La confédération Transport & Logistics Belgium organisait hier soir son grand débat politique avec l’ensemble des grands partis (à l’exception du PS qui n’avait délégué personne). Trois thèmes étaient soumis aux représentants politiques : le diesel professionnel, la réduction des charges salariales et la taxe kilométrique.
En ce qui concerne le diesel professionnel, on a par exemple été surpris de voir Kris Verduyckt (Vooruit) se montrer plus ‘vert’ que Stijn Bex (Groen) et heureux d’entendre Marie Lecocq (Ecolo) être moins dogmatique que le ministre fédéral de la mobilité Georges Gilkinet. D’une manière générale, les principaux partis sont d’accord de supprimer un jour le système du diesel professionnel mais Vooruit (surtout) veut le faire plus vite et sans nécessairement tenir compte de la montée en puissance progressive des propulsions alternatives. Wim Verheyden (VB) a caressé les transporteurs dans le sens du poil en affirmant tout son soutien au diesel professionnel mais en attaquant surtout le ‘tout à l’électrique’, ce en quoi il s’oppose radicalement à Groen. PTB et PVDA veulent supprimer le diesel professionnel mais plafonner le prix du carburant pour tous, une proposition qui a beaucoup fait soutire dans la salle.
La question des charges salariales a un peu laissé tout le monde sur sa faim, chaque représentant politique restant bien dans la ligne habituelle de son parti. Le duo Robin Tonniau / (PVDA / PTB) a rappelé son soutien à un salaire minimum européen et à une hausse des salaires financée par des taxes sur les profits des grandes entreprises et par un impôt sur la fortune. Vooruit est un peu moins radical mais soutient le salaire minimum européen mais tous les autres partis sont d’accord pour soutenir la compétitivité des entreprises. Comment y arriver, par contre, risque de susciter des débats enflammés au sein des futurs gouvernements, si par exemple la NVA arrive au pouvoir avec des partis de centre-gauche. En ce qui concerne la défiscalisation des heures non productives, il semble par contre exister une fenêtre d’opportunité mais elle semble mince, plusieurs partis n’étant pas contre l’idée mais ne souhaitant pas l’appliquer uniquement à un seul secteur.
Enfin, le sujet de la taxe kilométrique a permis de voir émerger des ‘coalitions’ étonnantes : TLB demande à ce que la taxe kilométrique s’applique à tous les véhicules pour qu’elle devienne ‘intelligente’ et un véritable instrument de maîtrise de la mobilité et cette proposition recueille l’assentiment de Groen et Ecolo, mais ausis de Défi du côté francophone et de l’Open VLD côté néérlandophone. Ce qui semble maigre pour obtenir une majorité parlementaire… Ici aussi, on a eu droit à des propositions populistes de la part du VB (imposer une vignette à tous les automobilistes, alors que l’Europe ne le permet plus) et du PTB / PVDA.
D’une manière générale, il a juste manqué à ce débat une vision globale des choses. Chacun mettait l’accent sur des politiques régionales ou fédérales (rarement européennes) mais personne n’a osé évoquer la question de la répartition des compétences en matière de transport qui bloque énormément de dossiers au niveau belge. D’un sondage réalisé par le magazine Truck & Business (à paraître demain sur ce site), il apparaît pourtant qu’une majorité de transporteurs (flamands comme wallons) souhaiteraient refédéraliser certaines compétences. L’autre regret a bien sût trait à la non participation du PS qui, après avoir délégué au début similaire de Febiac et Transportmedia son… 21e candidat à Bruxelles, n’a tout simplement pas daigné venir rencontrer le monde du transport.
