HJF Transports : Chi va piano, va sano

Le transport, c’est une affaire de famille chez les Fossoul. Le grand-père y était déjà actif et HJF Transports est aujourd’hui une entreprise où le papa roule toujours et où les deux frères Antoine et Adrien font avancer les choses sainement et sans précipitation.

Quand on demandait à Jean Vincent, transporteur emblématique dans la région liégeoise, quelles sociétés il suivait à intérêt, il citait HJF Transports. C’était il y a quelques années et, depuis lors, la société de Villers-le-Bouillet a continué à progresser.

Truck & Business : Cela vous fait plaisir de savoir que Jean Vincent vous considérait comme une entreprise à suivre ?
Antoine Fossoul : Bien sûr ! Vincent Logistics a toujours été pour nous un modèle en termes d’organisation.

Trois générations de transporteurs

T&B : Le transport, c’est une affaire de famille chez Fossoul…
An. Fossoul : Notre grand-père Joseph a créé sa première société en 1966 avec un vieux Scania 36. Notre père Henri a fait de même en 1986 en créant HJF Transports.

T&B : Quelle était l’envergure de HJF avant que vous ne commenciez à y travailler ?
An. Fossoul : Il y avait une quinzaine de véhicules, puis on en a perdu un peu en 2008/2009. Mon frère et moi sommes arrivés dans l’entreprise en 2010 parce qu’on sentait qu’il y avait du potentiel à développer. Nous avons repris Deltax de Huy, qui avait six véhicules. C’est comme cela que nous avons commencé à grandir, mais sans jamais trop dépendre d’un seul client. Ensuite, en 2012, nous avons commencé à nous spécialiser vers les chariots embarqués. C’est une activité qui génère une meilleure valeur ajoutée.

T&B : A l’époque, HJF Transports n’avait pas encore emménagé dans ses locaux actuels ?
An. Fossoul : Non. Nous sommes arrivés à Villers-le-Bouillet en 2016 avec un premier bâtiment où nous pouvons faire du stockage avec un pont roulant. Nous y avons aussi installé notre atelier et un truck-wash. Il y a deux ans, nous avons pu acquérir un deuxième entrepôt racké. Cela nous permet de combiner le stockage et la livraison sur chantiers. Aujourd’hui, HJF Transports emploie une cinquantaine de personnes, mais nous voulons maîtriser cette croissance, sans jamais mettre en péril la qualité du service. Jusqu’à présent, cela a fonctionné même sans faire de véritable prospection !

T&B : Comment s’est passé 2023 ?
An. Fossoul : L’année dernière a surtout été compliquée à cause de l’augmentation du prix de revient. La plupart de nos clients l’ont compris et nous avons pu répercuter la hausse sur nos tarifs. La demande a commencé à baisser au premier trimestre 2023, juste au moment où nous subissions l’indexation des salaires. Certains clients ont compris la situation mais nous avons aussi été davantage mis en concurrence. Nous avons donc perdu un peu de marge bénéficiaire.
Le problème reste, encore et toujours, les transporteurs qui ne connaissent pas leur prix de revient. Mais depuis les vacances, je remarque que les tarifs ne baissent plus. C’est probablement dû à la pénurie de chauffeurs qui bloque les capacités de transport.

T&B : Et comment cela se passe-t-il au niveau des chauffeurs ?
An. Fossoul : Nous avons une population de chauffeurs stable. Il faut dire que nous les valorisons bien, que nous payons toutes les heures d’amplitude et que la nouvelle classification des fonctions n’a nui à personne. Nous avons même maintenu une prime qui existait déjà. Je pense que les chauffeurs se sentent bien chez nous, et nous conservons une grande proximité avec eux. Notre père roule toujours, et cela aide à renforcer le sentiment d’appartenance à la société.

T&B : Comment allez-vous faire face au défi de la digitalisation ?
An. Fossoul : Vivement la fin du CMR en papier ! Nous avons signé avec Dashdoc qui nous a proposé une solution open source assez adaptable et le 1er janvier 2024, nous passons à 100 % au CMR électronique. Cela nous offrira une plus grande précision et nous fera gagner du temps. Nous aurons aussi plus de preuves de livraison, ce qui n’est pas une sinécure quand vous travaillez souvent sur chantier et qu’il n’y a personne pour assurer la réception des marchandises. Dans ce cas-là, c’est une photo géolocalisée qui fera preuve de signature.

T&B : Et comment allez-vous décarboner vos opérations ?
An. Fossoul : Nous avons d’abord travaillé sur la réduction de la consommation. Nous avons acheté nos trois premiers camions LNG en 2018. Grâce aux primes de la Région Wallonne, le plan financier a tenu la route tant que le prix du gaz naturel est resté plus ou moins stable.
Sur le plan pratique, l’expérience est ultra positive. Les véhicules sont plus silencieux, ce qui est apprécié par les clients, et nous n’avons pas eu de mauvaise surprise quant à la consommation. Nous avons donc décidé d’en acheter trois autres, puis dix. Les derniers sont arrivés fin 2021, juste quand les prix ont explosé. Nous avons immobilisé certains véhicules, nous en avons revendu trois et nous avons dû louer des véhicules de remplacement à court terme. Heureusement, nous sommes revenus à une certaine parité avec le diesel aujourd’hui. Je ne regrette cependant pas l’expérience car elle nous a beaucoup appris, mais aujourd’hui nous commandons uniquement des camions diesel.

T&B : Comment envisagez-vous l’électrification ?
An. Fossoul : Nous n’y échapperons pas, mais il subsiste encore beaucoup de questions. Le point positif, c’est qu’avec le LNG nous avons appris à impliquer le client dans nos choix. Mais pourrons-nous faire installer des bornes chez lui ? Quelle visibilité avons-nous sur les prix de l’électricité ? De toutes façons, nous roulons en moyenne 450 km par jour, donc nous devons attendre encore un peu. Par contre, nos flux sont assez réguliers, donc plus faciles à électrifier.
En fait, nous voulons nous préparer au maximum à ce qui sera le plus grand bouleversement du secteur. C’est pourquoi nous avons fait réaliser un audit énergétique complet, notamment sur la disponibilité d’électricité dans notre zone industrielle où sont installées, par exemple, de nouvelles éoliennes. De notre côté, nous avons évidemment des panneaux solaires sur le toit.

T&B : Comment voyez-vous HJF Transports dans cinq ans ?
An. Fossoul : On ne veut pas avoir 150 camions. Pour notre type d’entreprise, l’avenir est à encore plus de spécialisation, donc nous réduirons un peu le volume des transports en charges complètes. Le but c’est de se concentrer sur la marge, pas sur le volume.

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