C’est DAF Trucks qui a le mieux tiré son épingle du jeu au terme d’une année 2022 où le marché a encore été largement perturbé par les difficultés d’approvisionnement des usines. La fin de l’année n’a par exemple pas permis aux deux marques de Traton de rattraper le retard pris au premier semestre.

A la crise des semi-conducteurs (à présent terminée) a succédé une autre crise de la supply chain, qui a frappé les constructeurs de manière très différente selon qu’ils dépendaient ou non de fournissuers russes et/ou ukrainiens. Et on ne parle même pas de l’augmentation faramineuse du prix de certaines matières premières ou de l’énergie, qui a déjà provoqué une hausse inédite du prix des poids lourds neufs.

Premier constat : les constructeurs ont clairement priorisé la production de leurs modèles lourds par rapports aux modèles de gammes intermédiaires. C’est ainsi que les immatriculations de tracteurs ont progressé de 22.75 %, restant tout de même à un bon milier d’unités des années record de 2018 et 2019. Les porteurs lourds reculent légèrement (-5.35 %), mais plus on descend en gamme, plus le recul est marqué, avec en point d’orgue les -31.63 % des porteurs entre 3.5 et 6 tonnes.

Dans ce contexte, il était donc logique que les constructeurs qui dépendent largement des ventes de tracteurs s’en sortent le mieux. C’est le cas, puisque DAF, avec 1501 tracteurs immatriculés, égale presque son record de 2018 et atteint une part de marché de 28.62 %. Son grand rival Volvo Trucks, tout en ayant progressé de 199 unités, lui cède donc la première place en tracteurs en ayant un peu perdu de parts de marché. Le constructeur suédois s’empare par contre de la première place du podium en porteurs en gagnant plus de 7 % de parts de marché. Au classement général, c’est cependant DAF qui devance Volvo Trucks d’une courte tête (46 unités).

Les deux marques du groupe Traton, malgré un joli rush de dernière minute, n’ont pas réussi à renverser un tendance à la baisse qui s’est manifestée dès le début de la guerre en Ukraine. Scania avait même clos ses carnets de commande pendant plusieurs semaines pour éviter que les délais de livraison n’explosent encore plus. Au terme de l’année 2022, les deux marques ont perdu environ 580 unités et 8 points de parts de marché. MAN, qui était leader du marché en 2021, retombe donc à la quatrième place du classement général, ayant notamment perdu beaucoup de terrain sur Volvo Trucks en porteurs multi-essieux.

Mercedes-Benz a connu une année moyenne : en nombre d’unités vendues, la marque à l’étoile fait aussi bien qu’en 2021 mais elle n’a pas profité du boom du marché des tracteurs et la légère progression de ses parts de marché en porteurs a été réalisée sur un marche en baisse globale.

Renault Trucks semble avoir bien géré les crises d’approvisionnement, tout comme son cousin suédois Volvo Trucks. La marque française gagne entre 1.5 et 2 points de parts de marché selon le segment. Quant à Iveco, il s’en est fallu de peu que la marque italienne ne se fasse dépasser par Ford Trucks en tracteurs. les deux derniers mois ont tout juste permis de repasser devant cet encombrant challenger, qui a réussi en 2022 à atteindre l’objectif de 5 % de parts de marché qui lui avait été fixé pour 2024. Les Turcs livraient visiblement plus vite que leur ombre et ont ainsi pu mettre un pied dans de nombreuses flottes.