[PORTRAIT] Kristof Pattyn : « Un casse-tête pour réussir à tout prendre »

Cet article a été publié dans TRANSPORT Management 122

La semaine de travail de Kristof Pattyn commence généralement le samedi après-midi lorsqu’il part pour le Sud. Le transport de marchandises conditionnées et les déménagements privés sont les principales activités de ce chauffeur indépendant de Roulers.

« Au cours des premières années de ma carrière, j’étais employé par ma famille qui possédait une entreprise de transport. Mais très vite, j’ai découvert que je voulais suivre ma propre voie. Après cinq ans, j’ai tranché et opté pour un statut d’indépendant. Une décision que je ne regrette toujours pas aujourd’hui, 25 ans et huit camions usés plus tard », raconte Kristof Pattyn (54 ans) de Roulers. « Depuis le début, j’ai choisi de ne pas rechercher la croissance. Étant donné qu’il est de plus en plus difficile de trouver du personnel compétent aujourd’hui, je suis convaincu que j’ai fait le bon choix. »

Le transport frigorifique vers le sud de l’Europe de petites charges partielles constitue la spécialité de l’entreprise, avec une quinzaine de clients approvisionnés par tournée. « L’Italie et l’Espagne, y compris les îles espagnoles, représentent 95 % de mes missions de transport. Dans la plupart des cas, le trajet aller se fait avec des légumes, des fruits ou des plantes et le même type de marchandises est souvent chargé en retour. Habituellement, je peux charger directement chez les petits producteurs locaux. Là, les choses sont légèrement différentes de ce qui se passe dans les grandes entreprises où les gens travaillent avec des créneaux horaires et un peu plus de bureaucratie. Souvent, je retrouve les mêmes clients. Dès lors, un certain lien se crée et on apprend à se connaître personnellement. Un grand nombre d’entre eux ne vous considèrent pas comme un numéro et ils apprécient votre travail. »

De la vaisselle à la voiture

Pour l’Espagne, le déroulement est à peu près le même que pour l’Italie, mais un autre type de client s’y est ajouté : les Belges qui possèdent une seconde résidence sur les Costas ou ceux qui choisissent d’y entamer une nouvelle vie.

« Au début, il m’arrivait parfois de transporter le contenu d’une maison en Espagne, mais par le bouche-à-oreille, la demande a considérablement augmenté. Du contenu total d’une maison, voiture comprise, au simple vélo acheté ici pour aller rouler là-bas, vous n’imaginez pas tout ce que j’ai déjà pu transporter. »

Au cours de la semaine, les marchandises sont soit amenées au domicile de Kristof, soit récoltées par lui-même ou sa femme. Commence alors le puzzle pour pouvoir tout emporter. Samedi après-midi, Kristof part pour le Sud afin de pouvoir livrer les premiers clients lundi.

« Dans le passé, je roulais toujours avec un ensemble tracteur-semi, mais pour conduire dans les ruelles souvent trop étroites du Sud, j’ai acheté pour la première fois une remorque à essieux centraux, mais même dans ce cas, il n’est pas toujours simple d’accéder partout. Ceci dit, ce type de travail est très amusant et varié pour moi et en plus vous êtes toujours le bienvenu. Ok, c’est moins amusant quand il faut monter les escaliers avec une table lourde !

En cas de déménagements dans le sens inverse, vous pouvez toutefois être sûr que les douanes à la frontière espagnole/française effectueront un contrôle approfondi. Mais bon, c’est le job. Cependant, de nombreux clients privés ne sont pas conscients que les douanes peuvent procéder à des vérifications et sont parfois surpris lorsqu’ils voient que des boîtes ont été ouvertes. Mais une petite explication permet de résoudre rapidement ce problème. »

« Plutôt en régional ! »

« Le transport a considérablement changé au cours de ces 25 dernières années, avec en particulier un trafic qui a fortement augmenté. Personnellement, j’aurais beaucoup de mal à m’adapter si je devais conduire au niveau national : avant, il y avait une heure de pointe le matin et le soir, mais aujourd’hui, les embouteillages sont continus, surtout autour d’Anvers.

Je pense que je préfèrerais encore rouler en régional que d’avoir à partir tous les jours pour Anvers ou Bruxelles. A mes débuts, on croisait encore de nombreux chauffeurs belges dans le Sud mais maintenant, au-delà des 800 km, leur nombre diminue vite et les véhicules portent presque tous des plaques d’immatriculation d’Europe de l’Est. Cependant, j’ai la nette impression que cela change et que davantage d’entreprises employant des chauffeurs belges se mobilisent sur les longues distances. Je soupçonne que la fiabilité du service fourni n’y est pas étrangère. »

Les chauffeurs qui sillonnent certains pays toutes les semaines savent où ils peuvent bien manger ou où ils peuvent passer la nuit en toute sécurité. « J’essaie d’éviter autant que possible de passer la nuit sur autoroute, surtout en France à cause de l’insécurité et des nombreux vols qui s’y commettent. Récemment, j’ai été contraint de le faire parce que mon temps de conduite était écoulé. Le matin, malheureusement, j’ai dû constater qu’un de mes réservoirs diesel avait été vidé, heureusement de seulement 200 litres. Le chauffeur lituanien qui stationnait à côté de moi a eu moins de chance puisqu’on lui a volé plus de 1200 litres.

J’entends aussi régulièrement parler de véhicules qui sont presque complètement dépouillés de pièces. En tant que chauffeur ou entrepreneur, vous êtes démuni face à ce phénomène. Ca ne m’étonne pas que certains jettent l’éponge, mais c’est une réalité avec laquelle il faut apprendre à vivre en tant que chauffeur, n’est-ce pas ? Malgré cela, j’apprécie toujours mon métier et je ne voudrais pour rien au monde un boulot de 9 à 17 heures entre quatre murs », conclut Kristof, prêt à partir pour son Sud bien-aimé.

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Kristof Pattyn en quelques lignes

  • 54 ans
  • Habite à Roulers
  • Marié à Roos Claus
  • Indépendant depuis 1996
  • Spécialité : déménagement et transport frigorifique vers l’Italie et l’Espagne

 

 

Kristof part le samedi après-midi pour pouvoir livrer les premiers clients le lundi.

 

En parlant de chouette boulot…

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