Le président de Febiac Freddy De Mulder s’est adressé au monde politique mardi soir dans le cadre du Truck & Business Summit organisé conjointement par Transportmedia et la fédération belge de l’automobile. Axant son plaidoyer sur la transition énergétique du transport de marchandises, il en a appelé à une plus grande collaboration entre les niveaux de pouvoir et le secteur lui-même.

« La société exige que nous soyons plus verts, que nous n’émettions plus de gaz à effet de serre, que nous utilisions des matériaux durables, que nous soyons sûrs, que nous permettions une circulation fluide, mais aussi que les transporteurs routiers puissent opérer de manière rentable tout en étant compétitifs – ou plutôt en devenant plus compétitifs – par rapport aux entreprises étrangères dont la main-d’œuvre est souvent moins chère et la réglementation plus souple », a-t-il déclaré en guise d’introduction.

Freddy De Mulder a ensuite détaillé trois défis à relever :

1. Puisque l’Europe impose de fortes réduction des émissions de CO2 aux constructeurs (-45 % en 2030 et -90 % en 2040), les camions devront s’électrifier en grane partie même si l’Europe laisse la porte ouverte aux carburants neutres en carbone, qui pourraient encore être utilisés dans des moteurs thermiques mais dans des conditions strictes. Les gammes de camions électriques se développent mais l’écosystème autour du camion électrique doit se développer en même temps que lui. Or il manque encore de bornes de recharge dédiées avec d’énormes capacités. La Febiac demande donc à tous les niveaux politiques d’élaborer rapidement un plan directeur pour le déploiement et le financement d’un réseau de recharge spécifique aux camions au cours de la prochaine législature.
2. si un jour tous les camions étaient électriques, cela générerait une consommation supplémentaire d’électricité de 16 TeraWattheures, soit 20% de la consommation totale actuelle d’électricité en Belgique. Cette électricité doit bien sûr être à faible teneur en carbone, sinon nous ne faisons que déplacer le problème des émissions de CO2, et elle doit être disponible pour la recharge via un réseau dédié à haute puissance. Face à ce défi, il convient selon Freddy De Mulder de développer et de commercialiser des carburants à faible teneur en carbone et neutres sur le plan des émissions de carbone, qui seront particulièrement nécessaires dans les zones dépourvues d’électricité et pour les marchés de niche difficiles à électrifier.
3. Selon Febiac, la taxe kilométrique pour les camions a certes permis d’accélérer l’écologisation de la flotte de camions et d’augmenter fortement les recettes publiques mais pas de réduire la congestion routière. La fédération réitère sa demande d’étendre la tarification routière aux véhicules légers et de la rendre « intelligente » en différenciant les tarifs en fonction de l’heure et du lieu. Par ailleurs, Freddy De Mulder a suggéré d’utiliser la recette de ce prélèvement kilométrique pour construire le réseau de recharge des camions.