a attribué le label d’employeur attractif dans la catégorie ‘services’. »

Shane Fitzgerald, Nolan Transport – Irlande

“Honnêtement, nous ne souffrons pas de pénurie de chauffeurs. Il y a cinq ans, nous avons complètement revu notre politique HR, en nous concentrant d’abord sur la rétention du personnel. A l’époque, nous perdions trop de chauffeurs âgés de plus de 55 ans. C’était surtout une question de style de vie. Nous avons mis sur pied une politique de santé au travail, en accompagnant chaque chauffeur individuellement sur des questions de santé, de consommation d’alcool etc… En quelques années, nous avons pu augmenter le ‘cycle de vie’ d’un chauffeur de 6 à 7 ans. Pour cela, il a aussi fallu investir dans de nouveaux dépôts pour mieux recevoir les chauffeurs en Angleterre et sur le continent européen et aussi former les planificateurs pour qu’ils tiennent mieux compte de l’accès à des parkings sécurisés pour les chauffeurs. Récemment, nous avons aussi lancé un nouveau programme de formation de jeunes chauffeurs : sur les six chauffeurs qui ont été engagés, quatre sont des femmes… »

Et le salaire ?

Etonnés de voir qu’aucun de ces transporteurs ne parle de conditions salariales, nous leur avons demandé si le sujet était tabou… « Non, répond Neringa Jasiulionienė, nous savons qu’il faut offrir un bon salaire quand les conditions de travail ne sont pas faciles ou, comme dans le cas du transport de véhicules finis, le chauffeur a de grosses responsabilités. Le salaire est important pour attirer les jeunes, mais par la suite cela ne suffit plus. C’est alors à nous de leur donner des formations et des possibilités d’évolution dans la société. » Le son de cloche est un peu différent chez Gruber Logistics : « Pour moi, le salaire est surtout important en fin de carrière. Aujourd’hui, pour attirer des jeunes vers le métier, il faut montrer que l’entreprise est engagée dans la voie de la durabilité. Les jeunes d’aujourd’hui ont une vue bien plus holistique qu’avant. Ils veulent faire partie de la solution, pas du problème. » Comme quoi, entre la vieille Europe et les pays d’Europe centrale, les attentes ne sont pas les mêmes, fût-ce sur le plan salarial…

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